vendredi, novembre 22, 2024
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La position de Madrid sur le Sahara pourrait lui coûter sa relation avec le Maroc

La position de Madrid sur le Sahara pourrait lui coûter sa relation avec le Maroc




La crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne s’enlise et inquiète beaucoup en Espagne surtout depuis que sa position ambiguë sur le Sahara risque aujourd’hui d’empiéter sur ses relations économiques avec le Maroc.

Les milieux intellectuels espagnols ne comprennent pas l’entêtement de l’Espagne surtout depuis la reconnaissance américaine et le changement de position allemand en soutien au Maroc.

Huit mois après le faux pas de l’Espagne qui a créé la crise de confiance entre les deux royaumes, les relations sont toujours au point mort. Les déclarations qui semblent « positives » des politiques en Espagne sont loin de refléter la réalité de la situation.

Aujourd’hui, si les contacts ne sont pas complètement rompus entre Rabat et Madrid, la crise diplomatique atteint toutefois son point culminant puisque l’ambassadrice du Maroc, Karima Benyaich rappelée en mai dernier est toujours à Rabat, ce qui démontre que la crise n’est toujours pas enterrée.

À ce stade, seul le pas de la rupture des relations diplomatiques n’a pas été franchi. Le Maroc ne semble pas accepter la position ambiguë de l’Espagne sur le Sahara et son double jeu.




Ce dernier a été mis en évidence lors de l’accueil du chef de la milice séparatiste sahraouie du polisario, Brahim Ghali en avril dernier.

L’affaire a coûté sa place à l’ancienne cheffe de la diplomatie espagnole Arancha Laya Gonzales (remplacée par José Luis Albares), et l’excuse avancée au début par l’Espagne, selon laquelle, il a été accueilli pour motif « humanitaire », s’est révélé être une décision de nature « politique » quelques mois plus tard devant la justice, de l’aveu de l’ancienne ministre elle-même.

Les relations entre les deux pays voisins restent toujours plombées par cette affaire, en témoigne l’exclusion de l’Espagne par le Maroc de son opération Marhaba l’été dernier, et le choix d’un transit des Marocains résidents à l’étranger via d’autres ports européens.

Par ailleurs les échanges commerciaux entre les deux pays sont presque au point mort, et les transporteurs qui faisaient transiter des produits espagnols au Maroc subissent un blocage au niveau des douanes marocaines.

Ce tour de vis opéré par le Maroc, l’Espagne l’a compris et le ressent. De plus, Madrid sait qu’il ne s’agit que d’un avertissement.




Le Maroc qui a fait de l’Espagne son premier partenaire commercial du fait des relations historiques entre les deux pays et de la proximité géographique pourrait évidemment changer de cap vers d’autres pays européens.

Et c’est cette option que redoute tant l’Espagne dont l’économie repose en grande partie sur ses relations avec son voisin du sud. Les déclarations des représentants espagnols ont témoigné de leur souhait de rétablir au plus vite les relations « essentielles » avec le Maroc, toutefois, ils n’ont pipé mot sur le sujet de fond, le Sahara.

Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a récemment rencontré le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, à Bruxelles à l’occasion du dernier sommet entre l’Union européenne et l’Union africaine.

Sanchez en a profité pour redire l’importance des relations marocco-espagnoles, « stratégiques » pour Madrid.

Les deux hommes ont convenu au cours de leur conversation, de « la nécessité de progresser dans la relation stratégique » entre les deux pays. « Pour l’Espagne, le Maroc est un partenaire stratégique avec lequel nous devons marcher ensemble », avait-il déclaré en janvier.




C’était lors d’une visite du chancelier allemand Olaf Scholz en Espagne. Ces mots, intervenaient alors que le roi d’Espagne, Felipe VI, avait tenté de faire des gestes d’apaisements envers le Maroc. Le monarque espagnol avait souligné l’importance des liens politiques et historiques entre les pays voisins et alliés.

Quelques mois auparavant, le Roi Mohammed VI, avait déclaré dans un discours sa volonté d’ »inaugurer une étape sans précédent » dans les relations entre les deux pays.

Plus tard, le roi avait fait savoir dans son discours à l’occasion du 46ème anniversaire de la Marche Verte, que les parties qui entretiennent des positions floues ou ambivalentes sur le dossier du Sahara, ne pourront pas espérer engager avec le Royaume une quelconque démarche d’ordre économique ou commercial qui exclurait le Sahara marocain.

La proposition de large autonomie du Maroc pour la résolution du conflit sur le Sahara obtient un large soutien et consensus international, et a fait reconnaitre les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur son Sahara, et a fait changer la position de Berlin sur le sujet, en soutenant la proposition de Rabat.




Mais l’Espagne de son côté, continue de s’accrocher à un espoir infime d’un référendum qui a été éliminé du processus des Nations unies depuis plusieurs années vu l’impossibilité de sa mise en œuvre, ou une autre option encore plus improbable.

Face aux succès diplomatiques engrangés par le Maroc dans la défense de son intégrité territoriale, et malgré une menace de l’Algérie déguisée par le mouvement séparatiste polisario, l’étau se resserre autour de l’Espagne qui perd également un soutien tant recherché des États-Unis.

« Alors que l’Espagne languit, d’autres pays profitent du contentieux sahraoui pour bouger , soit en se faisant bien voir du Maroc, soit en conditionnant l’aide militaire », a écrit le site d’information espagnol Atalayar.

Et de faire une comparaison avec l’Allemagne qui avait également une crise diplomatique avec le Maroc a pourtant a réussi à la dépasser.

« Nous avons le nouveau gouvernement allemand qui a approuvé la position marocaine de résoudre le conflit du Sahara par l’autonomie sous contrôle marocain.. Une telle décision devrait intéresser l’Espagne », a noté le site.




Et de souligner que le gouvernement allemand a des points communs avec l’exécutif espagnol.

« Le gouvernement de coalition du même signe que celui qui gouverne en Espagne ait décidé d’essayer d’améliorer les relations avec le Maroc devrait être considéré comme un exemple pour Madrid sur la façon de commencer à réparer les relations avec le Maroc », estime Atalayar.

« Au final, un Sahara stable sous autonomie marocaine ou sous la tutelle de l’ONU vaut mieux qu’un Sahara indépendant, mais à la merci de la menace terroriste, qui n’est pas si éloignée du Sahara Occidental », ajoute le média qui dévoile en quelques sortes une des cartes que Madrid voudrait jouer contre le Maroc et qui explique sa réticence à reconnaitre la proposition marocaine.

« Si nous ne parvenons pas à réorienter notre relation avec le Maroc, il est fort probable que l’Espagne en soit affectée, soit par de nouvelles vagues migratoires via Ceuta, Melilla (occupées) et les îles Canaries, soit en perdant des opportunités d’affaires et d’investissement dans le pays alaouite, clé pour l’économie espagnole et la promotion de la Marque Espagne », indique le média espagnol soulignant l’urgence de régler le conflit avec le Maroc pour ne « pas perdre le voisin le plus proche de l’Espagne par sa frontière sud ».