mardi, avril 23, 2024
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Arancha González Laya affirme que Brahim Ghali «retournera dans son pays, une fois rétabli»

La cheffe de la diplomatie espagnole affirme que Brahim Ghali «retournera dans son pays, une fois rétabli»




La ministre espagnole des affaires étrangères, Arancha González Laya, a visiblement choisi d’opposer une fin de non-recevoir à la requête du Maroc en affirmant que Brahim Ghali «retournera dans son pays quand il sera rétabli». Ce qui ouvre la voie à une longue crise entre Rabat et Madrid.




L’Espagne souhaite-t-elle tourner la page, et au plus vite, de la crise suscitée par l’accueil de Brahim Ghali dans un hôpital à Logroño? C’est le vœu répété ce dimanche 23 mai par la cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha González Laya.

Elle a déclaré à la radio nationale espagnole, RNE, qu’elle voulait sortir de cette crise «au plus vite», comme l’a d’ailleurs relayé une dépêche de l’agence EFE. À cette même station de radio, Arancha González Laya a fait cette déclaration, lourde de sens: «lorsqu’il [Brahim Ghali, Ndlr] se rétablira, il retournera dans son pays».

Cette affirmation de la chef de la diplomatie espagnole sonne comme une fin de non-recevoir, adressée à la fois à l’ambassadrice du Maroc à Madrid, Karima Benyaich, et à Fouad Yazourh, directeur général au ministère marocain des Affaires étrangères. «Le recours au même procédé, pour l’exfiltration du dénommé Brahim Ghali, que celui employé pour le faire entrer en Espagne serait un choix pour le statu quo.




Ce serait un choix pour l’aggravation de la crise», avait prévenu, vendredi 21 mai dernier, l’ambassadrice du royaume du Maroc à Madrid, Karima Benyaich. Et Fouad Yazourh, directeur général au ministère des Affaires étrangères a appelé à «une enquête transparente» pour faire la lumière sur les conditions d’admission de Ghali en Espagne.

Ce haut responsable de la diplomatie marocaine a ajouté que cette enquête «risque de révéler de nombreuses surprises, notamment la complicité et l’ingérence de quatre généraux d’un pays maghrébin». «Cette information semble vous surprendre, voire même être choquante pour l’opinion publique espagnole, mais ne soyez pas surpris.

Comme vous le savez, les services secrets du royaume du Maroc sont parmi les plus performants», a indiqué ce haut fonctionnaire marocain, soulignant que davantage d’éléments seront dévoilés en temps opportun. Mais à qui s’adresse donc Arancha González Laya en affirmant qu’une fois remis, Brahim Ghali retournera dans son pays?




Au Maroc ou à l’Algérie? Si elle s’adresse au royaume du Maroc, cela veut dire que la cheffe de la diplomatie espagnole choisit la voie de l’escalade et ignore les mises en garde successives du Royaume sur une exfiltration du patron du Polisario.

Si Laya s’adresse à l’Algérie, cela signifie qu’elle cherche à rassurer ce pays auquel l’exécutif espagnol a fourni, très probablement, des garanties sur le retour de Brahim Ghali, sans qu’il ne soit ensuite inquiété par la justice espagnole. Pour la séparation des pouvoirs, pourtant fondement de la démocratie, il faudra sans doute repasser…

Et selon plusieurs médias espagnols, c’est le ministre algérien des Affaires étrangères s’est adressé à son homologue espagnole pour lui demander d’admettre dans un hôpital en Espagne Brahim Ghali, atteint du Covid-19. Arancha González Laya a plaidé pour l’accueil de cet homme, qui a déclaré la guerre au Maroc, en dépit de profondes divisions dans l’exécutif espagnol, selon la presse locale.




En particulier avec ministre de l’Intérieur, Fernando Grande-Marlaska, qui avait anticipé les répercussions de cet acte sur les relations entre le Maroc et l’Espagne.

En affirmant «qu’une fois rétabli, Brahim Ghali retournera dans son pays », la chef de la diplomatie espagnole commet un beau lapsus qui confirme que le pays où retournera le patron du Polisario est bien celui qui lui a délivré un passeport diplomatique avec un nom d’emprunt: l’Algérie. Le gouvernement espagnol vient ainsi de s’empêtrer dans une situation inextricable, parce qu’il n’y a pas de solution qui puisse satisfaire à la fois Rabat et Alger.

S’il autorise les poursuites judiciaires contre le chef du Polsario, il rompt la promesse donnée à l’Algérie, s’il l’exfiltre vers l’Algérie, il fait le choix d’ouvrir le front d’une longue crise avec le royaume du Maroc. L’Espagne a essayé de faire diversion, jusqu’ici, en orientant le différend entre Rabat et Madrid vers une crise migratoire qui impliquerait l’Union Européenne.




Mais le Maroc est resté droit dans ses bottes, en réaffirmant le caractère bilatéral d’une crise, née de l’accueil, en catimini, sur le sol espagnol de Brahim Ghali sous une fausse identité. L’Espagne a fait le pari de l’épouvantail de l’immigration clandestine pour créer un front solidaire de l’Europe contre le Maroc.

Le Maroc n’a pas été dupe de cette tentative de diversion et n’a cessé de proclamer que la raison de la crise est Brahim Ghali et non pas Sebta. Dans son entretien avec la RNE, la chef de la diplomatie espagnole fait le vœu de tourner rapidement la page de la crise avec le Maroc. Mais elle rend ce vœu impossible en affirmant que Brahim Ghali quittera l’Espagne quand il sera guéri.

En plaidant pour l’accueil de Ghali sur le sol espagnol, Arancha González Laya minimise les conséquences de cet acte sur les relations entre le Maroc et l’Espagne. Et en soustrayant Brahim Ghali à l’action de la justice, le gouvernement espagnol fait le choix d’une longue, très longue, crise entre Rabat et Madrid.