Difficile de concilier confinement et maintien de l’activité économique
La détection du coronavirus, hier, lundi 20 avril, à l’intérieur d’une usine industrielle opérant dans l’agroalimentaire, Margafrique, oblige les autorités à trouver des solutions urgentes. Il sera difficile de concilier confinement et maintien de l’activité économique comme si de rien n’était.
Un nouveau foyer de contamination par le coronavirus à Casablanca a été identifié dans une usine du quartier industriel de Aïn Sebaâ, Margafrique (une filiale du groupe El Eulj), spécialisée dans la production de fromages fondus, de margarines, de graisses alimentaires, de produits pour la pâtisserie, et dont les principales marques commercialisées sont La Prairie, Vital, La Hollandaise, Al Boustane, Mamati, etc.
Les dernières annonces du directeur de l’épidémiologie au ministère de la Santé, Mohamed El Youbi, lors du point de presse quotidien du ministère de la Santé, font état de l’apparition de foyers de contaminations au Covid-19 dans plusieurs lieux de travail. Près de 60 personnes ont ainsi été contaminées par le coronavirus dans un supermarché de Fès, le Carrefour Borj Fès, propriété du groupe Label’Vie, et 130 autres cas de contamination ont été enregistrés dans un usine de production de matériel médical et paramédical, Emo Clinic, dans un quartier de la zone industrielle de Aïn Sebaâ, dans la banlieue de Casablanca.
Les cas recensés dans ces premiers foyers de contamination, hors des domiciles particuliers, ont accéléré la vitesse de propagation du virus, sans aucune commune mesure avec le rythme observé depuis le début de l’épidémie. Si des foyers de contamination de ce type, qui pourraient ensuite devenir des cluster de propagation du coronavirus, et donc une succession d’autres foyers de contamination, venaient à se multiplier, cette situation pourrait installer un sentiment d’angoisse et de peur auprès de la population, tout particulièrement pour les employés des entreprises qui doivent continuent à travailler, en particulier celles qui exercent des activités jugées essentielles (industrie agroalimentaire, production de médicaments, grandes surfaces, etc.).
À Fès, comme à Casablanca, les autorités locales en sont conscientes, et au gouvernement, le vendredi 17 avril dernier, dans un communiqué, les ministères de l’Industrie, de la Santé et de l’Emploi ont conjointement appelé les dirigeants d’entreprises et d’unités industrielles à veiller au respect des mesures préventives prévues par les autorités sanitaires.
Trois jours plus tard, le directeur de l’épidémiologie au ministère de la Santé a annoncé, lundi 20 avril, la formation de trois nouveaux foyers de contamination en milieu professionnel, l’un à Casablanca (31 cas testés positifs), deux à Tanger (97 cas testés positifs), un à Larache (48 cas testés positfs) et un dernier foyer apparu à Oujda (6 cas testés positifs).
La détection. de ces nouveaux foyers de contamination soulèvent de nombreuses interrogations, sur le contrôle mené par les autorités pour le respect des mesures de prévention dans les lieux de travail. Dans un premier temps, cette mission avait été confiée à une commission mixte, composée de représentants des délégations de deux ministères (Industrie et Emploi). Suite à la mise en œuvre des mesures dictées par l’état d’urgence sanitaire, aux premiers membres de cette commission, des fonctionnaires du ministère de la Santé et du ministère de l’Intérieur ont ensuite été désignés pour en faire partie. Ces derniers jours, les membres de cette commission font le tour des usines, un peu partout au Maroc.
«Le contrôle se durcit. Les entreprises ont 24 heures pour s’adapter aux nouvelles règles sanitaires», confie ce membre d’une de ces commissions de contrôle, à l’échelle de la wilaya de Tanger-Tetouan-Al Hoceima. Le périmètre de contrôle couvre l’ensemble des unités de production, toutes tailles confondues. Hier, lundi 20 avril, la grande usine Renault, à Tanger a reçu la visite de la commission mixte qui, parfois, se voit accompagnée et présidée par le wali Mohamed Mhaidia.
Les inspecteurs passent au peigne fin les usines pour voir si elles respectent les mesures préventives décrétées par le gouvernement. Il s’agit notamment de s’assurer de la propreté des lieux et des outils de travail, de l’aération des espaces de travail, de la disponibilité des équipements et des produits de stérilisation, du port des masques de protection, etc. Autant ces mesures entraînent une augmentation des charges de fonctionnement (liées au surcoût à l’achat des équipements anti-Covid-19), autant elles provoquent une baisse de la productivité, due à la diminution des effectifs induits par les consignes de distanciation sociale.
«La réduction des effectifs en milieu industriel est la clef de voûte pour freiner la propagation du virus dans une usine», déclare cette source médicale. «Si les industriels n’adaptent pas des shifts de 3 x 8 heures, qui permettent le respect de la distanciation, les unités de production deviendront des clusters du Covid-19», insiste encore cette source.
Depuis la mise en œuvre de l’état d’urgence sanitaire, le Maroc a clairement cherché à concilier la mesure du confinement obligtoire et le nécessaire maintien de l’activité économique. Aucune entreprise n’a été forcée à cesser ses activités, du moment qu’elle respectait les règles de distanciation sociale et de sécurité de ses employés. Les foyers de contamination, récemment apparus dans plusieurs villes, risquent de mettre les décideurs politiques face à des choix difficiles, qui pourraient conduire à l’arrêt de certaines activités économiques.
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