l’Algérie responsable de détournement d’aides humanitaires
UN CHERCHEUR SERBE INTERPELLE L’ALGÉRIE SUR SA RESPONSABILITÉ DANS LE DÉTOURNEMENT DES AIDES HUMANITAIRES DESTINÉES AUX CAMPS DE TINDOUF
Le chercheur à l’Institut de politique et d’économie internationales de Belgrade, Mihajlo Vucic, a interpellé l’Algérie sur sa responsabilité dans le détournement systématique, par le « polisario », des aides humanitaires destinées aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf, à la lumière des conclusions du Rapport de l’évaluation de l’action du Programme alimentaire mondial (PAM) en Algérie 2019-2022.
« Les États qui ont la capacité d’influencer les politiques du »polisario », en premier lieu l’Algérie, sont tenus en vertu du Droit international, et pas seulement du point de vue moral, d’empêcher l’exploitation de la situation des populations séquestrées sur son territoire et l’utilisation de fonds humanitaires à des fins pécuniaires illicites », a estimé le chercheur serbe.
Il a mis en avant les points saillants du rapport publié par l’agence onusienne, basée à Rome.
De l’avis de M. Vucic, également professeur associé à la Faculté de diplomatie et de sécurité de l’Université de Belgrade, le rapport du Programme alimentaire mondial pourrait servir de « preuve supplémentaire » du détournement de l’aide humanitaire destinée à la population des camps de Tindouf, que « le Maroc n’a cessé de dénoncer depuis de nombreuses années auprès de la communauté internationale ».
En effet, les conditions de vie dans ces camps, où la population vit dans un certain flou juridique tout en étant privée de la protection de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, sont marquées par une malnutrition chronique, en particulier chez les femmes et les enfants, a-t-il fait remarquer.
Il a noté que le détournement des denrées alimentaires vers le marché noir et hors de portée de ceux qui en ont le plus besoin « rend cette situation unique encore plus alarmante ».
Pour le chercheur, le rapport du Programme alimentaire mondial a signalé l’impossibilité pour les agences onusiennes spécialisées d’accéder sans entraves aux camps, qualifiant le contrôle interne de la distribution des aides humanitaires effectué par le « polisario » de « biaisé par nature ».
« Le contrôle de la distribution de l’aide humanitaire accordé à ces milices par l’Algérie pourrait être caractérisé, selon les règles du Droit international humanitaire, comme une délégation illégale de l’autorité devant être exercée par l’État à un groupe séparatiste armé n’ayant aucun statut ni aucune responsabilité aux yeux du droit international », a-t-il souligné.
Il a mis en garde contre « les risques supplémentaires pour la sécurité » découlant des liens étroits du « polisario » avec les groupes terroristes opérant au Sahel.
M. Vucic a également rappelé que toutes les résolutions du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations unies, depuis 2011, appellent l’Algérie à autoriser le recensement des populations des camps de Tindouf, conformément au droit international humanitaire.
La nouvelle résolution 2654 du Conseil de Sécurité a (dans le paragraphe préambulaire n°23) « demandé à nouveau instamment » à l’Algérie que les populations des camps de Tindouf « soient dûment enregistrées et a souligné l’importance que toutes les mesures nécessaires soient prises à cette fin », a poursuivi l’expert.
Il a noté que « la même demande a été adressée (dans le paragraphe opératif n°15) aux agences onusiennes d’observer les »meilleures pratiques » de l’Organisation des Nations unies dans l’acheminement des aides humanitaires aux populations des camps ».
S’agissant des flux financiers créés au profit des dirigeants du « polisario », le chercheur a rappelé que l’Office anti-fraude de l’Union Européenne (OLAF) avait pointé, dans un rapport rendu public en 2015, un détournement méthodique depuis plus de quatre décennies de l’aide humanitaire accordée aux populations sahraouies séquestrées dans les camps de Tindouf sur le territoire algérien.
Ce rapport basé sur une enquête menée par l’Office anti-fraude de l’Union Européenne a mis en exergue la responsabilité de l’Algérie, « complice actif du détournement de ces aides, qui commence habituellement dès l’arrivée des cargaisons au port algérien d’Oran », a-t-il indiqué.
Il a noté que ces détournements ont été signalés par d’autres rapports d’inspection du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, ainsi que d’autres organisations intergouvernementales et non-gouvernementales.
Et de préciser que dans son rapport de 2021, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Antonio Guterres, avait attiré l’attention sur le détournement des fonds et des aides alimentaires destinées à la population séquestrée par le « polisario ».
Pour sa part, le Parlement européen a adopté une résolution demandant à l’Union européenne d’auditer l’utilisation de l’aide humanitaire européenne par le « polisario » depuis 2015.
Compte tenu de tous ces faits, l’expert en droit international a conclu que « toute aide apportée au groupe séparatiste »polisario » par l’Algérie, qu’elle soit financière, militaire ou autre, ne ferait que perpétuer ces pratiques illicites qui sont à rebours des normes juridiques internationales reconnues par le Royaume du Maroc et l’Algérie, ainsi que par d’autres membres des Nations unies ».