La première femme imame en France aimerait avoir le soutien de l’Algérie, du Maroc…
La première femme imame en France déplore de ne pas avoir de soutien de l’Algérie, du Maroc…
Kahina Bahloul, la première femme imame en France promeut, dit-elle, un islam des Lumières qui rompt avec les pratiques religieuses traditionnelles. Ses idées sont consignées dans un ouvrage intitulé : «Mon Islam, ma liberté». La Franco-algérienne évoque aujourd’hui son gros problème, celui de l’absence de soutien de l’Algérie, du Maroc ou de la Turquie, qui financent la plupart des mosquées dans l’Hexagone.
«Nous ne sommes pas propriétaires d’un local fixe. Nous louons une salle pour la prière du vendredi. Car notre gros problème, c’est le financement. Nous sommes en dehors des circuits traditionnels.
On ne bénéficie pas du soutien de l’Algérie, du Maroc ou de la Turquie qui contribuent au financement de la plupart des mosquées en France», a-t-elle déclaré dans une interview accordée au journal Le Télégramme.
Kahina Bahloul fait partie des trois femmes imames qui dirigent les prières auprès de fidèles en France. Elle prône un islam des lumières et est l’une des responsables de la mosquée Fatima située à Paris. «Dans notre mosquée, les hommes et les femmes peuvent prier dans la même salle.
Ce n’est pas le cas dans les lieux traditionnels, qui ne nous convenaient plus, où les femmes sont séparées des hommes. Elles prient dans des sous-sols, des mezzanines.
Les fidèles qui viennent à Fatima, que je codirige avec le philosophe et imam Faker Korchane, sont d’origines très diverses», a-t-elle confié, soulignant qu’en islam, il n’y a pas d’autorité qui installe un imam. «La légitimité vient de la communauté religieuse.
Nous avons été désignés par un groupe de croyants pour conduire la prière», affirme-t-elle. Se prononçant sur l’accueil réservé à son islam dans la communauté musulmane, Kahina Bahloul a indiqué qu’il n’y avait pas de communauté musulmane homogène.
«Il y a des citoyens, des individus très différents, a expliqué l’islamologue. Bien évidemment, nous avons été vivement critiqués par des fondamentalistes, des conservateurs, mais aussi des jeunes qui sont probablement dans une recherche identitaire et qui croient devoir protéger l’islam d’un dévoiement».
Elle se réjouit tout de même des nombreuses adhésions enregistrées: «En dehors de ça, nous avons beaucoup d’adhésions. Notamment depuis la publication de mon livre.
Je reçois beaucoup de messages de gens qui me remercient de donner cette image d’un islam de la tolérance, de paix et d’ouverture.» «Rien, dans les textes fondamentaux, n’interdit à une femme de diriger la prière», a martelé l’imame.