mercredi, avril 24, 2024
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Marhaba 2021: les Marocains résidant en Espagne en colère et indignés

Marhaba 2021 : Colère et indignation chez les MRE d’Espagne




Au lendemain de l’annonce de la réouverture des frontières maritimes et aériennes du Maroc pour accueillir sa diaspora, les MRE souhaitant se rendre dans le royaume par voiture ont été surpris de voir les ports espagnols exclus de cette opération. Certains ne cachent pas leur colère et leur indignation face à une telle décision.




La famille d’Aicha fait partie de Marocains résidant à l’étranger qui s’impatientaient pour se rendre au Maroc cet été. Guettant une annonce des autorités marocaines, des milliers de MRE ont subi une douche froide en apprenant que les ports espagnols sont exclus de l’opération Marhaba 2021.

«Après avoir été privé de vacances au Maroc l’année dernière, en raison de la crise sanitaire, nous comptions venir cette été pour voir notre famille et passer les vacances d’été dans le Royaume. Toutefois, la décision de maintenir les frontières terrestres fermées avec l’Espagne et d’exclure les ports espagnols de l’opération Marhaba nous a contraints de tout annuler», regrette cette Marocaine, mère de deux enfants et qui vit dans la ville de Lérida, près de Barcelone depuis 24 ans.

Aicha, qui souffre d’aérodromophobie, souligne que l’idée de venir en avion est complètement exclue pour elle et sa famille. «De plus, le coût des billets depuis la France est très cher», ajoute la Marocaine originaire d’Errachidia. Pour cette femme habituée à se rendre au pays chaque année, son périple annuel sera remplacé, cette année, par des vacances dans une ville touristique en Espagne.




Une exclusion qui prive des millions de Marocains de vacances au pays

Son cas est loin d’être isolé, car nombre de MRE comptaient sur une ouverture des frontières terrestres avec l’Espagne ou des lignes maritimes reliant les ports espagnols à ceux du Royaume. Une déception et une colère dont les associations de MRE se font le relais.

«Ce n’est pas normal de pousser les MRE à passer 20 ou 30 heures en bateau depuis la France ou l’Italie pour pouvoir regagner leur pays. C’est inadmissible d’empêcher les Marocains à rendre visite à leurs familles qu’ils n’ont pas vues depuis deux ans», s’indigne Mohamed Alami Soussi, président de l’association des amis du peuple marocain (ITRAN).

«Comment peut-on assurer que notre pays nous aime et procéder ainsi ? Pourquoi provoquer une telle souffrance et de telles dépenses ?», s’interroge-t-il. Pour l’associatif basé en Espagne, «le Maroc procède ainsi suite aux problèmes politiques et ce qui s’est passé à Ceuta et Melilla».




«Il faut arrêter de prendre pour prétexte le Covid-19, car nous savons que tout le monde reçoit des vaccins. La plupart des Marocains ici sont vaccinés et peuvent se déplacer sans problème», ajoute-t-il.

«Cette décision impacte directement les MRE, surtout ceux d’Espagne qui doivent ainsi faire un long trajet et dépenser des milliers d’euros pour pouvoir voyager en bateau depuis Sète. Nous avons le sentiment que le Maroc souhaite les transferts de fonds des MRE, sans les MRE.»

Tout en rappelant que l’ONG avait saisi les autorités marocaines sur plusieurs questions liées aux MRE pendant cette pandémie, sans obtenir toutefois de réponse, l’associatif insiste sur la place de l’opération Marhaba pour la diaspora. «Les gens veulent se rendre au Maroc voir leurs proches et visiter leur pays. Il faut leur faciliter ce retour», déclare-t-il, en rappelant que «le problème vient du Maroc».




«Sans motifs», l’exclusion «ne sert pas les intérêts du Maroc»

Pour sa part, Mohamed El Gheryb, président de l’Association marocaine des travailleurs immigrés (ATIME), également basée en Espagne, rappelle que «la majorité des MRE, même ceux qui sont en France, en Belgique et aux Pays-Bas transitent par l’Espagne lors de leur retour vers le Maroc, car cette route est moins chère».

«En 2019, plus de 3 millions de voyageurs ont transité par le port d’Algésiras et cette opération nécessite une grande préparation au Maroc et en Espagne pour éviter les problèmes rencontrés dans les années 1990», ajoute-t-il. Mohamed El Gheryb pense que «ni Sète ni Gênes ne sont préparés comme Tanger Med et le port d’Algésiras pour accueillir un aussi grand nombre de MRE en transit».

«L’opération ne connaîtra donc que le transit de 20 à 30% des Marocains ayant l’habitude de voyager en voiture pour se rendre dans leur pays durant cette période estivale», prédit-il. «Cette exclusion ne semble pas être motivée. La décision prise par le Maroc est mauvaise.




Car elle donne l’impression que le Royaume n’a pas pris en considération les souffrances qu’elle engendre et son impact sur ses propres citoyens.» Pour cet associatif, «les calculs politiques entre l’Espagne et le Maroc» ne justifient pas l’exclusion des ports espagnols de cette opération.

Tout en rappelant les «répercussions» économiques d’une telle décision sur le Maroc et l’Espagne, le président d’ATIME insiste aussi sur les liens sociaux. «En tant qu’association, nous exprimons notre refus d’une telle décision, qui intervient au moment où les MRE s’impatientaient pour visiter leurs familles et leurs proches qu’ils n’ont pas revus depuis deux ans.

Nous espérons que le Maroc fasse marche arrière sur cette décision qui ne sert en aucun cas ni ses intérêts économiques ni les liens culturels et sociaux avec sa diaspora à l’étranger, surtout qu’un grand nombre de MRE prévoyaient de fêter l’Aid Al Adha avec leurs proches», déclare-t-il. «C’est normal que les MRE soient en colère suite à une telle mesure.»