vendredi, mars 29, 2024
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Affaire Pegasus: l’Algérie quémande «un effort international» contre le Maroc

Affaire Pegasus: le régime algérien quémande l’aide internationale




Le ministère algérien des Affaires étrangères a finalement chevauché «Pegasus», du nom de cette affaire présumée d’espionnage, pour demander «un effort international» contre le royaume du Maroc. Incapable d’assurer la sécurité nationale, la junte militaire abdique sa souveraineté sur l’Algérie.




Hier dans la soirée, jeudi 22 juillet 2021, le parquet général algérien puis le ministère des Affaires étrangères, que dirige depuis le 8 juillet courant Ramtane Lamamra, ont sorti, dans l’intervalle d’une heure, deux communiqués relatifs à l’affaire d’infiltration présumée de téléphones algériens par le logiciel d’espionnage «Pegasus».

Le premier communiqué est tombé pour annoncer que le procureur près le tristement célèbre tribunal de Sidi M’Hamed d’Alger a ordonné «l’ouverture d’une enquête préliminaire sur l’existence d’un système d’intelligence informatique d’écoute et d’espionnage ayant visé les intérêts de l’Algérie, mais aussi des citoyens et des personnalités algériennes».

Sans citer le Maroc, ce communiqué se limite à parler d’éventuelles complicités internes «au profit d’une puissance étrangère». Le parquet algérien a pris soin de s’exprimer au conditionnel.




Ceci en écrivant que «si les faits, objet de cette enquête, sont avérés, ils constitueraient des infractions réprimées par la législation algérienne…»; mais le communiqué dont s’est fendu le département de Ramtane Lamamra, une heure plus tard, a choisi de réagir d’une façon qui ridiculise l’Algérie.

«L’Algérie exprime sa profonde préoccupation suite aux révélations émanant d’un consortium de nombreux organes de presse de grande renommée professionnelle et faisant état de l’utilisation à large échelle par les autorités de certains pays, et tout particulièrement par le Royaume du Maroc, d’un logiciel d’espionnage dénommé « Pegasus » contre des responsables et citoyens algériens, ainsi que des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme à travers le monde».

C’est ce qu’a écrit le ministère algérien des Affaires étrangères dans un communiqué, relayé par l’agence de presse nationale algérienne APS.




Passons sur l’incongruité liée à une réaction de l’Etat algérien sur la base de faits rapportés par la presse. Passons aussi sur le fait que le régime semble s’émouvoir de l’espionnage, pourtant monnaie courante depuis des lustres. Passons, là aussi, sur le fait que le Maroc a démenti toutes les allégations rapportées par ces médias, et attardons-nous un peu sur ce communiqué, qui a le mérite de décrire l’Algérie de 2021.

Le régime algérien serait-il si impuissant à mener des investigations à même de déterminer si les contenus des plus hauts gradés de l’armée, des ministres, des oligarques et de Lamramra lui-même, ont été siphonnés par le Maroc?

Cet État ne dispose donc pas de ressources humaines et de technologies à même d’investiguer, comme cela est supposé se faire, sur la base d’informations rapportées par les journaux? Mais il y a pire.




Le communiqué se poursuit ainsi: «étant directement concernée par ces attaques, l’Algérie se réserve le droit de mettre en œuvre sa stratégie de riposte et se tient prête à participer à tout effort international destiné à établir collectivement les faits et à faire la lumière sur la matérialité et l’ampleur de ces crimes qui menacent la paix et la sécurité internationales, ainsi que la sécurité humaine».

Mais de quel effort international s’agit-il? Les médias ont dénoncé l’espionnage non-avéré des smartphones de l’ancien et de l’actuel chef d’état-major en Algérie, respectivement Gaïd Salah et Saïd Chengriha, des patrons des services de renseignements, Bachir Tartag et Wassini Bouazza, du frère du président qui dirigeait le pays durant les deux derniers mandats de Abdelaziz Bouteflika, des personnalités les plus importantes du régime et tutti quanti…




Réaction du gouvernement algérien: en appeler à «l’effort international»! Mais où a donc bien pu passer le fameux «nif» algérien? Quelle faillite! Quelle débâcle! Quel désastre! Incapable d’assurer la défense de sa sécurité nationale, la junte au pouvoir abdique toute souveraineté sur le pays et demande une protection internationale.

Car c’est bien de cela dont il s’agit, quand le département de Lamamra fait part de son souhait de «participer à l’effort international». Quant au droit de l’Algérie «de mettre en œuvre sa stratégie de riposte», cette riposte ne peut être que «téléphonée», au regard de l’incapacité manifeste du régime à garder un secret.

Et cela n’a pas démarré avec Pegasus. Guermit Bounouira, secrétaire de l’ancien chef d’état-major et vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah, a fui l’Algérie avec des dossiers classés Secret Défense et les a remis aux pays par lesquels il a transité ou séjourné.




Si bien qu’avec, ou sans Pegasus, le régime militaire qui dirige l’Algérie n’est décidément aujourd’hui plus qu’une maison en verre pour de nombreux pays. De plus, le général Abdelkader Lechkham, supposé sécuriser les communications en Algérie, a acheté des équipements électroniques inefficaces, détournant au passage la coquette somme de 2 milliards de dollars.

Il a été jeté en prison, de même que plusieurs hauts gradés véreux. La corruption généralisée des généraux qui dirigent ce pays a enfoncé un pays riche en ressources naturelles dans le Moyen-Âge. Pour s’en assurer, il suffit de citer le classement de l’Algérie en matière de vitesse Internet…

Un débit aussi rapide que la vitesse de marche d’une tortue arthritique, dont on se souvient il y a vingt ans: voilà le meilleur bouclier de l’Algérie contre toute cyberattaque. Pegasus risque d’avoir du plomb dans l’aile, avec un débit aussi lent.