(Vidéo) Figuig: L’armée algérienne bloque l’accès aux marocains des palmeraies d’El Arja
(Vidéo) Figuig : L’armée algérienne bloque l’accès aux propriétaires marocains des palmeraies d’El Arja
Ce samedi, les habitants de Figuig dans le sud-est marocain ont manifesté contre la dépossession de terres qui menace 70 agriculteurs d’El Arja. Des hauts fonctionnaires algériens, dont des militaires, ont ordonné aux exploitants marocains de quitter définitivement la zone considérée sous souveraineté du pays voisin, au plus tard le 18 mars.
Femmes, hommes et enfants de Figuig et des zones avoisinantes ont pris part à une marche en protestation contre les pressions de cadres étatiques et militaires algériens.
Ces derniers ont sommé des propriétaires de champs de palmiers dattiers à El Arja de quitter leurs terres, sous le motif qu’elles relèvent du territoire de l’Algérie. Le rassemblement, qui a duré plusieurs heures, s’est tenu notamment devant la délégation de police à Figuig.
Si aucune solution n’est trouvée d’ici le 18 mars, ultimatum posé par l’Algérie, «les petits agriculteurs dépossédés de leurs bien devront laisser derrière eux plus de 10 000 palmiers dattiers très productifs, entre anciennes plantations remontant à 30 ans et de nouvelles, qui remontent à 2 ans», explique Mohamed Ammari, acteur associatif local qui suit la situation des familles concernées.
Des territoires cultivables qui se rétrécissent
Abdelmalek B. fait partie des propriétaires lésés. Il a devant lui quatre jours pour céder des biens où il a investi tout son argent. A lui seul, il possède au moins 1 500 palmiers dattiers à El Arja.
À la fin de la manifestation de ce samedi, Abdelmalek B. a confié son désarroi et son incompréhension face à une telle «manœuvre militaire», qui réduira une nouvelle fois les territoires oasiens de cette zone.
«Nous nous sommes rassemblés hier aussi et nous continuerons à sortir jusqu’au 18 mars, date à laquelle nous envisageons une marche jusqu’à El Arja, parallèlement à une grève générale à Figuig, pour laquelle tous les commerces et les services sont appelés à fermer ce jour-là», a-t-il déclaré.
«Cette journée sera décisive car cela fait 30 ans déjà que je travaille les champs en ma possession et comme les autres agriculteurs, je n’ai jamais été inquiété par les autorités, ni marocaines ni algériennes.
Je ne comprends pas pourquoi cela doit changer aujourd’hui, quelle que soit d’ailleurs la souveraineté du territoire.» a déclaré Abdelmalek B. «Nos grands-parents travaillaient déjà ces champs dans les années 1930 et la propriété du ksar à El Arja est bien documentée», a insisté Abdelmalek B.
Selon lui, malgré la fermeture des frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie au milieu des années 1990 qui a rendu parfois l’accès difficile, les armées des deux pays «ne posaient pas de lourdes contraintes aux propriétaires des terres situées dans cette zone, d’autant plus qu’il s’agit de tribus qui ont des liens de sang.
Ceci abstraction faite de la nationalité qui a été donnée plus tard aux uns et aux autres». Mais cette situation a désormais changé et les responsables militaires algériens à El Arja sont fermes, comme Abdelmalek B. raconte. «Nous nous sommes rendus sur les lieux à plusieurs reprises, ces derniers jours.
Nous avons échangé avec un général algérien pour aborder avec lui la possibilité de trouver une solution administrative avec ses homologues marocains et les exploitants des palmeraies. On a notamment abordé la possibilité d’instaurer des mesures flexibles spécifiquement liées à notre activité.
Il ne voulait rien savoir, nous a renvoyés vers nos responsables au Maroc et a exprimé sa détermination que s’il nous trouvait le 18 mars ici, les autorités algériennes se chargeront de notre arrestation et de notre emprisonnement.»
Des avis mitigés sur les issues possibles
Avec d’autres agriculteurs, notre interlocuteur nous indique s’être tourné vers les autorités locales de Figuig, mais sans résultat. «Nous avons montré au pacha de Figuig la vidéo où ces mots nous ont été dits.
Sous nos insistances pour essayer de comprendre ce qui se passait, le responsable a reconnu que les autorités marocaines seront les premières à nous empêcher le 18 mars de nous rendre une nouvelle fois sur nos terres d’El Arja». Sur place, l’armée algérienne serait d’ores et déjà en train de mettre en place son camp.
«Vu comment les choses nous sont présentées et vu aussi le manque de réactions politiques ou même médiatiques au Maroc face à ce qui se passe, nous soupçonnons qu’il y ait bien eu un accord consenti entre les deux parties», confie-t-il, non sans amertume.
Le désarroi est général au niveau des propriétaires et de leurs proches, car en plus de ceux qui ont consacré leur vie à entretenir et à fructifier leurs jnanes, nombre de fonctionnaires à la retraite ont choisi de se consacrer à la production de dattes à El Arja, selon Mohamed Ammari.
Il existe parmi eux également des Marocains du monde qui, à leur retraite, sont revenus travailler les terres fertiles léguées par leurs aïeux. Mohamed Ammari souhaite cependant garder espoir en une solution favorable aux différentes parties.
Il rappelle qu’El Arja est «l’un des points les plus importants dans la culture de dattes dans l’Oriental», qui en fait même un pilier de l’économie régionale et de l’exportation de la marque marocaine.