vendredi, avril 26, 2024
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Maroc-France: l’appel à la réciprocité des visas fâche le secteur touristique national

MAROC-FRANCE: L’APPEL À LA RÉCIPROCITÉ DES VISAS FÂCHE LE SECTEUR TOURISTIQUE NATIONAL

L’activité touristique au Maroc, quoique secouée par le Covid-19 pendant deux années, semble avoir repris son envol. Hôteliers, transporteurs touristique, agents de voyages, restaurateurs,… tous les acteurs du secteur qui tournent en orbite autour de la chose touristique se satisfont volontiers de cette relance qui s’est confirmée en cet été.




Cependant le smiley ne saurait être complet sur les visages de nos professionnels du tourisme.

En cause les demandes de visas que la France refuse d’accorder à 70% aux Marocains et qui a fait qu’aujourd’hui, nombre d’entre eux demandent la réciprocité à travers des requêtes sociétales afin d’imposer un visa aux Français souhaitant visiter le Royaume.

Certains politiques et juristes marocains demandent même à « rendre la pareille » aux intérêts diplomatiques français dans cette « crise silencieuse qui ne veut pas se raconter » entre Rabat et Paris.

Moins radicalement toutefois, d’aucuns préconisent au moins d’imposer aux personnes de nationalité française, qui ô paradoxe, n’ont besoin d’aucun visa pour voyager au Maroc (séjour ne dépassant pas les 90 jours), l’éligibilité à un visa électronique pour le Maroc en réponse à la décision de la France de réduire le nombre de visas de moitié (Maroc, Algérie) ou du tiers (Tunisie) au ressortissants du Maghreb.

Selon les données publiées par le ministère français de l’Intérieur, en 2020, les Marocains ont obtenu environ 98.000 visas d’entrée en France, contre 346.000 en 2019, environ 303.000 en 2018 et 295.000 en 2017.




Cette histoire, de visas et de réciprocité si d’aventure en est l’éventualité, fait grincer les dents dans le secteur touristique national en raison de l’importance du marché français dans ses calculettes, d’autant plus que le Maroc sort d’une période de deux ans de vache maigre où il a subi d’énormes pertes financières.

À cet égard, Zoubir Bouhout, expert dans le domaine du tourisme, met vivement l’accent, dans une déclaration à propos de la place importante « qu’occupe la France dans l’économie touristique marocaine, à travers le nombre de touristes que draine le Royaume en été à partir de cette destination.

C’est une énorme entrée de devises pour le Maroc dont on ne saurait se passer ».

Nonobstant le côté “politicard“ de la chose et ne traitant que le volet économique, Zoubir Bouhout dira qu’en 2019 « le Maroc avait reçu près de 13 millions de visiteurs, répartis ainsi, 7 millions de touristes internationaux et 5,9 millions de Marocains de la diaspora », notant que « sur les 7 millions d’internationaux, le Maroc avait reçu environ deux millions de touristes français (plus de 28 %) ».




L’expert du tourisme a déclaré que « plus de 25 milliards de dirhams appartiennent au seul marché français en termes de revenus annuels du secteur du tourisme, qui, par exemple, s’élevaient à 78,747 milliards de dirhams en 2019, ce qui constitue 32% des revenus financiers ».

« La France contribue pour environ 28% des arrivées étrangères au secteur du tourisme et 32 % des revenus en devises fortes », a ajouté Zoubir Bouhout, notant que « le secteur du tourisme au Maroc dépend beaucoup du marché français ces dernières années, surtout à la lumière de la compétitivité croissante des destinations touristiques régionales, notamment turques ».

Il relève en outre « les touristes français constituent un pourcentage important des touristes actuels au Maroc pendant l’été, car ils contribuent à relancer un groupe de professions touristiques touchées par les conséquences de la pandémie, et apportent aux professionnels des revenus financiers qui ne sont pas à négliger par ces temps difficiles et dans la situation politique mondiale actuelle ». Selon l’expert, les recettes en devises ont plus que doublé en 2022.

« À fin juin, on comptait une recette en devise de plus de 28 milliards de dirhams. Si on la compare à la somme de moins de 9 milliards enregistrée en 2021, ça donne une progression de 206% » a-t-il soutenu.