jeudi, mars 28, 2024
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Le Marrakech du rire ne fait plus rire les Marocains

LE MARRAKECH DU RIRE NE FAIT PLUS RIRE LES MAROCAINS

Il y a un peu plus de 10 ans, le festival créé par Jamel Debbouze à Marrakech était perçu comme une excellente idée.

À cette époque, l’humoriste était au sommet de sa carrière, et depuis le Maroc, on considérait favorablement l’organisation d’un événement de cette envergure dans son pays d’origine.

Toutefois, au fil des ans, la scène humoristique a révélé un autre visage, et au lieu de représenter une image authentique de la culture locale, elle s’est concentrée sur les stéréotypes et les clichés.

L’humour sur des communautés est souvent un sujet délicat et controversé.

D’un côté, certains affirment qu’il peut être une manière de rire des stéréotypes et des préjugés, et donc de les dénoncer et de les déconstruire.

D’un autre côté, d’autres estiment que l’humour sur des communautés peut renforcer ces stéréotypes et les légitimer, voire les amplifier.

Cela soulève des questions importantes sur les limites de l’humour, sur ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.

Il est important de prendre en compte la diversité des expériences et des vécus de chaque communauté, et de faire preuve d’empathie et de respect.

Parfois, l’humour peut être utilisé pour blesser et discriminer, et cela ne devrait jamais être toléré. 

Les membres du gang de l’humour du Jamel Comedy Club et d’autres humoristes principalement issus de l’immigration se moquent de leur vie de « rebeus » en France, contribuant ainsi à la création d’une image caricaturale de la famille arabo-musulmane et des Marocains de France.

Les sketches en question représentent souvent des stéréotypes négatifs tels que le père caricatural violent et ignorant, la mère analphabète, les vacances au pays (le bled) où les différences entre les Marocains sont exacerbées, etc.




Il faut savoir que le terme « bled » est un mot d’origine arabe qui désigne un pays ou une région éloignée de la ville.

Cependant, ce mot a pris une connotation négative en France et dans d’autres pays francophones, où il est souvent utilisé pour désigner de manière méprisante un pays d’Afrique du Nord ou ses habitants. 

En effet, le mot « bled » est souvent associé à des stéréotypes péjoratifs et discriminatoires, tels que l’arriération, l’ignorance, la pauvreté et la violence.

Cette utilisation du terme véhicule une image dégradante et insultante des pays arabes et de leurs habitants, qui sont ainsi réduits à des caricatures simplistes et dégradantes. 

De plus, l’utilisation de ce mot peut également avoir un impact sur les personnes d’origine maghrébine ou arabe vivant en France, qui sont souvent victimes de discrimination et de stigmatisation en raison de leur origine.

L’utilisation du terme « bled » peut renforcer ces stéréotypes négatifs et contribuer à l’exclusion et à la marginalisation de ces populations. 

Il est donc important de prendre conscience des connotations négatives du mot « bled » et de veiller à utiliser des termes plus respectueux et inclusifs pour désigner les pays et les populations d’Afrique du Nord et d’ailleurs. 

Cette représentation exagérée et simpliste des stéréotypes négatifs de la communauté arabo-musulmane et des Marocains de France peut être considérée comme une image caricaturale.

Les Marocains vivant au Maroc, du moins ceux qui peuvent se permettre d’assister au Marrakech du Rire et qui partent en France pour passer des vacances ou étudier dans des écoles prestigieuses, ne sont pas satisfaits d’être assimilés à ces clichés.

Pour eux, cette représentation de leur culture n’est pas acceptable.




De plus, l’image des pays arabes et musulmans est déjà assez ternie dans ce pays pour qu’on se moque de leur culture en plus.

Les humoristes français d’origine ont également commencé à se greffer au festival, en utilisant des clichés du Maroc pour faire rire le public marocain.

Il est important de préciser que les clichés sur le Maroc ne reflètent pas la réalité du pays et de sa population. 

Cependant, certains stéréotypes ont malheureusement la vie dure et persistent dans l’imaginaire collectif.

Malheureusement, leur humour gras et peu drôle, agrémenté de « salamalikoum », « amdoula » et « choukrane rouya » à tout bout de champ, reflète les nombreux préjugés qui persistent dans la société française envers le Maroc.

À chaque festival, le public marocain a été confronté à des clichés stupides et offensants, tels que Marrakech la ville des voleurs, la médina un piège pour les touristes et les conducteurs marocains des imbéciles dangereux.

Cet humour n’a plus sa place au Maroc.

Les Marocains ont compris que ce festival, où presque aucun humoriste local n’est invité, est destiné à faire rire le public français… à leur détriment.

Le Marrakech du Rire ne reviendra pas cette année en raison de travaux au Palais Badii, mais cela ne manquera pas à tout le monde.

L’humour sur des communautés doit être considéré avec précaution et réflexion. L’objectif devrait être de trouver un équilibre entre la critique sociale, la satire et le respect de la diversité et de la dignité de chaque individu et de chaque communauté.