Îles Canaries: vers une reconnaissance des victimes du terrorisme commis par le Polisario
Îles Canaries : Timide pas vers une reconnaissance des victimes du terrorisme commis par le Polisario
Le Parlement des Îles Canaries ouvre timidement le dossier des victimes des attentats commis par le Polisario. Une petite revanche pour la présidente de la présidente de l’Association canarienne des victimes du terrorisme, Lucía Jiménez.
Pour la première fois, le Parlement des Îles Canaries a confié à deux membres de l’organisme du Défenseur du Peuple de l’archipel la rédaction d’un rapport sur le terrorisme du Polisario mais sans le citer nommément.
La présidente de l’Association canarienne des victimes du terrorisme (Acavite, créée en 2006), Lucía Jiménez, a été auditionnée par les rapporteurs. Une réunion qui sonne comme une petite revanche pour M. Jiménez qui mène depuis des années son combat pour une reconnaissance officielle, au niveau central et régional, des victimes canariennes des attentats menées par le mouvement séparatiste durant les années 1970 et 1980.
À noter que les médias ibériques qui ont relayé la rencontre ont passé sous silence les actes terroristes commis par le Polisario contre des ressortissants espagnols, alors qu’ils se comptent par centaines, pour se focaliser exclusivement sur les «9 familles victimes d’ETA (l’organisation basque, ndlr)».
L’institution du Défenseur du Peuple des Îles Canaries, dans son communiqué annonçant le début des auditions, n’a pas fait exception.
Les soutiens du Polisario bloquent l’adoption d’une loi sur les victimes du terrorisme
Contrairement aux actes terroristes commis par l’organisation basque ETA ou les jihadistes d’Al Qaida ou de Daesh, ceux portant la signature du Polisario bénéficient de peu d’intérêt de la part de la classe politique et des médias ibériques.
Pourtant la loi 29/2011 publiée au Bulletin officiel de l’Etat espagnol du 22 septembre 2011 «rend hommage aux victimes du terrorisme et exprime son engagement permanent avec toutes les personnes qui en ont souffert ou pourraient en souffrir.
Cette loi est un signal de reconnaissance et de respect et aussi du devoir de solidarité (…) et d’effort partagé pour la réparation des victimes et de leurs familles», lit-on dans son préambule.
Néanmoins, il a fallu attendre le 6 novembre 2015 pour que l’Etat espagnol, dans une tentative de reconnaissance tardive de sa responsabilité, décore 40 victimes du terrorisme commis par le Front séparatiste armé Polisario.
L’Association canarienne des victimes du terrorisme avait d’ailleurs demandé, en mai 2021, à la justice espagnole de procéder à la «détention immédiate» de Brahim Ghali, alors hospitalisé à Logroño.
L’Association souligne qu’il est «l’auteur intellectuel et matériel présumé, d’assassinats, d’enlèvements massifs, et disparitions d’équipages en haute mer de marins canariens de 1973 jusqu’à fin 1986».
Et de rappeler qu’ «il y a 300 victimes canariennes du terrorisme du Polisario dont les familles attendent encore reconnaissance et réparation».
Pour mémoire, les milices du Front sont responsables de l’enlèvement de 38 pêcheurs dans les eaux situées entre le Sahara et les Îles Canaries. Ils avaient retrouvé la liberté à l’automne 1980 après des négociations directes entre le Polisario et le gouvernement espagnol.
En novembre 1978, il y a eu le mitraillage du chalutier canarien «Cruz del Mar» provoquant la mort de sept membres d’équipage. Deux ans plus tard, il y a eu la disparition du chalutier «Mencey de Abona» avec à son bord 14 marins pêcheurs. À ce sinistre bilan, s’ajoutent les attaques commises contre le bateau «El Juanito» en septembre 1985 et le patrouilleur espagnol «Tagomago» venu le secourir.
Les Îles Canaries n’ont pas encore adopté une loi sur les victimes du terrorisme. Les réseaux de soutien au Polisario, très actifs sur l’archipel parmi les forces politiques de droite, de gauche et chez les nationalistes, bloquent l’ouverture de ce dossier.