Rabat: forum régional arabe pour la réduction des risques de catastrophes
Organisation à Rabat du Forum régional arabe pour la réduction des risques de catastrophes, une reconnaissance du succès marocain dans le domaine (Responsable)
Le gouverneur chargé de la gestion des risques au ministère de l’intérieur, Abdellah Nassif a affirmé vendredi à Rabat que le choix du Maroc pour accueillir la 5ème édition du Forum régional arabe pour la réduction des risques de catastrophes, prévu du 8 au 11 novembre via visioconférence, est une consécration du travail ”exemplaire et efficient” accompli par le pays dans le domaine de la gestion des catastrophes et aussi une reconnaissance des progrès réalisés sur le plan de la matérialisation de la stratégie nationale dédiée à cette question.
”Le choix du Royaume comme pays organisateur de ce forum est justifié par les grandes réalisations accomplies sur le registre de la matérialisation de la stratégie nationale sur la gestion des risques, faisant du Maroc un pays modèle en la matière, salué par la Banque Mondiale et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et autres organisations internationales”, a-t-il souligné dans une interview donnée à la MAP.
Un choix motivé aussi par le niveau atteint dans le pays, passant d’une gestion des catastrophes après leur survenue à une démarche de gestion des risques par anticipation et ce, depuis, 2014”, a-t-il ajouté.
Il a noté que ce succès et cette performance s’expliquent par la mise en œuvre des Hautes Orientations de SM le Roi Mohammed VI qui avait appelé en 2004 à réfléchir sur les moyens garantissant une meilleure préparation face aux catastrophes.
Et de relever que la performance marocaine en matière de gestion des risques et des catastrophes repose sur trois fondamentaux, à savoir le volet institutionnel, la bonne gouvernance et l’action sur le terrain à travers les mesures de prévention face aux catastrophes naturelles.
Il évoque, à ce propos, la création en 2008 du centre de veille et de coordination basé au ministère de l’Intérieur, le Fonds de lutte contre les catastrophes naturelles (2009), la Direction de gestion des risques naturelles au même ministère, laquelle a pour mission de chapeauter les opérations de gestion des risques via une mutualisation des efforts et un échange des informations entre l’ensemble des départements concernés.
M. Nassif a aussi rappelé le lancement depuis 2015 de nombreux projets sur le plan national dédiés à la prévention contre les catastrophes naturelles et qui sont sélectionnés en toute transparence via des appels d’offres.
Il s’agit au total de 226 projets d’un coût de plus de 3,5 milliards de dirhams dont une contribution de plus d’un tiers du Fonds de lutte contre les catastrophes naturelles.
À cela s’ajoutent le programme intégré de gestion des risques de catastrophes naturelles et de renforcement des moyens de lutte ou encore celui portant sur l’assurance du sinistre qui englobe les victimes décédées et blessées, nationaux ou étrangers ainsi que les habitations dont les propriétaires lésés peuvent être indemnisés en cas de possession d’une police d’assurance.
À défaut de quoi, ils peuvent prétendre à une indemnisation grâce au Fonds de solidarité contre les catastrophes naturelles.
Il relève, à ce propos, que le Maroc se positionne ainsi comme le seul pays arabe à avoir instauré une indemnisation en faveur des sinistrés suite aux catastrophes naturelles, et il est même l’un des rares pays dans le monde disposant d’un système de couverture adapté aux risques des catastrophes naturelles.
D’où, pour lui, l’importance de ce Forum régional arabe organisé en partenariat avec la Ligue Arabe et le Bureau des Nations-Unis pour la réduction des risques de catastrophes, qui sera une occasion pour les pays arabes de bénéficier de l’expérience marocaine.
À une question sur le contexte dans lequel se tient ce Forum, il indique que cela porte principalement sur les défis et risques posés devant les pays arabes sur le plan de la gestion des catastrophes (Séismes, Inondations, Sécheresse, Pandémies), à l’appui du cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030, outre les forums régionaux pour la réduction des risques des catastrophes. Ce Forum intervient aussi dans une conjoncture marquée par l’adoption de la stratégie arabe pour la réduction des risques de catastrophes (2030).
Elle se propose comme un cadre d’action arabe commune à même de favoriser la matérialisation du cadre de Sendai et de mettre en œuvre les recommandations issues de la quatrième édition du Forum régional arabe pour la réduction des risques de catastrophes couronnée par la déclaration de Tunis en octobre 2018 et qui plaident pour une transition allant de la gestion des catastrophes à la gestion des risques.
