L’Algérie accuse la France, le Maroc et Israël de complot
L’ALGÉRIE ACCUSE LA FRANCE, LE MAROC ET ISRAËL DE COMPLOTER POUR DÉSTABILISER L’ALGÉRIE
Depuis mardi 30 mai, les médias algériens proches du gouvernement diffusent des informations sur un prétendu complot ourdi dans le plus grand secret par les services de renseignements marocains, israéliens et français.
Selon ces journaux, une réunion tripartite aurait eu lieu en Israël lundi dernier, visant à déstabiliser l’Algérie.
L’utilisation d’une rhétorique complotiste impliquant le « Makhzen » et « l’entité sioniste » est une pratique courante du régime algérien.
Cependant, l’accusation portée contre la France, juste avant une éventuelle visite d’État de Abdelmadjid Tebboune, soulève de nombreuses interrogations.
Le mardi 30 mai, deux médias, l’un francophone et l’autre arabophone, ont simultanément publié des articles similaires évoquant un complot en préparation contre l’Algérie, impliquant le Maroc, la France et Israël.
Ces informations ont émergé à partir du site Elkhabar, qui a déclaré dans son édition du mardi 30 mai, avoir reçu des informations de « sources sécuritaires très fiables » selon lesquelles une réunion de « très haut niveau » s’est tenue en Israël le lundi 29 mai entre les services de renseignement israéliens, marocains et français, avec pour objectif unique de « déstabiliser l’Algérie en provoquant des troubles dans quatre de ses wilayas ».
Le même jour, le journal L’Expression a également rapporté cette information en citant des « sources sécuritaires très fiables ».
Étant donné que L’Expression est considéré comme un journal quasi officiel de l’armée, il est facile de deviner l’identité de ses « sources sécuritaires très fiables » qui lui ont communiqué que « l’important rassemblement s’est tenu hier à Tel-Aviv, avec pour ordre du jour précis l’élaboration d’un plan visant à déstabiliser l’Algérie ».
Il est donc évident que la junte militaire a diffusé ces informations à deux journaux, l’un en langue arabe et l’autre en français, faisant état d’une réunion tripartite entre les services de renseignement marocains, français et israéliens, avec pour seul objectif de semer le chaos en Algérie.
Cette information a ensuite été reprise par la majorité de la presse algérienne, laissant peu de doutes quant à l’identité de la partie à l’origine de cette diffusion.
Selon les médias algériens, il est rapporté que la délégation marocaine présente en Israël est composée de 12 membres, tandis que la délégation française compte 6 membres, et le nombre de représentants israéliens n’est pas précisé.
La situation est jugée grave par les médias algériens, qui estiment qu’il ne s’agit plus simplement d’accuser l’étranger, mais de faits réels et potentiellement dangereux pour la stabilité du pays.
Selon L’Expression, cette réunion mystérieuse à Tel-Aviv aurait réuni des membres influents du Mossad, cinq responsables des services de renseignement français et douze responsables des services marocains.
Les médias algériens précisent également que quatre wilayas (régions administratives) auraient été ciblées par ce plan de déstabilisation.
Il s’agit des deux principales villes de Kabylie, Tizi-Ouzou et Béjaïa, ainsi que des deux plus grandes villes du pays, Alger et Oran.
Ce choix n’est pas anodin, car ces quatre grandes agglomérations ont été, de 2019 à 2021, les foyers et les centres névralgiques du Hirak, le mouvement populaire de contestation que le régime algérien redoute comme un volcan toujours actif, susceptible d’exploser à tout moment.
Selon le média algérien, il est constaté que le mode opératoire évolue et que le trio composé de la France, du Maroc et d’Israël cherche désormais à passer à l’action directe en Algérie en mobilisant les résidus du FIS (Front Islamique du Salut), les éléments violents de Rachad (Mouvement Rachad pour la société et la liberté) et les membres racistes du MAK (Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie). Cette analyse résume la position du média algérien sur la situation actuelle.
Les médias évoquent que le Maroc, Israël et la France utiliseraient des méthodes telles que le dénigrement systématique des institutions et du système de gouvernance, la diffusion d’intox et de fausses informations sur les réseaux sociaux afin d’attiser la colère sociale du peuple algérien.
Ces éléments sont considérés comme des outils visant à déstabiliser l’Algérie et à affaiblir sa capacité de défense. Lorsque le régime algérien dénonce un ennemi extérieur, il vise souvent une situation intérieure.
Son objectif est soit de détourner l’attention d’une crise interne, soit de faire porter la responsabilité à des prétendus ennemis extérieurs.
Les récentes inondations survenues en Algérie à la suite des fortes précipitations ont suscité un mécontentement inquiétant au sein de la population, qui se sent abandonnée par le gouvernement.
Sans parler du prix excessif des moutons la veille de Aïd Al-Adha.
Le recours répété au bouc émissaire de l’ennemi extérieur pour détourner l’attention d’une crise imminente est une stratégie habituelle du régime.
Ce qui suscite le plus d’interrogations dans cette cacophonie médiatique, c’est la mention de la France.
Le régime algérien considère le « Makhzen » (Maroc) et « l’entité sioniste » (Israël) comme des ennemis avérés.
Les relations diplomatiques sont rompues avec le Maroc et inexistantes avec Israël.
Les chaînes de télévision publiques algériennes consacrent tous les jours du temps à la propagande anti-marocaine dans leurs journaux télévisés et leur presse écrite.
Ainsi, pour la junte, il est redondant de prétendre que le Maroc et Israël complotent contre l’Algérie.
Reste la mention énigmatique de la France d’Emmanuel Macron.
Le président français a multiplié les gestes d’apaisement envers le pouvoir algérien, allant même jusqu’à ternir la relation avec le Maroc, un allié traditionnel.
Pourquoi la junte accuse-t-elle la France de conspirer contre l’Algérie ?
C’est la principale question pertinente qui émerge de cette confusion médiatique autour de la prétendue réunion en Israël.
La visite d’État en France du Président de la République algérienne démocratique et populaire Abdelmadjid Tebboune est prévue pour la mi-juin, après avoir déjà été reportée une fois en avril.
La mi-juin approche rapidement et il est quelque peu problématique que Abdelmadjid Tebboune se rende dans un pays qui conspirerait contre la stabilité de son propre pays.