vendredi, mars 29, 2024
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Des ados français en difficulté en séjour de rupture au Maroc

DES ADOLESCENTS FRANÇAIS EN DIFFICULTÉ EN SÉJOUR DE RUPTURE AU MAROC

Depuis 2015, des adolescents français en difficulté passent six mois d’immersion au Maroc. Une manière de leur donner une seconde chance et éviter l’incarcération.




Déscolarisés pour la plupart et certains accros à la drogue, ces adolescents français considérés comme « incasables », passent de foyers en familles d’accueil ou dans les hôpitaux psychiatriques.

« Ils ont 15 ou 16 ans, et on leur fait déjà comprendre qu’il n’y a de place pour eux nulle part », déplore Xavier Velly, directeur du Dispositif d’accueil diversifié (DAD) de l’association Sauvegarde de l’enfance du Finistère (ADSEA 29).

Estimés à 6 000 en France, selon l’association Oser, ces ados sont exposés à la délinquance, rapporte Slate.

Pour les aider à trouver leur voie, Xavier Velly et son équipe du DAD basée à Quimper leur proposent des séjours de rupture.




Une pratique qui consiste à les sortir brutalement de leur environnement pour leur permettre de réfléchir et de se retrouver.

Chaque année, une vingtaine de jeunes volontaires sont envoyés au Maroc, en Espagne ou au Sénégal pour ces séjours de six mois.

Au Maroc, ces ados sont accueillis à Taroudant, où ils sont pris en charge par l’association marocaine Ahlan, partenaire du DAD et de la Sauvegarde de l’enfance du Finistère.

Imane, une Roubaisienne de 14 ans, y séjourne depuis un mois. Elle a opté pour ce séjour parce qu’elle « n’arrête pas de faire des bêtises avec [ses] copines ».

Hébergée en famille d’accueil, elle suit un stage dans une école de coiffure. Au cours du séjour, les ados français ne rencontrent que des Marocains.




« À chaque fois que les jeunes se sont croisés, ça a été très dur à gérer », confie Maryam Amazzal, cheffe de service à l’association Ahlan. Et au directeur Rachid Birouk d’ajouter : « Celui qui s’engage est perturbé par celui qui n’est pas engagé ».

Les ados ont droit à un appel hebdomadaire à leur famille et à leurs éducateurs de Quimper, et à une trentaine de minutes de connexion internet par semaine.

« On ne change pas tous les jeunes du tout au tout en six mois. Pour certains, c’est une graine qui a été semée et qui portera peut-être ses fruits dans cinq ou dix ans. Ils ont un bien-être, un apaisement, sans que cela se traduise directement par une réussite sociale », déclare Xavier Velly.

À terme, certains choisissent de rester au Maroc où ils ont trouvé ce qui leur manquait en France : des amis, une famille et un métier.