vendredi, avril 19, 2024
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L’Espagne veut impliquer l’OTAN dans ses crises avec le Maroc et l’Algérie

L’ESPAGNE VEUT IMPLIQUER L’OTAN DANS SES CRISES AVEC LE MAROC ET L’ALGÉRIE




Le prochain sommet de l’OTAN ne sera pas exclusivement réservé à la guerre en Ukraine…

Le Royaume d’Espagne, pays hôte de l’événement, cherche à arracher un appui militaire des membres de l’alliance atlantique dans ses crises politiques avec le Royaume du Maroc et l’Algérie.

L’Espagne accueille, les 29 et 30 juin, un sommet ordinaire de l’OTAN.

À Madrid, les participants auront à adopter un document qui a été appelé «OTAN 2020-2030».

Le document porte sur les risques auxquels font face les membres de l’organisation militaire.

Le gouvernement Sánchez compte saisir cette occasion pour proposer d’inclure dans ce «recueil» de menaces : «le chantage par l’immigration» irrégulière à des fins politiques et «la suspension de l’approvisionnement en gaz et pétrole».




Une inclusion aux graves conséquences pour l’OTAN, notamment dans ses relations avec les pays auteurs de ces «menaces».

Cette idée est fortement défendue par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a rapporté le quotidien espagnol  hispanophone El Mundo.

Le chef de la diplomatie espagnole est, depuis plusieurs semaines, en campagne promotionnelle de son projet.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères a d’ailleurs appelé, le 9 juin lors de sa participation à un forum qui a été organisé à Madrid, à «ne pas oublier le flanc sud (de l’Europe)».

José Manuel Albares a mis principalement en garde contre «l’instrumentalisation politique absolument inacceptable de l’approvisionnement énergétique, du terrorisme djihadiste et des flux migratoires irréguliers pour faire pression sur notre souveraineté».




Le Maroc et l’Algérie, dans la ligne de mire de la proposition espagnole

De son côté, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, a alerté aussi sur les menaces guettant l’aile sud de l’OTAN dans un discours qu’il a prononcé, le 25 mai, au Forum de Davos.

«Pour l’Espagne, il est très important que le sommet de l’OTAN à Madrid envoie un message fort à son flanc sud. Nous devons faire face au défi sécuritaire sur le flanc est, mais aussi aux problèmes de sécurité sur le flanc sud», a précisé le Président du gouvernement d’Espagne.

La nouvelle stratégie espagnole vise essentiellement le Royaume du Maroc et l’Algérie.

Le Royaume du Maroc a déjà fait pression sur l’Espagne en activant la carte de l’immigration irrégulière.




En témoigne, d’ailleurs, l’exode de milliers de Marocains, les 17 et 18 mai 2021, vers la ville occupée de Ceuta.

Des arrivées massives, en deux jours seulement, alors que les relations maroco-espagnoles étaient engluées dans une grave crise, suite aux conditions ayant entouré l’hospitalisation en catimini en Espagne, en avril de la même année, du chef du groupe séparatiste armé qui se fait appeler « Polisario », Brahim Ghali.

L’Algérie s’initie également à jouer la même carte.

Des médias ibériques font le lien entre la hausse du nombre de migrants irréguliers en provenance de l’Algérie qui arrivent aux Îles Baléares et l’annonce, le 18 mars, du soutien du Président du gouvernement d’Espagne, Pedro Sánchez, au plan d’autonomie au Sahara marocain.




Depuis l’officialisation de cet appui, l’Algérie a également menacé de suspendre ses exportations de gaz et de pétrole vers l’Espagne.

Ces menaces ont été proférées à visage découvert par de hauts représentants du gouvernement algérien, tels que le ministre de l’Énergie et des mines, Mohamed Akrab, le Secrétaire Général du Ministère algérien des Affaires étrangères, Chakib Rachid Kaïd, et l’ambassadeur algérien accrédité en Italie, Abdellkrim Touahria.

Dans deux semaines, la proposition espagnole sera adoptée ou rejetée par les membres de l’alliance atlantique.

Pour rappel, depuis juin 2004, le Royaume du Maroc bénéficie du statut d’allié majeur des États-Unis hors OTAN.

À savoir que le statut d’allié majeur non-OTAN permet, entre autres, au Royaume du Maroc de se porter candidat à la participation à certains contrats militaires américains, recherches militaires et programmes de développement contrôlés par le Pentagone.