vendredi, mars 29, 2024
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Plus de 3.000 migrants sont morts en mer en 2021 en route vers l’Europe

Plus de 3.000 migrants sont morts en mer en 2021 en route vers l’Europe




Plus de 3.000 migrants tentant de rejoindre l’Europe sont morts en mer l’année dernière, deux fois plus qu’en 2020, a indiqué vendredi l’ONU qui veut des « alternatives » à ces fuites désespérées et dangereuses.

« Sur ce total, 1.924 personnes ont été déclarées mortes ou disparues sur les routes de la Méditerranée centrale et occidentale, tandis que 1.153 autres ont péri ou ont été portées disparues sur la route maritime de l’Afrique du Nord-Ouest vers les îles Canaries », a déclaré une porte-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés (HCR) à Genève, Shabia Mantoo. En 2020, 1.544 décès avaient été signalés pour les deux routes.

« Fait alarmant, depuis le début de l’année, 478 personnes supplémentaires ont péri ou ont été portées disparues en mer », a relevé Mantoo. Selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, la pandémie de Covid-19 et les fermetures de frontières qui en ont découlé ont eu un impact sur les flux migratoires, de nombreux réfugiés et migrants se tournant vers des passeurs pour tenter de rejoindre malgré tout l’Europe.

Dans un rapport publié vendredi, l’agence de l’ONU pour les réfugiés relève notamment que 53.323 personnes sont arrivées par la mer en Italie l’an dernier, soit 83% de plus qu’en 2020, et 23.042 sont arrivées dans les îles Canaries, presque autant qu’en 2020.




Il y a par ailleurs eu une augmentation de 61% des départs en mer depuis la Tunisie l’an dernier par rapport à 2020, et de 150% depuis la Libye. Les départs depuis l’Algérie n’ont en revanche que très légèrement augmenté (+3%). La plupart des traversées en mer se font à bord de bateaux gonflables bondés et en mauvais état, indique l’agence de l’ONU pour les réfugiés.

Nombre de ces embarcations se dégonflent ou chavirent, entraînant le décès des occupants. « Le voyage en mer depuis les Etats côtiers d’Afrique de l’Ouest, tels que le Sénégal et la Mauritanie, et les îles Canaries est long et périlleux et peut durer jusqu’à 10 jours », a souligné la porte-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés, lors d’un point de presse régulier des agences de l’ONU à Genève.

« De nombreux bateaux ont dévié de leur route ou ont disparu sans laisser de traces dans ces eaux », a-t-elle poursuivi. La Méditerranée centrale est la route de migration la plus meurtrière au monde, avec plus de 17.000 morts et disparitions enregistrées depuis 2014 par le Projet Migrants Disparus de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

L’agence de l’ONU pour les réfugiés assure que les voies terrestres peuvent se révéler également être très dangereuses pour les migrants, et estime qu’un nombre encore plus important qu’en mer de personnes ont pu mourir au cours de leur périple, notamment en traversant le désert du Sahara ou lorsqu’ils sont détenus en captivité par les trafiquants ou des passeurs.




La mort n’est pas le seul danger qui menace les réfugiés et migrants, a relevé Mantoo. Ils sont également victimes de nombreux violations des droits humains: exécutions extrajudiciaires, détentions illégales et arbitraires, violences sexuelles, travail forcé, esclavage, mariage forcé…

À l’occasion de la publication de ses statistiques, l’agence de l’ONU pour les réfugiés a lancé un appel de fonds pour 163,5 millions de dollars pour pouvoir aider et protéger des milliers de réfugiés et d’autres personnes qui tentent de rejoindre l’Europe en passant par les voies maritimes dangereuses de la Méditerranée centrale et occidentale et l’Atlantique.

Selon l’agence de l’ONU pour les réfugiés, entre instabilité politique, conflits, détérioration des conditions socio-économiques et changement climatique, les conditions sont réunies pour observer ces prochaines années un accroissement des déplacements vers l’Europe depuis l’Afrique.

L’organisation appelle les gouvernements à élaborer des « alternatives » pour que les réfugiés et migrants n’aient pas à se lancer dans des périples qui les mettent à merci des trafiquants ou mettent leur vie en danger.