Immigrer clandestinement en Espagne, c’est « comme payer pour mourir »
Immigrer clandestinement en Espagne, c’est « comme payer pour mourir »
Saad Kataloni, 19 ans, et Bouaza Ben Anaya sont deux Marocains qui ont tenté d’immigrer en Espagne au péril de leurs vies. Aujourd’hui, ils sont convaincus que ce n’est pas la meilleure option face au chômage qui sévit au Maroc.
Saad Kataloni, originaire de Dakhla, a encore vivace dans ses esprits, les images de ses amis qui sont morts par noyade sous ses yeux, alors qu’ils tentaient de rejoindre les îles Canaries par bateau.
Lui, a pu être sauvé parce qu’il portait un gilet après que le bateau qui les transportait a coulé en raison de la surcharge de passagers.
« Je vais étudier et trouver un emploi. Quand j’aurai un salaire, il sera plus facile de voyager en Europe avec un visa », déclare-t-il à EFE, ajoutant que tenter d’immigrer clandestinement, « c’est comme payer pour mourir ».
Déterminé, Saad s’est déjà inscrit dans une auto-école. Il veut devenir transporteur.
Quant à Bouaza Ben Anaya, il avait tenté d’immigrer clandestinement en Espagne, il y a vingt ans.
Aujourd’hui, âgé de 56 ans, l’homme originaire de Tanger raconte que l’organisateur du voyage lui avait volé son argent (25 000 dirhams, soit environ 2 400 euros), ce qui ne lui avait pas permis d’atteindre son objectif.
Depuis son retour au Maroc, il tient un petit kiosque au centre-ville. « Les jeunes migrent faute de travail. Et comme travailler dans les champs avec leurs parents est difficile pour eux, ils choisissent d’immigrer », explique-t-il.
Pour Hanane Serrhini, spécialiste marocaine des questions migratoires, l’immigration clandestine est malheureusement devenue « une solution au chômage au Maroc ».
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), au moins 937 migrants ont perdu la vie en mer, entre janvier et novembre, un chiffre qui ne traduit pas forcément la réalité, vu que de nombreux autres migrants disparaissent et ne sont jamais retrouvés.