vendredi, avril 26, 2024
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Maroc: déception des producteurs d’huile d’olive

Maroc: déception des producteurs d’huile d’olive




L’olivier, de par ses produits et leurs utilisations séculaires ainsi que ses fonctions multiples de lutte contre l’érosion, de valorisation des terres agricoles et de fixation des populations dans les zones de montagne, constitue la principale spéculation fruitière cultivée au Maroc.

En pleine campagne oléicole, les estimations prédites par les professionnels du secteur ne sont malheureusement pas atteintes. « C’est une année très particulière en termes de conditions climatiques puisqu’elle a été très marquée par la sécheresse, causant un problème dans la production des olives et donc de l’huile d’olive », explique Noureddine Ouazzani, responsable de l’agropole Olivier ENA Meknès.

Le responsable fait savoir que le manque de précipitations de cette année a fait perdre aux agriculteurs et professionnels du secteur, environ 30% de leurs estimations. L’expert l’avait prédit. Dans une interview accordée à SNRTNews, Noureddine Ouazzani avait expliqué que sans pluie, les agriculteurs devraient produire uniquement entre 80.000 et 90.000 tonnes, alors qu’avec les précipitations, la production locale pourrait atteindre les 120.000 tonnes. Et c’est exactement ce qui est arrivé.

« La qualité de l’olive est très moyenne cette année, surtout dans les «zones bour» qui sont des zones d’agriculture pluviale. Ce problème ne se pose par contre pas dans les terres bien irriguées qui nous ont permis d’obtenir des olives de bonne qualité et donc une huile très intéressante », ajoute le responsable de l’agropole Olivier ENA Meknès.




1 million 200.000 hectares dédiés aux oliviers

Pareillement, Noureddine Ouazzani rapporte que l’Olivier marocain occupe un espace considérable au Maroc puisqu’il est présent dans la quasi-totalité du territoire avec 1 million 200.000 hectares de terres dédiés aux oliviers. « En 2019-2020, la production nationale des olives a dépassé 1,9 million de tonnes. Lors de cette même campagne, la production de l’huile d’olive s’est établie à près de 145.000 tonnes, et celle des olives de table à 130.000 tonnes.

Mais cette campagne ainsi que sa précédente s’avèrent un peu particulières », ajoute ce dernier. Pour ce qui est des exportations, l’expert fait savoir que le Maroc n’est toujours pas arrivé à ce stade et ne pourra y voir plus clair que dans deux semaines.

« Notre priorité est d’abord que les gens réussissent à produire de l’huile d’olive, car pour la plus part des agriculteurs qui n’ont pas de moyens pour irriguer leurs terres, la quantité ainsi que la qualité de l’huile produite ne sont pas satisfaisantes comparées aux précédentes campagnes ».

Par ailleurs, si le prix du litre cette année a augmenté c’est parce que son coût s’est élevé à l’international, passant de 2 euros en 2019 à 3,60 euros le kilogramme en 2021.




« La bonne nouvelle est que le Maroc commence petit à petit à élargir son marché d’exportations. Nous commençons à exporter aux Etats-Unis car nous avons les accords de libre échange qui sont très importants. Et nous avons également commencé à toucher l’Europe, le Canada ainsi que la France. Le potentiel qualitatif de l’huile d’olive marocaine se développe de plus en plus », affirme Noureddine Ouazzani.

Les olives sont, quant à elles, généralement exportées en vrac. Selon Dr Ouazzani, pouvoir les exporter autrement obligerait le Maroc à installer et mettre en place tout un instrument marketing national. Une initiative que le Royaume a développée concernant l’huile mais toujours pas pour son fruit.

« Nous avons commencé à exporter de l’huile d’olive en bouteille conditionnée. Pour qu’une marque marocaine soit développée et vendue à l’international, ça prendrait beaucoup de temps. Nous avons des petits marchés au niveau de l’Europe et l’Asie, mais ça reste très minime. »

Toujours selon le responsable de l’agropole Olivier ENA Meknès, le Maroc importe peu et s’il le fait, c’est de la Tunisie qu’il achète son huile d’olive importée, bien qu’elle ne concurrence en aucun cas, si ce n’est que très peu, l’huile marocaine produite localement.




Point sur la situation dans le monde

Pour rappel, au cours de la campagne précédente, le marché international de l’huile d’olive a connu un grave déséquilibre entre l’offre et la demande. Ceci a induit une chute des prix sur un marché caractérisé par deux récoltes successives importantes en 2018-2019 et 2019-2020, et un niveau de stock déjà élevé.

À fin décembre 2019, la Commission européenne a estimé à 3,121 millions de tonnes la production mondiale d’huile d’olive pour la campagne 2019/2020. Avec 70% de la production mondiale, l’Union européenne (UE) reste le premier producteur d’huile d’olive.

Les perspectives de la production dans l’UE ont atteint environ 1,900 millions de tonnes d’huile d’olive pour la campagne 2019-2020 enregistrant ainsi une baisse de 12% par rapport à la campagne 2018/2019 qui était arrivée à 2,264 millions de tonnes. Le Maroc a extrait en 2019, 145.000 tonnes d’huile d’olive, notant une baisse des récoltes de 28% par rapport à l’année 2018 (200.000 tonnes).

La Tunisie a, quant à elle, battu le record de la production avec une hausse de 150%, soit 300.000 tonnes d’huile d’olive. « Nous ne pouvons pas nous comparer à la Tunisie, qui est classée 3e dans les rangs des plus grands producteurs mondiaux d’huile d’olive. Alors que nous produisons d’habitude 200.000 tonnes, eux produisent le double, il ne faut donc pas comparer l’incomparable », conclut Dr Ouazzani.