Voici ce que risque le chef du polisario, admis dans un hôpital en Espagne sous un faux nom
Admis dans un hôpital en Espagne sous un faux nom, voici ce que risque Brahim Ghali pour son long passé criminel
Brahim Ghali, qui se trouve actuellement dans un hôpital de Logroño, est susceptible d’être auditionné par la justice espagnole pour une série de crimes et non des moindres: terrorisme, génocide, torture, viols… Voici ce que risque celui que l’on surnomme désormais Ghali Benbatouche, le nom avec lequel il a été admis dans cet établissement.
Le citoyen algérien Mohamed Benbatouche risque gros en Espagne. Le patronyme de Benbatouche, dont les très indiscrets services de renseignements algériens ont affublé le patron du Polisario lui collera longtemps à la peau, comme un stigmate honteux, dont il aura du mal à se débarrasser.
Même s’il sort indemne, dans un premier temps, dans sa lutte contre le Covid-19, et dans un deuxième temps dans ses démêlés avec la justice espagnole, Brahim Ghali ne pourra plus fuir son surnom désormais, Mohamed Benbatouche, qui lui rappellera qu’il est un hors-la-loi, contraint de se déguiser, avec l’aide de son tuteur algérien, pour se déplacer en Europe.
Les honneurs dus à ce soi-disant chef d’Etat ne dépassent guère les frontières algériennes. Brahim Ghali a en effet eu droit à tous les égards en Algérie.
Il a embarqué à bord d’un Gulfstream médicalisé, mis à sa disposition par le président Tebboune. L’avion s’est envolé de l’aéroport militaire de Boufarik, dimanche dernier à 17 heures16, pour atterrir à Saragosse, vers 19 heures 26.
Accompagné d’un staff médical algérien, Brahim Ghali a été admis à l’hôpital San Pedro de Logroño, sous une fausse identité, et muni d’un passeport diplomatique algérien au nom de Mohamed Benbatouche. Hier mercredi, un média espagnol a vendu la mèche affirmant que Brahim Ghali a été hospitalisé en Espagne pour cause de graves «problèmes respiratoires».
Une information confirmée par plusieurs médias internationaux. Sauf que Brahim Ghali était parti en Espagne non pour des complications respiratoires, ou pour soigner le cancer dont il souffre par ailleurs.
En effet, tout comme Abdelmadjid Tebboune, son protecteur, il a été contaminé par le coronavirus. S’ensuit un silence assourdissant à Rabouni et à Alger. Les autorités algériennes ont d’abord cherché à soigner le chef du Polisario dans les hôpitaux du pays.
Mais comme pour Tebboune, ils ont fait le constat d’une dégradation de la santé du patient Brahim Ghali et ont décidé de l’envoyer d’urgence à l’étranger. Encore une fois, comme pour le président Tebboune, l’Allemagne est premier pays qui aurait été approché par les autorités algériennes, selon plusieurs médias.
Mais les autorités allemandes auraient opposé une fin de non-recevoir à la requête d’Alger. Les autorités algériennes se sont rabattues alors sur l’Espagne, qui a accepté d’accueillir Brahim Ghali sous la fausse identité de Mohamed Benbatouche.
Une source officielle espagnole a affirmé à plusieurs agences de presse que l’Espagne a ouvert ses hôpitaux au patron du Polisario «pour des raisons strictement humanitaires».
Quand l’hospitalisation en Espagne de Ghali Benbatouche a été éventée par les médias, les services de renseignements algériens ont tenté une manœuvre qui s’est retournée contre eux, donnant à cette occasion une énième preuve de leur impéritie.
Les services algériens ont en effet activé Bachir Mostafa Sayed, conseiller de Ghali Benbatouche et frère du fondateur du Polisario, qui a tenté le mensonge et la désinformation pour faire diversion. Il a affirmé dans la presse que Ghali Benbatouche était soigné dans un hôpital à Alger et non pas en Espagne.
Les victimes ne lâchent pas prise
Le même jour où l’hospitalisation à Logroño de Brahim Ghali a été rendue publique par les médias, l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (Asadedh), qui a été à l’origine de plusieurs plaintes contre le patron du Polisario, a relancé la justice espagnole.
Elle a déposé un mémoire auprès de la Haute Cour pour demander à ce que le chef du Polisario soit auditionné et qu’il ne puisse pas cette fois-ci, comme vers la fin des années 2000 et en 2016, se soustraire à la justice espagnole.
Lister les crimes reprochés à Brahim Ghali n’est pas chose facile.
Il est accusé de génocide, de terrorisme, de disparitions forcées, d’assassinats et de viols, entre autres. Brahim Ghali a torturé des Sahraouis à la prison d’Errachid à Tindouf, violé des femmes, participé à des attentats meurtriers contre des pêcheurs espagnols.
Et la liste est longue. C’est ce triste palmarès qui lui a valu l’ouverture d’une enquête de la justice espagnole et qui l’a poussé à fuir, en 2008, à Alger. Et c’est ce même palmarès qui l’a empêché d’assister à une rencontre de solidarité avec le Polisario, à l’été 2016, à Barcelone, juste avant qu’il ne prenne la tête du front.
Depuis, il n’a plus jamais remis les pieds en Espagne, ni ailleurs en Europe.
Des siècles de prison à la clé
La justice espagnole ne badine pas, en effet, avec les chefs d’accusation reprochés au chef du Polsario lesquels, pour la plupart, ne tombent jamais sous le coup d’une quelconque prescription, particulièrement en ce qui concerne les crimes de génocide ou de terrorisme.
Exemple: en 2018, la Cour suprême espagnole a condamné deux terroristes de l’ETA à plusieurs siècles de prison. Liher Aretxabaleta Rodriguez, 38 ans, et Alaitz Aramendi Jaunarena, 40 ans, ont écopé chacun de 535 années de prison.
La justice espagnole est tout aussi intraitable quand il s’agit de génocides qui entrent dans la catégorie des crimes contre l’humanité. En avril 2005, un ex-capitaine argentin, Adolfo Scilingo, a été condamné à 640 ans de prison pour crimes contre l’humanité commis durant la dictature en Argentine (1976-83).
Selon les explications fournies par Me Hilal Tarkou, président de la Ligue des avocats marocains en Espagne, Brahim Ghali est lui aussi passible de longues peines de prison. Ainsi, pour les crimes de génocide, la peine prévue par l’Article 607 du Code pénal est la perpétuité révisable. Un homicide est puni entre 10 ans et la perpétuité révisable (Art 139 et 140).
La détention arbitraire est sanctionnée de 5 à 8 ans alors que la séquestration est punie de 15 à 20 ans de prison. Selon la loi espagnole, ces peines sont cumulables. «Torturer une seule personne n’est pas faire subir le même sort à 10 ou 100 personnes.
C’est pour cela que des peines de prison de plusieurs siècles sont prévues par le législateur espagnol», explique Me Tarkou. Le citoyen Ghali Benbatouche pourrait donc rester très longtemps sur le sol espagnol…