vendredi, avril 26, 2024
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Maroc: vers des céréales plus résistantes à la sécheresse

LE MAROC DÉVELOPPE DE NOUVELLES VARIÉTÉS DE CÉRÉALES PLUS RÉSISTANTES À LA SÉCHERESSE

Le Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA), l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et l’entreprise Benchaib semences annoncent avoir développé six variétés prometteuses de blé dur et d’orge plus tolérantes à la sécheresse, offrant un meilleur rendement et d’importantes qualités nutritionnelles.




Six nouvelles variétés de blé dur (Nachit, Jabal et Jawahir) et d’orge (Chiffa, Assiya et Khnata) ont été développées dans le cadre du projet DIIVA-PR qui s’est donné pour objectif de produire des variétés de céréales plus résistantes à la sécheresse et avec de meilleures valeurs nutritionnelles, selon un communiqué conjoint de tous les partenaires.

Fondé par le Crop Trust et coordonné par le Centre international de recherche agricole dans les zones arides, ce projet «s’aligne sur la vision stratégique du plan Génération Green 2020-2030 du ministère marocain de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, dans le but d’atteindre une meilleure souveraineté alimentaire d’ici 2030 pour les cultures céréalières, notamment grâce au renforcement du secteur des semences certifiées afin d’offrir de meilleures variétés aux agriculteurs».

Ces nouvelles variétés sont le fruit de plus de dix ans de recherche, utilisant les ressources génétiques de grains ancestraux, collectés et conservés dans la Banque de Gènes du Centre international de recherche agricole dans les zones arides à Rabat.

Ces grains ancestraux ont survécu sans intervention humaine durant des millénaires dans des conditions climatiques très dures.

De ce fait, ils portent en eux des traits génétiques clés pour créer de nouvelles variétés plus capables de résister aux défis climatiques, comme la sécheresse.

Les sélectionneurs de blé dur et d’orge du Centre international de recherche agricole dans les zones arides et de l’Institut national de la recherche agronomique les ont évalués au Maroc durant plusieurs années, les exposant à des saisons de sécheresse parmi les plus sévères jamais connues, précise le communiqué.




Le communiqué relève que les variétés les plus prometteuses ont ensuite été semées et récoltées par les agriculteurs eux-mêmes durant plus de quatre ans, au sein de plus de trente exploitations agricoles, engageant plus de deux cents agriculteurs marocains, dans une approche participative encouragée par le projet DIIVA-PR.

Ainsi, trois nouvelles variétés de blé dur et trois nouvelles variétés d’orge ont répondu aux attentes conjointes des scientifiques et des agriculteurs et ont été inscrites au catalogue national des semences et seront donc bientôt disponibles pour être cultivées dans tout le pays.

Il s’agit pour le blé dur de Nachit (délivrée par l’Institut national de la recherche agronomique en 2017), qui est une variété dérivée d’un Farro (amidonnier) sauvage originaire de Syrie, caractérisée par des grains exceptionnellement larges, ainsi que des racines très profondes permettant de collecter de l’eau dans les parties les plus profondes du sol.

Elle est très adaptée aux plateaux du nord du Maroc et aux zones irriguées de Béni Mellal, permettant aux agriculteurs d’atteindre des rendements records dans les exploitations irriguées.

Délivré par Benchaib Semences en 2021, Jabal est une autre variété très rustique dérivée d’une espèce sauvage nommée «herbe des chèvres» (égilope faux-épeautre), caractérisée par sa grande taille qui assure une grande production de paille, de longs épis noirs et un système racinaire superficiel idéal pour les sols peu profonds des montagnes de l’Atlas et des régions du Sud.

Jawahir, délivré en 2022 par l’Institut national de la recherche agronomique, est la variété la plus performante en termes de rendement et de bonne couleur de semoule.




Elle est aussi résistante à un dangereux insecte (la mouche de Hesse) et a une très bonne résistance à la sécheresse grâce à des traits hérités de son ancêtre sauvage arménien (blé Zanduri).

Ce qui en fait une variété parfaitement appropriée pour la région de Settat-Safi, spécialement si cultivée via une agriculture de conservation.

Concernant l’orge, il existe une variété appelée Chiffa, délivrée par l’Institut national de la recherche agronomique en 2016 qui est autant adaptée à la nutrition humaine qu’au fourrage.

Elle est ce que l’on appelle une variété à grains nus, leur couverture se détachant beaucoup plus facilement, permettant de battre les grains plus rapidement.

Cette caractéristique est héritée de grains ancestraux qui se cultivaient dans les hautes terres du Népal.

Elle est aussi très tolérante à la sécheresse, avec un haut niveau de β-glucane et a une bonne résistance à la maladie du Net Blotch.

Assiya (délivré par l’Institut national de la recherche agronomique en 2016) est aussi une variété idéale pour la nutrition comme le fourrage, avec des grains nus idéaux pour un battage des grains plus facile et rapide et donne de hauts rendements lors de la récolte en termes de grains et de paille, même sous des conditions de sécheresses difficiles.

La variété offre aussi une très bonne résistance à la maladie de Net Blotch.

Khnata (délivré par l’Institut national de la recherche agronomique en 2017) est aussi une variété d’orge idéale pour la nutrition humaine.

Elle est caractérisée par un grain large et un épi de six rangs, riche en carbohydrates.

Elle offre de hauts rendements en termes de récolte, ce qui permettra d’augmenter le revenu des agriculteurs, ainsi que leur résilience grâce à une production importante de paille pour leur cheptel de bétail, même dans les zones les plus arides.




Le Centre international de recherche agricole dans les zones arides est une organisation mondiale de recherche pour le développement qui, depuis sa création en 1977 en tant qu’organisation à but non lucratif, a développé des projets de recherche pour le développement dans plus de 50 pays dans le monde dans les régions arides, du Maroc en Afrique du Nord au Bangladesh en Asie du Sud.

Sa mission est de fournir des solutions scientifiques innovantes pour améliorer la subsistance des personnes avec peu de ressources dans les régions arides.

L’objectif du Centre international de recherche agricole dans les zones arides est d’aider à éradiquer la pauvreté et à augmenter de façon optimale la sécurité alimentaire et de l’eau à travers la gestion durable des ressources naturelles, face aux changements climatiques.

Avec pour mission d’entreprendre les recherches pour le développement agricole, l’Institut national de la recherche agronomique est un établissement public dont les origines remontent à 1914 avec la création des premiers services de recherche agricole officiels.

Il a connu dernièrement une réorganisation structurelle visant la modernisation de son processus de gestion.

L’Institut national de la recherche agronomique opère à travers dix centres régionaux de la recherche agronomique et 23 domaines expérimentaux répartis sur le territoire national et couvrant les divers agrosystèmes du pays.

Les projets de recherche de l’Institut national de la recherche agronomique sont définis avec la participation des partenaires, des clients et des prescripteurs régionaux.

Ils sont menés au sein de trente unités de recherche hébergées par les centres régionaux.

Ils sont encadrés à l’échelle centrale par dix départements scientifiques à vocation disciplinaire.