vendredi, avril 19, 2024
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Strasbourg: un prof menacé par des élèves fans de raï islamique, Valeurs actuelles piégé

Strasbourg : Des élèves fans de raï islamique auraient menacé un prof, Valeurs actuelles piégé




Pour prouver que certains médias français peuvent offrir «une tribune» même à ceux qui racontent «n’importe quoi» à condition que le sujet soit lié à l’islam et à la radicalisation, un internaute a réussi à piéger Valeurs actuelles avec un faux témoignage sur Twitter, un «tableau IKEA» et les paroles d’une chanson de Cheb Khaled.




«Repli identitaire», «islamisme» et «radicalisation» sont autant d’expressions fétiches qui séduisent certains médias en France pour créer le buzz ou faite l’écho de certaines polémiques dans l’hexagone.

Ainsi, pour rebondir sur l’affaire du professeur Samuel, Valeurs actuelles a publié, lundi soir, un témoignage d’un «professeur» qui lance un «cri d’alerte» à Strasbourg, dans un lycée où le «repli identitaire» des élèves «en majorité musulmans» se déroule sous les yeux de la direction. 

Intitulé «A Strasbourg, le cri d’alerte d’un prof face à la pression communautaire qui sévit dans son lycée», l’article désormais supprimé, a fait réagir plusieurs internautes sur les réseaux sociaux.




Valeurs actuelles reprend, sans vérification, le témoignage de Morad M., un «professeur d’histoire-géographie depuis cinq ans» et qui aurait «tenté à plusieurs reprises d’alerter sa hiérarchie» sur cette supposée «montée du repli identitaire chez ses élèves».

Pensant avoir décroché un scoop, le média d’extrême droite évoque ainsi des «menaces de mort» que ce prof aurait reçues, ses élèves refusant de parler de «laïcité» et de «la Shoah» ou d’utiliser le gel hydroalcoolique car il rendrait «impur». 

Pour soutenir son scénario fictif, le supposé «prof» présente un bout de papier reprenant quelques hashtags et une photo d’une inscription sur une table, reprenant les paroles d’une chanson de raï de Cheb Khaled.








«Shab Al baroud Wa l’carabina»

L’expression «Nous sommes Shab Al baroud Wa l’carabina» est alors considérée par le journaliste de Valeurs actuelles comme preuve de cette «radicalisation».

Le média relaye ainsi le témoignage, où le prof affirme être traité de «harki», dans une classe où «les garçons et les filles ne se mélangent pas», sans se rendre compte qu’il s’agit d’un canular. Mardi soir, près de 24h après la publication du «scoop», Abdelmalik décide de tout déballer, révélant sur Twitter comment il a «piégé Valeurs Actuelles» avec du «Cheb Khaled et du Cheb Hasni» et l’aide d’un ami.

Il raconte dans un thread comment il a inventé de toute pièce ce faux témoignage pour «montrer qu’en racontant n’importe quoi on pouvait avoir une tribune», sans aucun recoupement de l’information par certains journalistes.




Le média d’extrême droite, se rendant compte de sa bourde, supprime alors son article et se fend d’un tweet non sans reconnaître sa gaffe journalistique.

«Plutôt que de lutter contre l’islamisme, certains préfèrent tenter de piéger des médias», dénonce-t-il avant de présenter ses «excuses» auprès de ses lecteurs.




Mais le mal est déjà fait, le magazine et sa déontologie maintes fois pris à défaut sont désormais la risée sur les réseaux sociaux.