vendredi, novembre 22, 2024
InternationalNational

Le Maroc a une longueur d’avance sur l’Algérie

LE MAROC A UNE LONGUEUR D’AVANCE SUR L’ALGÉRIE, SELON L’EX AMBASSADEUR DE FRANCE À ALGER XAVIER DRIENCOURT

Le Maroc en avance sur l’Algérie : Analyse d’un ancien ambassadeur de France

Lors d’une interview, Xavier Driencourt, qui a été ambassadeur de France en Algérie de 2008 à 2012 et de 2017 à 2020, a abordé divers sujets, parmi lesquels la reconnaissance par Israël de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, ainsi que la détérioration des relations entre la France et le Maroc, et entre la France et l’Algérie.

Dans une analyse approfondie, Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France à Alger, évoque les relations entre le Maroc et l’Algérie, ainsi que le rôle de la France dans cette région complexe. Selon l’ex directeur général de l’administration du Quai d’Orsay, le Maroc a pris une longueur d’avance sur l’Algérie, notamment grâce à la reprise de ses relations avec Israël, ce qui a eu un impact significatif sur l’équilibre géopolitique régional.

Le tournant des Accords d’Abraham
Xavier Driencourt souligne l’importance des Accords d’Abraham, qui ont été signés par le Maroc, les États-Unis et Israël, comme un événement déterminant dans la région. Il rappelle qu’il y a peu de temps, l’idée d’Israël établissant des relations avec les pays arabes semblait impensable, mais la signature de ces accords a permis une montée en puissance des échanges politiques et militaires entre le Maroc et Israël. Interrogé sur les conséquences de la récente reconnaissance par Israël de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, Xavier Driencourt a estimé qu’il y a eu «un tournant dans cette région avec la signature des Accords d’Abraham».

Les conséquences pour l’Algérie
L’ancien ambassadeur évoque également les conséquences de cette nouvelle dynamique pour l’Algérie. Il souligne que cette avancée du Maroc, associée à un rapprochement avec les États-Unis et Israël, a créé une « rupture d’équilibre » dans la région, mettant en évidence les désaccords persistants entre Alger et Rabat. Il y a désormais «d’un côté Rabat, Washington et Tel-Aviv et de l’autre Alger soutenu par Moscou».



Relations franco-marocaines et franco-algériennes
Xavier Driencourt observe que les relations entre la France et le Maroc ont connu une détérioration, tandis que Paris a misé principalement sur Alger. Cependant, cette stratégie n’a pas abouti à des résultats positifs avec l’Algérie, qui s’est éloignée de la France, tandis que le Maroc cherche à renforcer ses liens avec Paris. Les relations franco-marocaines sont «très dégradées» ; elles «ne procèdent pas de la même physionomie que les relations franco-algériennes. Ce que l’on constate, c’est que Paris a quasiment tout misé sur Alger et finalement, ce pari algérien que nous avons fait aux forceps nous fait perdre sur les deux tableaux: aucun retour positif côté algérien, une froideur distante du côté de Rabat qui cherche à reprendre la main face à Paris».

La France face à un jeu complexe
L’ancien ambassadeur avertit que la France se retrouve dans une position délicate, prise entre les intérêts divergents du Maroc et de l’Algérie. Il souligne que la France se trouve isolée dans ce jeu triangulaire, cherchant à rétablir ses relations avec les deux pays tout en cherchant à préserver son rôle dans la région.

Une nouvelle approche nécessaire
Xavier Driencourt estime que la France doit adopter une nouvelle approche face à ce contexte géopolitique complexe. Il appelle à une reconstruction des relations franco-marocaines et franco-algériennes, qui ont été mises à mal par des tensions et des crises. Cette démarche nécessitera des efforts importants, mais selon l’ancien ambassadeur, c’est essentiel pour que la France puisse retrouver une place solide dans la région et renforcer ses liens avec ses partenaires historiques, le Maroc et l’Algérie. Xavier Driencourt considère que la France doit commencer par reconstruire les relations franco-marocaines et franco-algériennes, qui ont été mises à mal par plusieurs crises diplomatiques ces dernières années. Ce qui n’est pas chose facile, car cela «passera très certainement par un changement de notre approche et de nos méthodes» ; «tout ou presque est à reconstruire».