mardi, avril 23, 2024
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Covid-19: Le Maroc “peut faire figure de modèle” pour de nombreux pays européens

Comptant cent fois moins de morts que l’Espagne, le Maroc a su réagir avec une grande précocité au Covid 19 tout en alimentant son marché en masques et en tests. Il peut faire figure de modèle pour de nombreux pays européens tandis que l’ampleur de son plan de soutien économique et social est sans équivalent en Afrique.




Le Maroc a-t-il tiré les leçons de la pandémie qui ravage l’Europe ? La question mérite d’être posée alors que plus d’un mois après l’apparition du premier cas de Covid 19 dans le Royaume – un Marocain qui revenait d’Italie, celui-ci n’enregistre encore qu’un millier de sujets contaminés et environ 90 morts.
Un contraste saisissant avec la situation qui prévaut chez le voisin espagnol où plus de 140.000 cas ont été détectés et où l’on compte près de 14.000 victimes (chiffres au 7 avril)…
Compte tenu du décalage, treize fois moins de cas
Bien sûr, il faut se garder des conclusions hâtives. Et en particulier tenir compte du décalage des deux pays en termes de contamination puisque plus d’un mois sépare le premier cas dépisté en Espagne (31 janvier) du premier cas marocain (2 mars) et que le dixième décès espagnol est intervenu 19 jours avant le dixième décès marocain.




Cet intervalle permet d’étalonner les données chiffrées pour les rendre immédiatement comparables. Or, même en usant de ce puissant correctif temporel, les 1100 cas du Maroc correspondent à près de 15.000 cas chez le voisin européen. Certains objecteront quand même que, dans ce cas d’espèce, comparaison n’est pas raison.
À commencer par le fait qu’un pays développé est infiniment plus ouvert qu’une nation émergente du Maghreb. De fait, l’an dernier, le trafic international de passagers aériens a atteint 22 millions au Maroc contre 190 millions en Espagne.
Mais cette ouverture n’influe en rien sur l’apparition et la propagation du virus. Au Maroc, les quinze premiers cas enregistrés concernent des voyageurs en provenance d’Espagne, de France ou d’Italie.




En Espagne, les premiers cas affectent également des touristes étrangers, principalement italiens, ou des rapatriés espagnols. Il y a bien aussi l’argument démographique. En termes de population, la différence n’est pas très forte (47 millions contre 35) et 100 victimes marocaines n’équivalent qu’à 135 victimes espagnoles.
En revanche, une différence importante rend la population espagnole plus vulnérable : la part des plus de 65 ans (dont on sait qu’ils constituent la grande majorité des victimes). Ils ne sont que 2,5 millions au Maroc mais 8,5 millions en Espagne.
La prudence s’impose donc. D’autant que l’ampleur de l’épidémie est comparable chez les voisins algérien et tunisien. Il n’en demeure pas moins que, nourries de l’expérience tragique des Européens, les autorités marocaines se sont montrées particulièrement réactives.




Réactivité maximale, équipement de protection intensif
Le 16 mars, écoles et universités ont été fermées, alors que le pays comptabilisait 37 cas de virus et un seul mort. L’Espagne avait pris la même décision une semaine auparavant, le pays comptant déjà plus de 1200 cas et trente morts ! Même chose pour le confinement général, décrété le 14 mars en Espagne alors que près de 6500 personnes étaient déjà atteintes.
Au Maroc, ce confinement est intervenu le 20 mars avec moins de 90 personnes contaminées… On comprend certes le souci des autorités marocaines de ne pas se retrouver submergées par les malades, le pays comptant trois fois moins de lits de soins intensifs que sa voisine du nord. Mais l’on se prépare à faire face : depuis le 23 mars, la Chine livre au Royaume chérifien du matériel médical pendant que les usines marocaines parviennent à produire deux millions de masques sanitaires par jour.




Depuis le 7 avril, le port du masque est d’ailleurs obligatoire pour toute personne autorisée à se déplacer et les industriels nationaux approvisionnent en masques les commerces de proximité à prix encadrés (8 centimes d’euros l’unité).
Enfin, une campagne massive de test va débuter dans quelques jours, notamment grâce à la récente livraison de 200.000 testeurs en provenance de Corée. Le souci de ne pas se laisser déborder explique l’encadrement extrême du pays en urgence sanitaire.
Après les crieurs de rues exhortant les gens à rester chez eux, les blindés de l’armée patrouillent dans les rues pour intimider les récalcitrants. Et les amendes pleuvent. L’avenir dira vite si ce volontarisme « musclé » s’est avéré payant pour limiter le développement de l’épidémie par comparaison avec la situation sanitaire des voisins maghrébins.




Un plan de soutien massif…
Mais ce qui fait avant tout la singularité – voire l’exemplarité – marocaine au Maghreb et dans toute l’Afrique, c’est l’ampleur des mesures de soutien mises en places pour limiter les conséquences économiques et sociales du Covid 19.
Par décision du roi Mohammed VI, dont le volontarisme en la matière a été unanimement souligné, un fonds spécial Covid 19 a été mis institué à la mi-mars. Alimenté par des dons de toutes les institutions publiques du pays ainsi que par les grandes entreprises privées, il a été déjà réuni, en ce début d’avril, 33 milliards de dirhams soit plus de 3 milliards d’euros, l’équivalent de 3% du PIB.




Ces sommes vont servir – à l’instar de ce qui se passe dans la plupart des pays européens – à financer la suspension des charges sociales pesant sur les entreprises et à accorder à celles-ci des lignes de crédits bancaires supplémentaires garantis par l’Etat.
Mais le Maroc va beaucoup plus loin. D’une part, les échéances de crédits bancaires aux particuliers dues jusqu’à la fin du mois de juin sont reportées sous formes d’allongement des durées de prêts (ce qui, notons-le, n’est pas le cas en France). D’autre part et surtout, tous les marocains affiliés à la sécurité sociale vont percevoir, jusqu’à la fin juin, 2000 dirhams par mois (190 €) équivalent à 75% du salaire minimum.




… concernant aussi le secteur informel
Enfin – et c’est la grande originalité du plan par rapport à ce qui se fait ailleurs en Afrique – l’immense secteur informel n’est pas oublié puisque, par simple identification par SMS, les millions de petits entrepreneurs affilés ou non-affiliés au système d’assistance médicale vont pouvoir bénéficier d’une aide mensuelle de subsistance d’au moins 800 dirhams (76 €), les 280 millions d’€ actuellement mobilisés permettant d’aider 3,7 millions de personnes.
Les prochaines semaines diront si le volontarisme sanitaire marocain a permis de préserver ce pays mieux que ces voisins africains.
Mais ce qui paraît d’ores et déjà évident, c’est que le royaume chérifien, du fait de l’ampleur de son plan de soutien, a toutes les chances de sortir de cette crise totalement inédite dans un état économique et social infiniment moins dégradé qu’ailleurs.




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