vendredi, novembre 22, 2024
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Maroc-Russie: la stratégie géopolitique de l’Algérie mise à mal

MAROC-RUSSIE: LA STRATÉGIE GÉOPOLITIQUE DE L’ALGÉRIE MISE À MAL

L’annonce par la Russie de la validation d’un accord sur la construction d’une centrale nucléaire au Maroc, semble créer des remous et des craintes en Algérie, non pas concernant le projet en lui-même mais pour sa perte de sa relation privilégiée avec Moscou.




Si le projet de construction d’une centrale nucléaire pour la production d’électricité au Maroc avec l’aide et l’expertise de la Russie n’est même pas à un stade embryonnaire puisqu’aucun accord n’a été signé par les deux parties, la seule annonce de la deuxième validation au niveau de Moscou d’un éventuel accord, signé au préalable en 2017, provoque de vives réactions à Alger.

En effet, cette annonce du Premier ministre russe, s’inscrit dans un contexte précis.

Il a attendu 5 ans pour donner son aval à un accord préalablement signé par Rabat et Moscou, pour le faire quelques jours à peine après la visite de la moitié de l’exécutif français à Alger.

La venue de cette importante délégation française qui n’a finalement signé aucun accord substantiel, avait surtout une visée de communication.

L’Algérie avait besoin qu’un important nombre de ministres de l’Hexagone se déplaçant à Alger après la visite du président Emmanuel Macron, pour que les médias internationaux en parlent.

L’Algérie avait besoin de montrer au monde qu’elle est amie avec l’une des grandes puissances occidentales, pour détourner l’attention de la communauté internationale de ses liens militaires forts avec la Russie, en étant l’un de ses principaux clients.




Alger avait grandement besoin de ce coup de com’ préparé à la dernière minute (en témoigne la signature de déclarations d’intentions) pour éviter d’être dans le viseur des sanctions américaines et occidentales.

« Eh bien voilà la Russie notre allié se tourne vers le Maroc notre premier adversaire. Maintenant j’aimerais voir la gueule des dirigeants algériens qui nous ont fait croire que la Russie sera de leur côté s’il y a une guerre entre le Maroc et l’Algérie », a réagi le journaliste algérien Abdou Semmar, en parlant de la riposte de la Russie.

Tout en soulignant que le président russe « ne fait pas dans les sentiments », il a fait noter que « la Russie de Vladimir Poutine, cet allié, auquel on achète chaque année des milliards de dollars d’armes, à peu près 7 à 8 milliards … Eh bien la Russie est prête à donner les secrets de l’énergie nucléaire à nos adversaires marocains ».

« Poutine il s’en fout du +Sahara occidental+, pour lui il n’existe même pas », a affirmé le journaliste algérien qui a néanmoins cité le fait que la Russie vote en général contre ou s’abstient de voter les résolutions concernant le Sahara devant le Conseil de sécurité, supposément pour appuyer les positions de l’Algérie dans le dossier.




Abdou Semmar, en critiquant les calculs des dirigeants algériens, a indiqué que ce qui intéresse Vladimir Poutine « c’est le leadership mondial… là où il peut avoir des projets, là où il peut gagner de l’argent, implanter son influence, il le fait ».

La Russie, poursuit le journaliste, « ne fait aucune distinction entre le Maroc et l’Algérie.

Même si l’Algérie lui achète des milliards de dollars d’armes, la Russie s’en contrefiche » car pour Moscou, l’Algérie est un client, alors que pour l’Algérie, la Russie est son allié contre le bloc occidental et l’axe avec Israël.

Pour les Russes, « on leur achète des armes, point barre. », a-t-il affirmé avant d’ajouter que « ça ne veut pas dire que la Russie va nous soutenir contre le Maroc », contrairement à ce que les généraux algériens affirment et voudraient montrer.

Abdou Semmar a également mis en avant le contexte de cette annonce russe, estimant qu’elle vient tout juste après le rapprochement avec Paris. Selon lui, « c’est une réponse directe ».




Le rabibochage de la France et l’Algérie alors que « la France est l’adversaire déclaré de la Russie dans la crise ukrainienne et qui fournit des armes aux militaires ukrainiens » aurait eu pour conséquence ce rapprochement de Moscou avec le Maroc « qui est l’ennemi direct en ce moment malheureusement de l’Algérie », note-t-il encore.

Et de poursuivre que l’Algérie est revenue dans le giron de la France « parce qu’elle a bien vu que Vladimir Poutine patine sur le front militaire ukrainien et l’Algérie a peur et c’est très bien parce qu’elle est encerclée en Libye, dans le Sahel, le Maroc et beaucoup de puissances hostiles, Israël, les pays de l’Otan, elle a beaucoup de problèmes politiques avec les pays occidentaux comme avec l’Espagne ».

Ce revirement de situation de l’Algérie qui a changé complètement sa position vis à vis de la France, et qui a été mal perçu par la Russie, lui permettrait de « se rapprocher d’une puissance qui pourrait lui être très utile dans le cas où elle aurait des problèmes sécuritaires ou militaires », a indiqué le journaliste exilé en France.