Le « Made in Morocco », entre ambitions et réalités
Le « Made in Morocco », entre ambitions et réalités
Le Made in Morocco n’est, certes, pas nouveau, mais la dynamique créée en pleine pandémie de la Covid-19 autour de ce concept en a fait une priorité nationale et une urgence même, dans le cadre du plan de relance économique.
Force est de reconnaître toutefois que dans l’esprit de beaucoup de Marocains, le produit industriel ou de consommation Made in Morocco n’était toujours pas synonyme de qualité et de fiabilité (Il y a quelques décennies, le produit chinois était similaire à un produit bon marché de bas de gamme.
Cette perception a totalement changé de nos jours). Le paradoxe est que les produits du terroir et les produits artisanaux de notre pays, ont toujours gardé une meilleure image et gagnent encore en notoriété et préférences.
Certes, l’on constate, depuis quelques années, que les Marocains ont commencé à prendre conscience que le produit fabriqué localement n’a rien à envier au produit venu d’ailleurs.
Il n’y a pas de doute que les nouveaux métiers mondiaux du Maroc y ont contribué. Quand on sait que des fuselages d’avions, des câbles, des pièces de réacteurs sont fabriqués au Maroc, ou que plus de 60% des composants d’une automobile sont fabriqués localement.
On se rend bien à l’évidence que notre pays peut fabriquer de bons produits. La question demeure si ceci peut s’appliquer à tous les produits que nous fabriquons.
Le «Made in Morocco», renvoie en réalité à deux concepts : D’un côté, un positionnement à l’export, donc une compétitivité qui se traduit par la capacité à vendre un produit qui supporte la comparaison en termes de qualité et de prix avec tout autre produit fabriqué ailleurs.
De l’autre côté, il renvoie à l’idée de préférence nationale ou au «consommer marocain». Or, pour consommer marocain, il faut en être convaincu pas en tant que marocain, mais en tant que consommateur.
Il est évident que la perception du consommateur est bien différente, puisque plusieurs éléments s’enchevêtrent : le prix, car on est en plein pouvoir d’achat, l’idée que l’on se fait de la qualité du produit par rapport à des produits concurrents venus d’ailleurs, la protection dont on bénéficie.
Par exemple le recours contre le vendeur ou le fabriquant, le service après-vente, l’information comme l’origine, la composition, la date de validité, etc.
Favoriser le «Made in Morocco» est donc une entreprise de longue haleine, dont la base est la construction d’une crédibilité du lieu de production, on est dans le terrain de la confiance. Dire made in Morocco c’est viser tout produit de quelque nature qu’il soit, dès lors qu’il est fabriqué au Maroc.
C’est donc tout le Maroc que l’on juge à travers ses produits, pas seulement les entreprises qui le fabriquent, mais aussi l’environnement général :
Un arsenal juridique et judiciaire qui rassure, notamment l’existence d’une normalisation pour les intervenants et un droit de la consommation aux standards internationaux qui garantisse au consommateur l’information, la traçabilité, la protection et le recours, une autorité de la concurrence qui fonctionne, un système de répression des fraudes et des contrefaçons.
Mais aussi des moyens pour appliquer la législation sur la liberté des prix, des normes et des moyens de sanctionner ceux qui ne les respectent pas, l’état général des routes, la chaîne de froid, etc.
En somme, que le consommateur sente que tout est mis en œuvre dans le pays pour le protéger et/ou le dédommager s’il était victime de fraude ou de tricherie.
La méfiance vis-à-vis d’un produit vient de cette absence d’assurance que s’il n’est pas conforme il lui sera très difficile, coûteux, ou lent de prouver et/ou d’obtenir réparation. Les systèmes d’assurance qualité et la mise en place d’une norme marocaine sont les garants, entre autres, du label «Made in Morocco».
Notre pays a fait des avancées notables dans ce domaine et la prise de conscience collective d’actionner ce levier est bien palpable. Sur Hautes Instructions Royales, le gouvernement et le patronat ont entrepris un chantier colossal pour rendre le Made in Morocco et la préférence nationale une réalité tangible.
Des projets d’envergure sont en marche. Nous en parlons dans cet article. Nos concitoyens pour leur part, ont bien fait la liaison entre consommer marocain, sauvegarder et créer des emplois, valoriser nos richesses et last but not least améliorer notre balance des paiements en ces temps de vaches maigres.
Il s’agira pour nos décideurs de ne pas en faire un sujet de campagne, mais un défi permanent à alimenter et à entretenir.
C’est pour mettre la lumière sur toutes les facettes de ce sujet d’actualité que nous mettons à votre disposition cet article qui, comme son titre l’indique, bascule entre ambitions et réalités, avec l’espoir qu’il donnera l’éclairage nécessaire sur cette question nos seulement vitale pour nos ambitions industrielles.
Mais aussi une composante incontournable du nouveau modèle de développement.