vendredi, mars 29, 2024
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Le Mali, enjeu géostratégique pour le Maroc et l’Algérie

Le Mali, un enjeu géostratégique pour le Maroc et l’Algérie




Le terrain malien est devenu un enjeu majeur géostratégique pour le Maroc et l’Algérie. Les visites du président N’Daw à Alger et du vice-président Goïta à Rabat témoignent de l’équilibre que tente de trouver Bamako.




Le président malien Bah N’Daw a effectué les 13 et 14 mars une visite «d’amitié et travail» en Algérie, marquée par ses entretiens avec Abdelmadjid Tebboune. Les Algériens ont déroulé le tapis rouge au chef de l’Etat. Deux semaines auparavant, c’est le vice-président du Mali, le colonel Assimi Goïta, qui s’est rendu à Rabat où il s’est réuni, sur ordre du roi Mohammed VI, avec le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita et l’inspecteur général des FAR le général Abdelfettah Louarak.

Le déplacement de N’Daw à Alger est «protocolaire et fait suite à une invitation de la part des autorités algériennes», affirme dans des déclarations Ali Ansari, expert en affaires maliennes et du Sahel.

«Il intervient après deux réunions importantes : la première du Comité de suivi de l’accord de réconciliation d’Alger de 2015 organisée le 12 février à Kidal au Mali ; la deuxième du Groupe de soutien à la transition dans ce pays qui s’est tenue le 8 et 9 mars à Lomé, capitale du Togo», explique-t-il. Deux événements phares pour la diplomatie algérienne fortement engagée au Mali et qui tente de s’affirmer comme le principal acteur dans la pacification de cette république du Sahel.




Le Maroc pour former les services de renseignements du Mali avec des fonds de l’UE

Face à l’influence financière et politique de l’Algérie, le Maroc a également de cartes à jouer au Mali. Outre les soutiens des deux importantes figures religieuses du pays, l’imam Mahmoud Dicko et le cheikh Bouye Haidara, le chef de la zaouïa tijaniya, le royaume peut compter sur son expertise dans le domaine des renseignements et la lutte contre les groupes extrémistes.

Un savoir faire demandé aussi bien au Sahel que dans les Etats de la CEDEAO. Ali Ansari révèle que «c’est justement dans ce cadre-là que s’inscrivait la visite d’Assimi Goïta, considéré par Rabat comme l’homme fort à Bamako.

Elle répondait à des objectifs hautement sécuritaires, notamment sur le volet du renseignement». Un déplacement qui intervenait dans un contexte particulier, marqué par le feu vert récent de l’Union européenne à financer un programme de restructuration des services de renseignements du Mali.




Le Royaume du Maroc est appelé à assumer la formation des agents maliens. Ce choix n’est pas le fruit du hasard. Le royaume a déjà apporté son aide à plusieurs Etats du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest dans leurs luttes contre les entités terroristes.»

«Le versement des fonds européens nécessaires à la mise en œuvre de ce projet avait marqué le pas à cause de l’instabilité ayant marqué les derniers mois de la présidence d’Ibrahim Boubacar Keita avant sa destitution en août dernier par les militaires», précise l’expert en affaires maliennes et du Sahel. Pour rappel, au sommet G5 Sahel à Ndjamena, le 15 février, Saad-Eddine El Othmani a exprimé la disposition du royaume du Maroc à contribuer à la formation des forces des membres de la coalition.

Le chef de l’exécutif a notamment réitéré l’engagement du royaume à continuer son appui à l’ «académie de défense» du G5 Sahel basée à Nouakchott.




Mais aussi pour former des officiers de ces pays dans les académies militaires marocaines. Le 17 février, le président français Emmanuel Macron s’est d’ailleurs félicité du «réengagement du Maroc et de l’Algérie au Sahel». Des propos qui ont soulevé une tempête de colère à Alger mais aucune réaction à Rabat.

Force est de constater que la visite au Maroc du vice président du Mali, le colonel Assimi Goïta, n’a pas suscité de réaction aussi vive que les déclarations du 10 octobre du président algérien suite à la visite de Nasser Bourita à Bamako, le 29 septembre.

Devant un parterre de haut gradés de l’armée, Abdelmadjid Tebboune s’était indigné que «des parties qui n’ont même pas de frontières avec le Mali manœuvrent et conspirent» dans ce pays. La répartition des rôles entre le président et le vice président maliens ont semble-t-il de retrouver un équilbre entre Bamako, Alger et Rabat.