La situation de pénurie hydrique au Maroc est alarmante
La situation de pénurie hydrique au royaume du Maroc est alarmante
Les indicateurs, les chiffres et les prévisions des instances compétentes sont dans le rouge. État des lieux et plan pour éviter la catastrophe.
Le royaume est le 23e État le plus menacé par les pénuries d’eau, selon le dernier rapport du World Resources Institute (WRI) qui a étudié la situation de 165 pays.
Dans le royaume, les régions du Sud, plus sèches, ne sont pas les plus à risque, mais d’autres zones du territoire, notamment les plus peuplées où l’agriculture est la plus développée, sont également aujourd’hui menacées.
Ce qui présente de sérieuses menaces pour les populations, résume le quotidien Al Massae dans un dossier spécial dédié à la problématique de l’eau dans son édition du week-end des 17 et 18 octobre. Cet état des lieux est également souligné dans le dernier rapport de l’Institut pour l’économie et la paix (IEP).
Il prédit des problèmes de pénurie d’eau et d’instabilité régionale au Maroc en 2040. Selon d’autres chiffres de la FAO (organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), la situation de pénurie hydrique au Maroc est alarmante. En fait, les ressources en eau sont actuellement évaluées à environ 500 m³/habitant/an, contre 2500 m³ en 1960.
C’est dire que la crise est aiguë. «Et pourtant, le sujet ne préoccupe personne, alors que cette situation aura des répercussions négatives sur le court, le moyen et le long termes», fait remarquer le quotidien.
«Les Marocains consomment plus que ce qui est disponible, atteignant les réserves stratégiques dans les nappes phréatiques».
C’est ce que constatent les sources du quotidien. Et les ressources se font de plus en plus rares. Le taux de remplissage du barrage d’Al Massira n’est qu’à 15%, le barrage Lalla Takerkoust est passé à 7%, composé de boue, et le barrage Abdelmoumen ne dispose que de 11%.
Ces eaux sont consommées par l’agriculture à hauteur de 80%, puis par les activités industrielles et les ménages.
C’est dire que si le ciel n’est pas clément cette année, une sérieuse crise pointe à l’horizon. Et par ailleurs, la sécurité alimentaire, la sécurité hydrique et la paix sociale seront menacées. Autant dire qu’il faut agir pour éviter ou atténuer la catastrophe.
Les causes ne sont pas uniquement climatiques
Le climat du Maroc subit des influences maritimes, montagneuses et sahariennes, donc tempéré au nord et tropical au sud. Cependant, c’est un pays à climat essentiellement semi-aride à aride sur la majeure partie de son territoire.
Mais les causes des risques de pénurie ne s’expliquent pas seulement par la situation géographique et le réchauffement climatique.
Ces facteurs seraient à l’origine d’une régression de 60% des réserves en eau. Par contre, la mauvaise gestion et les canalisations de distribution des eaux engloutissent environ 60%. Aujourd’hui, le système d’irrigation au goutte-à-goutte ne concerne que le tiers de la superficie irriguée.
D’où la nécessité de privilégier une agriculture efficace et moins gourmande en eau. Dans les villes, environ 50% des eaux partent en fumée à cause des fuites et du manque d’entretien des canalisations. De même, les touristes consomment entre deux à cinq fois ce que consomment les Marocains, selon des études citées par le quotidien.
De plus, les infrastructures touristiques ne sont pas dotées de stations de traitement des eaux usées. Environ 70% des 20% des réserves d’eau, provenant des pluies, de 144 barrages, sont réparties sur 27% du territoire national.
Dans les zones du sud, les ressources en eau sont évaluées à environ 150 m³/habitant/an, alors qu’elles sont de l’ordre de 2000 m³/habitant/an dans les régions du nord.
C’est dire, constate le quotidien, qu’il n’y a pas une répartition équitable de l’eau sur l’ensemble du territoire national. Alors que l’eau est indispensable à la vie humaine, à la sécurité alimentaire, à la nutrition, à la paix sociale et à la stabilité du pays. Un plan ambitieux et vital est mis sur les rails pour éviter la catastrophe.
Il s’agit du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, élaboré en exécution des orientations du roi Mohammed VI, rappelle le quotidien.
Ce Programme vise à renforcer le potentiel national et à porter le nombre des barrages à 179 avec la réalisation de 14, aujourd’hui en cours de construction, et 20 à l’horizon 2027.
Ce qui élèvera la capacité des réserves de 18 milliards de m³ à 27 milliards de m³.
Le renforcement de l’offre hydrique prévoit également la prospection des eaux souterraines pour la mobilisation de nouvelles ressources hydriques et le renforcement de l’alimentation en eau potable.
Il sera aussi procédé au renforcement de l’offre hydrique et à la diversification des sources d’alimentation à travers la réalisation de stations de dessalement d’eau de mer qui viendront s’ajouter à celles déjà existantes à Laâyoune, Boujdour, Tan-Tan, centre Akhfennir et les autres en cours de réalisation.
Notamment le projet de dessalement de l’eau de mer pour alimenter la ville d’Agadir en eau potable et le renforcement de l’irrigation à Chtouka.
À long terme, le Plan national de l’eau (PNE) 2020-2050 constitue un projet de feuille de route pour affronter les défis de l’eau au cours des 30 années à venir.
Le coût financier estimatif de ce plan, fruit d’efforts conjugués, dans le cadre d’une approche participative et d’un large processus consultatif, avoisine les 383 milliards de dirhams, dont une grande partie proviendra du soutien public, ce qui dénote l’importance que le royaume attache à ce grand chantier.