vendredi, avril 19, 2024
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Derb Sultan mon amour

Derb Sultan mon amour




Casablanca est une ville où les classes sociales sont moins cloisonnées qu’ailleurs dans le pays, la culture de la ville est née de ce grand mélange, de ce grand écart entre ses quartiers. Je suis casaouia mais où est-ce que je me retrouve le plus ?





Le quartier Racine, c’est mon enfance, mais Derb Sultan c’est mon amour. J’ai vécu mon enfance au quartier Racine, dans la rue Michel Ange, un quartier calme, moderne, où habitent des petites familles modèles, où on oublie notre « darija », où on ne s’exprime qu’en français, où on ne connait presque pas ses voisins tellement l’indifférence est la règle. À partir de 20h00 plus une mouche n’y passe.
Ce quartier ne me ressemble pas. La chanceuse famille de mon père habitait à Derb Sultan. J’ai toujours envié mes cousins. À chaque fois qu’on leur rendait visite, c’était un grand jour pour moi. Je rencontrais mon sultan, mon héros, ce « derb » où je me sentais plus chez moi, en sécurité, où les «  Oulad Derb » prennent ma défense comme de vrais frères, où les voisins sont unis comme les membres d’une même famille, où tous partagent leurs peines et leurs joies, où les portes des maisons sont ouvertes, où je me sens partout chez moi.




Bent dderb
Quand une « hdia » passait, tout le monde la suivait et cela nous amusait beaucoup. Pendant ramadan, cette bonne ambiance était décuplée. Films d’action avant le « ftour », puis nuit blanche jusqu’au « shour ». Même les enfants avaient le droit de rester dans la rue. Les petites filles jouaient à l’élastique pendant que les garçons tapaient dans un ballon ou rivalisaient aux billes. La plupart de ces enfants vivaient dans des familles aux revenus plus que limités, pourtant, ils respiraient le bonheur.
À chaque fois que je visitais Derb Sultan, je faisais ce même constat. Peu importe finalement que mon « derb » soit moins coquet que le quartier Gauthier. Et bien qu’il soit moins sûr et sécurisé qu’hier, j’aime toujours mon sultan, je me sens chez moi dans toutes ses ruelles et rien de cela ne changera jamais.
Souha Ouassale.