vendredi, avril 26, 2024
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Affaire Brahim Ghali: tout a été «négocié au plus haut niveau entre l’Espagne et l’Algérie»

Affaire Brahim Ghali: tout a été «négocié au plus haut niveau entre l’Espagne et l’Algérie», selon La Razón




L’arrivée et l’hospitalisation en catimini en Espagne du chef des séparatistes armés du Polisario, le dénommé Brahim Ghali, poursuivi par la justice espagnole pour des crimes de génocide et de terrorisme, ont été «négociées au plus haut niveau entre l’Espagne et l’Algérie», rapporte le journal espagnol La Razón.




«Il est considéré comme acquis que l’arrivée de Ghali en Espagne, dans un aéroport où, en théorie, il pouvait passer inaperçu, et son admission à l’hôpital dans la capitale de La Rioja, ont été négociées au plus haut niveau entre l’Espagne et l’Algérie, le pays qui accueille le front Polisario sur son territoire, notamment dans les camps de Tindouf», indique La Razón, quotidien espagnol à grand tirage.

La «discrétion» qui a entouré l’arrivée du dénommé Brahim Ghali en Espagne, en usant de documents de voyage falsifiés, faisant état d’une fausse identité, avait un double objectif: «ne pas mettre en colère le voisin du Sud, le Maroc, et ne pas mettre en colère les victimes du front Polisario qui ont formulé plusieurs initiatives juridiques dans les tribunaux espagnols contre cet individu et d’autres membres du Polisario», révèle La Razón.

Le journal souligne que «dans les deux cas, l’échec a été total».




«Ennemi public numéro Un du Maroc», le dénommé Brahim Ghali dirige le Polisario «d’une main de fer et a été le promoteur de la déclaration de guerre contre le Maroc en novembre dernier», écrit le journal, indiquant que les victimes espagnoles des actes terroristes du Polisario l’accusent d’être «l’un des principaux responsables des attentats ayant provoqué la mort de plusieurs de leurs proches».

«Dès que sa présence en Espagne a été confirmée, plusieurs associations, dont l’Association canarienne des victimes du terrorisme (Acavite), des particuliers et d’autres entités, ont activé les actions en justice à son encontre», indique La Razón.

Le journal espagnol ajoute que le nombre des victimes des attentats promus par le chef des séparatistes s’élève à 300 personnes, selon des estimations avancées par leurs proches. Depuis 2012, une vingtaine de membres du Polisario sont poursuivis par l’Audience nationale.




Plusieurs d’entre eux, qui résident en Espagne, allaient être convoqués en cette semaine même, pour se présenter devant cette haute juridiction espagnole, annonce La Razón, citant des sources juridiques, et précisant que le dénommé Brahim Ghali est accusé de «génocide, meurtre, blessures, terrorisme, arrestations illégales, tortures et enlèvements».

Pour cette raison, les victimes espagnoles du Polisario réclament que «des mesures nécessaires soient prises pour que le dénommé Brahim Ghali reste sur le territoire national jusqu’à ce qu’il puisse comparaître devant le tribunal et, le cas échéant, être inculpé des crimes susmentionnés».

En plus, ajoute La Razón, l’un des avocats des victimes a même envoyé un message, par courrier électronique, au commissariat de police de Logroño pour informer ses agents de la présence du chef des séparatistes dans cette ville, et rappeler que le chef du Polisario fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par l’Audience nationale.




Colère et incompréhension à Rabat

Une fois que l’arrivée et l’hospitalisation de Brahim Ghali en Espagne a été ébruitée, le Maroc a réagi, qualifiant ces faits d’«attitude déloyale» de la part du voisin du Nord, dont les responsables n’avaient pas, précédemment, arrêté de qualifier le Royaume de «partenaire stratégique».

«En accueillant en catimini le chef des séparatistes, les autorités espagnoles n’ont pas considéré le Maroc comme un ami et un partenaire privilégié, pour reprendre les termes utilisés par Mme Arancha González Laya», a déclaré un diplomate marocain de haut rang pour lequel «l’Espagne sait très bien que la question du Sahara est existentielle pour le Royaume du Maroc.

Pourquoi, dès lors, a-t-elle préféré manœuvrer, pour ne pas dire jouer, dans le dos du Maroc?». Il a déploré «une attitude déloyale qui contredit l’esprit de partenariat et de bon voisinage entre les deux pays».




«Cette attitude suscite de l’incompréhension et des interrogations au Maroc»,. «Quand on prétend être un partenaire stratégique, on n’est pas complice avec les ennemis de ce partenaire», affirmait le même haut responsable marocain.

Ce même samedi 24 avril, l’ambassadeur espagnol à Rabat a été convoqué au ministère des Affaires étrangères. Les autorités marocaines ont fait part à Ricardo Díez-Hochleitner Rodríguez de leur exaspération quant à l’attitude de l’exécutif espagnol, considérée comme déloyale.

Les autorités marocaines ont également réitéré à l’adresse de l’ambassadeur du Royaume d’Espagne l’importance que revêt la question de l’intégrité territoriale pour le peuple marocain, le Sahara étant un sujet existentiel pour le Royaume du Maroc. Ne pas tenir compte de cette réalité, c’est agir à rebours du partenariat stratégique entre deux pays.




Ce sont les mêmes reproches qui ont été repris, dimanche 25 avril, dans un communiqué officiel émanant, depuis Rabat, du ministère des Affaires étrangères.

Pour la diplomatie marocaine, l’attitude de l’Espagne suscite une grande incompréhension ainsi que des interrogations légitimes: pourquoi le dénommé Brahim Ghali, chef du groupe séparatiste armé Polisario, a-t-il été été admis en Espagne en catimini et sous un faux passeport? Pourquoi l’Espagne a-t-elle jugé utile de ne pas en aviser le Royaume du Maroc?

Pourquoi a-t-elle opté pour son admission sous une fausse identité? Et pourquoi la justice espagnole n’a-t-elle pas encore réagi aux nombreuses plaintes déposées par les victimes? Des questions auxquelles L’Espagne n’a pas encore répondu. Ou alors en se contentant, jusqu’ici, de fournir des pseudo-réponses, qui n’ont rien de convaincant.