Les MRE, «levier important» pour l’amorçage du nouveau modèle de développement
La communauté marocaine à l’étranger, «levier important» pour l’amorçage du nouveau modèle de développement
Le rapport final de la Commission spéciale sur le modèle de développement s’intéresse particulièrement aux Marocains du monde, en émettant une série de recommandations. Il suggère notamment d’encourager l’investissement des MRE et renforcer les liens culturels et immatériels avec cette catégorie de Marocains.
Dans son rapport, présenté mardi au Roi Mohammed VI, la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD) a défini cinq leviers importants pour l’amorçage du nouveau modèle de développement au Maroc et l’accompagnement de sa mise en œuvre.
Il s’agit, outre le numérique, l’administratif, la sécurisation des ressources nécessaires au financement des projets transformateurs et la mobilisation des liens de coopération avec les partenaires extérieurs du Royaume, des Marocains résidant à l’étranger.
En effet, la Commission spéciale sur le modèle de développement estime, dans son rapport, que le nouveau modèle de développement «souligne la place de choix des Marocains du Monde (MDM), qui constituent une force et un atout précieux dans le processus de développement du pays». Dans ce sens, la Commission a réitéré «l’importance de la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles.
Ceci pour une meilleure représentation de la diaspora, plus particulièrement à travers le renforcement du CCME (Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, ndlr)». Elle a invité à «mettre également l’accent sur la mise en œuvre de politiques rénovées et adaptées aux besoins et attentes de cette frange importante de la population marocaine et à la défense de ses intérêts auprès des pays de résidence».
Afin de «mobiliser davantage les compétences des MDM au service du développement du pays», le rapport recommande de «mettre en place des approches incitatives favorisant l’attrait des MDM aux profils hautement qualifiés opérant dans les secteurs de pointe, tels que les NTIC, la biotechnologie ou les énergies renouvelables».
Elle propose, dans ce cadre, la création d’une «base de données des MDM accessible aux institutions marocaines privées et publiques».
Une proposition qui n’est pas nouvelle et qui a, depuis le programme FINCOM porté par Nezha Chekrouni en 2004, été recyclée maintes fois par ses successeurs au ministère des Marocains résidant à l’étranger ou au Conseil de la communauté marocaine à l’étranger avec un succès aléatoire.
«La Commission considère essentiel de mobiliser les Marocains du Monde pour le développement des activités de recherche scientifique, de Recherche & Développement et d’innovation, au vu de l’expertise acquise par la diaspora en la matière.
La concrétisation de cet objectif exige quelques préalables, notamment la structuration de l’écosystème de la recherche scientifique et son indexation sur les priorités stratégiques du pays, moyennant des programmes nationaux qui sont clairement définis, aux modes de gouvernance transparents et faisant l’objet d’un suivi et d’une évaluation régulière.»
Encourager l’investissement des marocains du monde et renforcer les liens culturels et immatériels
La Commission spéciale sur le modèle de développement estime que les MRE «pourront aider à lever des capitaux, développer de nouveaux partenariats ou accéder à des compétences ou expertises absentes au Maroc, ou encore promouvoir des produits et services marocains».
«Les communautés marocaines établies à l’étranger pourront aussi impulser l’effort de rayonnement international du Royaume en s’appuyant aussi bien sur les structures existantes que sur les espaces mobilisables au sein des pays d’accueil pour la diffusion, à l’étranger, de la culture marocaine», ajoute-t-elle.
Celle-ci recommande aussi d’«entretenir» et de «renforcer» les flux de transferts des MDM vers le Maroc à travers le développement de produits financiers adaptés aux objectifs d’investissement de cette catégorie, notamment en direction des nouvelles générations.
Mais au-delà des flux de transferts, «une grande importance devra être accordée à l’encouragement des investissements des MDM au Maroc, par le biais d’une politique globale et intégrée axée sur des dispositifs d’accompagnement et de mise en relation avec des porteurs de projets au Maroc», suggère le rapport final.
Celui-ci prône aussi «une action forte et régulière de communication pour expliciter le cadre réglementaire et procédural national et fournir des informations utiles sur les opportunités d’investissement au Maroc, par région et par secteur».
Pour la Commission spéciale, il est aussi préconisé de «poursuivre les efforts de consolidation et renforcement des liens culturels et immatériels avec cette part importante de la population marocaine», à travers notamment «le relèvement substantiel de la qualité des dispositifs culturels actuels.
Ceci en veillant à l’organisation régulière d’évènements socioculturels, en offrant des cours de langue en arabe ou amazigh au profit des nouvelles générations nées dans les pays de résidence ou encore en mettant à leur disposition des plateformes d’e-learning». Là aussi, cette proposition existe depuis 2013 avec la plateforme internet E-Madrassa qui a été lancée par la Fondation Hassan II.
Tout en appelant au «renforcement et à la consolidation des efforts déployés par les principaux acteurs institutionnels concernés», la Commission spéciale sur le modèle de développement recommande à cet égard de mettre en place «une agence marocaine de l’action culturelle à l’étranger».
Son objectif serait de «fédérer les efforts des acteurs mais également de favoriser la mobilisation des Marocains qui résident à l’étranger (les marocains du monde)».