À noter que le cadre Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030 est un cadre international et onusien qui vise à prévenir l’émergence de nouveaux risques de catastrophe et à réduire les risques existants en mettant en œuvre des mesures intégrées et globales pour réduire l’exposition aux risques et améliorer la résilience face à ces derniers.
Sur, par ailleurs, la concomitance de ce Forum ayant pour thème ”Du risque à la résilience, accélérer l’action locale pour la réduction des risques de catastrophe” avec la tenue de la 26ème conférence des Parties des Nations-Unis sur le changement climatique (COP 26) à Glasgow en Écosse, M. Nassif relève le lien étroit entre les deux conférences, sachant que la plupart des catastrophes sont causées par les changements climatiques.
Il a évoqué, à ce propos, le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié en août dernier qui tire la sonnette d’alarme en indiquant que nombre de changements climatiques relevés sont sans précédent depuis des milliers, voire des centaines de milliers d’années, et certains phénomènes déjà en cours – comme l’élévation continue du niveau de la mer – sont irréversibles sur des centaines ou des milliers d’années.
C’est pour cela qu’il dit partager l’appellation donnée à la COP 26 comme étant ”l’appel de la dernière chance” pour réduire les émissions de carbone avant qu’il ne soit trop tard.
S’agissant, par ailleurs, des objectifs de ce cinquième forum régional arabe pour la réduction des risques de catastrophe, M. Nassif indique qu’il sera l’occasion d’évaluer les progrès réalisés sur le chemin de la matérialisation des dispositions contenues dans le cadre de Sendai 2015-2030 ainsi que la mise en œuvre de la stratégie arabe pour la réduction des risques de catastrophes avec notamment le souci d’accélérer son application et aussi la définition des priorités régionales pour les deux années à venir.
Le Forum, poursuit-il, vise également à favoriser les échanges d’expériences.
Il vise aussi à promouvoir les bonnes pratiques sur les priorités régionales pour la réduction des risques de catastrophes, outre la mise en place de partenariats en faveur de la mise en œuvre du cadre de Sendai ainsi que la consolidation de la complémentarité entre la réduction des risques de catastrophes et les changements climatiques et le développement durable.
Sans oublier aussi l’intégration de la gestion des risques des catastrophes dans tous les secteurs dédiés au développement humain et à la santé ou encore l’évaluation du bilan à mi-parcours sur le plan de la mise en œuvre du Cadre de Sendai.
M. Nassif n’a pas manqué de souligner que les préparatifs pour l’organisation de ce forum se sont déroulés dans le respect de certains critères qui prennent en ligne de compte, entre autres, l’agenda international, la multiplicité des intérêts, les catégories sociales les plus exposées aux risques et les plus précarisées, la réactivité et la créativité ainsi que la préservation de l’environnement.
“La déclaration de Rabat” qui va sanctionner les travaux de ce forum, devra confirmer l’engagement des pays arabes en faveur de la mise en œuvre du cadre de Sendai et la stratégie arabe de lutte contre les catastrophes 2030.
Ce forum devra également aboutir à la mise en place d’un plan d’action définissant les priorités de la stratégie arabe de lutte contre les catastrophes 2030 pour la période 2021-2024, outre des recommandations qui seront soumises aux participants au 7ème Forum mondial pour la réduction des risques de catastrophes prévu en mai 2022 en Indonésie.
Concernant la place de la coopération Sud-Sud sur le registre de la réduction des risques de catastrophes, M. Nassif a indiqué que le Maroc prend part périodiquement à toutes les conférences et autres manifestations organisées en Afrique sur le sujet, une présence et une contribution de plus en plus importantes surtout depuis le retour triomphal du Royaume à l’Union Africaine.
Il a fait savoir, à ce propos, que de nombreux pays africains ont formé le vœu de bénéficier de l’expérience marocaine dans le domaine de la gestion des risques liés aux catastrophes naturelles, assurant que malgré les contraintes posées par l’épidémie, le Maroc reste toujours disposé à apporter son appui et son expertise aux pays africains grâce notamment à des formations adaptées.
Et d’annoncer l’ouverture imminente d’un Centre national de gestion des risques des inondations, le premier dans le monde arabe et en Afrique.