vendredi, mars 29, 2024
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Eau: l’ONU alerte sur une crise mondiale

EAU: L’ONU ALERTE SUR «UN RISQUE IMMINENT» DE CRISE MONDIALE

À l’occasion de l’ouverture, ce mercredi 22 mars, de la Conférence des Nations Unies sur l’eau à New York, la plateforme ONU-Eau a publié un rapport consacré à l’état des lieux sur la question du stress hydrique dans le monde. En voici les principaux chiffres, pour le moins alarmants.




Pénuries d’eau, absence d’eau potable, multiplication des sécheresses et des inondations…

Des milliards de personnes sont déjà frappées par des problèmes liés à l’eau, avec un risque «imminent» de crise mondiale.

À l’occasion de l’ouverture de la Conférence des Nations Unies sur l’eau, qui se tient à New York du 22 au 24 mars, la plateforme ONU-Eau a publié un rapport consacré à la question de l’eau, dont voici les principaux chiffres compilés.

Pénuries généralisées

L’utilisation de l’eau a augmenté environ de 1% par an dans le monde ces 40 dernières années.

Pour répondre à cette soif, les humains se tournent vers les nappes phréatiques avec des extractions parfois excessives: entre 100 et 200 km3 des réserves d’eau souterraine sont épuisés chaque année.

Environ 10% de la population mondiale vit dans un pays où le stress hydrique (rapport entre l’utilisation de l’eau et sa disponibilité) atteint un niveau élevé ou critique, limitant «considérablement» la disponibilité de l’eau pour les besoins des personnes.

Et selon le rapport des experts climat de l’ONU (Giec) publié lundi, «environ la moitié de la population mondiale» subit de «graves» pénuries d’eau pendant au moins une partie de l’année.

Selon la Banque mondiale, ces pénuries d’eau renforcées par le changement climatique pourraient coûter dans certaines régions jusqu’à 6% du PIB d’ici 2050 en raison des impacts sur l’agriculture, la santé, les revenus, et potentiellement des migrations forcées voire des conflits.




Ville contre agriculture

L’agriculture utilise plus de 70% des ressources mondiales en eau, mais avec la demande des villes qui devrait augmenter «de 80% d’ici à 2050, l’approvisionnement en eau des centres urbains à partir des zones rurales est devenu une stratégie courante» pour répondre à ces nouveaux besoins, note l’ONU.

Mais ça ne devrait pas être suffisant.

Le nombre d’habitants des zones urbaines menacés par les pénuries d’eau devrait passer de 933 millions en 2016 à entre 1,7 et 2,4 milliards en 2050, selon l’ONU-Eau, qui note que l’Inde devrait être le pays le plus gravement touché.

Situations extrêmes

Avec le réchauffement de la planète, l’humidité dans l’atmosphère augmente environ de 7% par degré supplémentaire, entraînant davantage de précipitations, plus intenses et moins régulières.

Entre 2000 et 2019, les inondations auraient provoqué 650 milliards de dollars de dégâts, touché 1,65 million de personnes et causé plus de 100.000 morts, selon le rapport.

Le réchauffement multiplie aussi les sécheresses qui, sur la même période, ont concerné 1,43 million de personnes et causé 130 milliards de dollars de dommages.

Ensemble, sécheresses et inondations comptent pour plus de 75% des catastrophes naturelles subies par l’humanité.




Assainissement et hygiène

En 2020, 2 milliards de personnes (26% de la population) étaient toujours privées d’une eau potable sûre et 3,6 milliards (46% de la population) n’avaient pas accès à des services d’assainissement gérés de façon sûre, dont 494 millions n’avaient d’autre choix que de faire leurs besoins en plein air.

Toujours en 2020, plus de 40% des eaux usées domestiques n’étaient pas traitées de façon sûre avant d’être rejetées dans l’environnement.

En outre, 2,3 milliards de personnes (29 % de la population mondiale) ne bénéficiaient pas de services d’hygiène de base, dont 670 millions sans aucune installation pour le lavage des mains.

Et au moins deux milliards de personnes boivent de l’eau contaminée par des excréments.

Des conditions propices à la propagation du choléra, de la dysenterie, ou de la polio. En 2019, 1,4 million de morts auraient été causées par l’absence de services d’hygiène et d’assainissement adéquats.

Mais les risques viennent aussi de polluants émergents comme les produits pharmaceutiques et chimiques, pesticides ou nanomatériaux.




Ecosystèmes menacés

Ces pollutions touchent également les écosystèmes d’eau douce, victimes notamment des ruissellements d’origine agricole.

Ces écosystèmes sont «parmi les plus menacés dans le monde», note le rapport, qui évoque notamment la disparition de plus 85% des zones humides.

Et «la perte de services environnementaux et de biodiversité devrait se poursuivre au fur et à mesure que les zones naturelles disparaissent au profit de terres cultivées».

Avec le risque de provoquer des émissions de gaz à effet de serre «considérables» lorsque les tourbières sont « drainées et converties en terres cultivées».

Financements insuffisants

Les estimations sont difficiles, mais une étude citée par le rapport évalue à plus 1.000 milliards de dollars par an les investissements nécessaires pour atteindre d’ici 2030 le sixième «Objectif de développement durable» de l’ONU, sur l’eau et l’assainissement pour tous.

Pour garantir notamment un accès universel et équitable à un approvisionnement en eau potable d’ici 2030, il faudrait multiplier par trois les niveaux d’investissement actuels.