Tahar Benjelloun interpelle Emmanuel Macron sur les relations avec le Maroc
TAHAR BENJELLOUN INTERPELLE EMMANUEL MACRON SUR LES RELATIONS AVEC LE MAROC
Le président français Emmanuel Macron « devrait apprendre le marocain, non la langue, mais sa culture traditionnelle, son fonctionnement qui n’a rien à voir avec le système des autres monarchies », a estimé l’écrivain, Tahar Benjelloun dans une chronique dans le magazine français « Le Point ».
Dans une chronique dans le magazine « Le Point », l’auteur de « l’Enfant de sable », indique qu’Emmanuel Macron sait ce qu’il doit faire pour arranger la situation entre le Maroc et la France.
Constatant la dégradation des relations privilégiées entre le Maroc et la France, Benjelloun soutient: « Quand ça ne va plus, on essaie d’agir pour soigner la relation ou du moins regarder la réalité en face et faire ce qu’il faut pour que les choses reprennent leur cours normal ».
Après avoir rappelé l’importance des liens entre Paris et Rabat, mais aussi la particularité et la profondeur de l’identité du Maroc, « un pays qui n’a jamais été colonisé », qui a résisté aux Ottomans et a été sous protectorat français, Tahar Benjelloun, fait noter qu’entre le palais de Rabat et l’Élysée, « la communication a toujours eu lieu à travers deux personnalités en dehors des ambassadeurs », à savoir le Souverain et le président.
François Mitterrand, avance le chroniqueur, entretenait des relations « même amicales avec Hassan II », ajoutant que les deux chefs d’État s’appréciaient et s’estimaient.
« Il en fut de même avec Jacques Chirac, vieil ami de la famille royale et du peuple marocain », ajoute-t-il.
En parlant des autres présidents français qui ont suivi, Nicolas Sarkozy et François Hollande, « eux aussi ont compris l’importance du Maroc et ont entretenu d’excellentes relations avec le roi », met en avant l’écrivain.
Il fait là le parallèle entre Nicolas Sarkozy et Emmanuel Macron en racontant une anecdote qui semble fort semblable à une récente situation dans laquelle est tombé l’actuel président français.
Nicolas Sarkozy, ne connaissant pas bien le protocole monarchique, avait cru au début de son quinquennat, qu’il pouvait débarquer pour quelques heures après son voyage à Alger, raconte l’auteur, soulignant que « quelqu’un de bien introduit lui avait expliqué que cela ne se faisait pas. Il a attendu pour effectuer une visite d’État dans les formes ».
Emmanuel Macron « a cru pouvoir se comporter avec le Maroc avec une certaine désinvolture », fait remarquer Benjelloun rappelant l’épisode de l’annonce de son déplacement au Maroc au détour d’une conversation avec des badauds en marge du festival du Touquet.
« Après son retour d’Alger, il a répondu à quelqu’un dans la rue qui lui posait une question à propos du Maroc : « J’irai au Maroc fin octobre. »
Le problème, c’est qu’il n’a pas été invité à se rendre dans ce pays », lance l’écrivain qui a rappelé la cause « sacrée » du Sahara pour le Maroc.
Il souligne à cet égard que la France n’a pas fait évoluer sa position « pour ne pas froisser les généraux algériens » et qu’Emmanuel Macron devrait voir simplement la situation comme elle est, en reconnaissant que « la position marocaine est juste et que l’Algérie a tort de continuer à nourrir un conflit créé artificiellement il y a bientôt un demi-siècle par Houari Boumedienne ».
Si Emmanuel Macron veut réparer les séquelles d’une grosse crise franco-marocaine, il sait ce qu’il faudra faire, poursuit-il, expliquant que le Maroc a été « puni » dans le dossier des visas puisque les consulats du Maroc n’ont jamais refusé de rapatrier des clandestins marocains.
Il précise en ce sens que c’est le ministère français de l’Intérieur qui leur adressait indifféremment des individus tunisiens, algériens et marocains.
Il ne faisait pas la différence entre les trois pays, et « le Maroc ne peut pas s’occuper des clandestins des autres pays », conclut l’écrivain.