vendredi, novembre 22, 2024
InternationalNationalReligionSociété

Maroc: augmentation du nombre d’églises

MAROC: AUGMENTATION DU NOMBRE D’ÉGLISES

La politique de régularisation menée par le Maroc depuis 2013, face aux renforcements des frontières d’Europe, a permis aux migrants venus d’Afrique subsaharienne de s’installer de manière plus pérenne dans le Royaume.

Dans ce contexte, de nombreuses instances religieuses ou d’origine confessionnelle s’organisent afin de faciliter l’accueil, la formation et l’accompagnement social et spirituel des migrants venus d’Afrique subsaharienne. L’institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa (une initiative de l’Eglise protestante au Maroc), lieu de formation universitaire chrétien à Rabat (créée en 2012) en est l’illustration.

Elle se veut être l’entrée d’une réflexion afférentes aux trois religions monothéistes en permettant l’ouverture de débats théologiques attachés aux différentes religions. Quant à l’Église évangélique au Maroc (EEAM), elle existe depuis plus d’un siècle, et a connu plusieurs cycles de vie. Plus ou moins vivante, en croissance ou en déclin selon les périodes, elle n’a revécu qu’à partir des années 1990.

Au Maroc, le paysage religieux et les églises, dépeuplées depuis la fin du protectorat, se remplissent à nouveau et se sont même multipliées. Mais en parallèle une multitude d’églises de maison ou églises informelles mal contenues et parfois même prosélytes pour certaines, se sont développées. En effet, si le christianisme au Maroc renait et croît il s’est aussi diversifié du côté protestant avec l’arrivée de migrants ne se rattachant pas forcément à des églises historiques européennes comme par le passé.

Les églises catholiques et protestantes ont connu une forte croissance numérique au Maroc du fait de l’afflux de ressortissants d’Afrique subsaharienne chrétiens. Ces églises sont jeunes (80 % de moins de trente ans), multiculturelles et multi-ethniques et multi-confessionnelles.




Le fait d’être chrétien aujourd’hui au Maroc se vit bien pour les migrants d’autant plus que les membres des églises sont majoritairement originaires d’Afrique sub-saharienne. Au départ, héritage colonial oblige c’était des églises d’Européens. Aujourd’hui, petit-à-petit elles dérivent vers l’Afriques si l’on peut dire ainsi.

Un basculement qui remonte au moins à trois décennies, avec l’arrivée d’étudiants africains et le début des grandes exodes migratoires vers l’Europe, qui sont passés et qui passent encore par le Maroc. Certains migrants n’ont pas poursuivi le rêve et ont fait contre mauvaise fortune bon gré en s’installant de façon durable dans le Royaume. La vie étant pour eux plutôt plus communautaire, ils ont ainsi contribué à constituer « l’Eglise » du Maroc.

Mais elles sont également d’autres églises dites plus vulgairement de “maison“ ou dites « informelles » et elles ont trait au phénomène migratoire. En effet, les migrants, pour la plupart des Congolais, Ivoiriens ou Camerounais… et qui pour une raison ou une autre ne fréquentent ni l’église officielle catholique ni protestante, se font leurs églises dans leurs demeures.

La problématique d’être sans-papiers et le risque sécuritaire de sortir pour aller à son lieu culte les a confinés en brebis égarées, si l’on peut se permettre l’expression. A sa création au Maroc, l’institut œcuménique de théologie Al Mowafaqa avait identifié plus d’une cinquantaine d’églises de maison, seulement à Rabat. Il y en aurait deux fois plus à Casablanca. Dix ans plus tard, on peut dire et sans s’égarer qu’elles ont dû fleurir d’au moins du double. Amen !