Le Maroc a réduit sa demande de blé français au profit de la Russie
LE MAROC A RÉDUIT SA DEMANDE DE BLÉ FRANÇAIS AU PROFIT DE LA RUSSIE
L’AFRIQUE DU NORD ET LA PRÉFÉRENCE POUR LE BLÉ RUSSE
L’Afrique du Nord, en particulier le Maroc et l’Algérie, ont récemment réduit de manière significative leurs importations de blé en provenance de la France, optant plutôt pour les céréales russes. Cette transition majeure s’explique par une série de facteurs, principalement d’ordre économique et commercial.
LES PRIX COMPÉTITIFS DE LA RUSSIE
La Russie propose ses céréales, notamment le blé, à des prix nettement plus compétitifs sur le marché international que la France. La Russie, tout en disposant de prix très attractifs, est en mesure de vendre ses céréales, en particulier le blé, à des tarifs bien inférieurs à ceux de la France. Cette différence de coût a incité les pays d’Afrique du Nord à reconsidérer leurs sources d’approvisionnement en blé.
LA FRANCE ET SES SURPLUS DE STOCK
La France, malgré ses surplus de stock, ne semble pas disposée à ajuster ses prix de manière compétitive, ce qui a eu pour conséquence une perte substantielle de parts de marché dans cette région, qui avait traditionnellement privilégié le blé français. Cette tendance s’est accentuée depuis le conflit en Ukraine, où la France était un fournisseur majeur.
L’ATTRAIT DES CÉRÉALES RUSSES
Les pays d’Afrique du Nord ont donc tout intérêt à se tourner vers les céréales russes pour l’exercice en cours, d’autant plus que les prix russes sont particulièrement attractifs. Cette décision a le potentiel de permettre à la Russie d’atteindre de nouveaux sommets en matière d’exportations, notamment vers les pays d’Afrique, malgré la réduction progressive de l’écart de prix avec le blé français (actuellement de 40 dollars par tonne en faveur de la Russie).
LA FRANCE FACE À LA CONCURRENCE RUSSE
Cela signifie que la France a désormais peu de marge de manœuvre pour renforcer sa compétitivité face à la Russie sur ces marchés. En outre, la France perd progressivement du terrain en Afrique en raison de relations de plus en plus tendues avec les pays du continent, notamment en Afrique du Nord.
DES RELATIONS DIPLOMATIQUES COMPLEXES
Les relations complexes avec le Maroc depuis plusieurs années, ainsi que les difficultés actuelles avec l’Algérie, ont eu un impact négatif sur les exportations françaises de blé vers ces deux pays. Ces tensions diplomatiques ont fortement entravé les échanges commerciaux entre la France et l’Afrique du Nord, qui est l’une des régions les plus importantes en termes de consommation de blé au monde.
LA QUALITÉ DES CÉRÉALES RUSSES
Il est important de noter que le blé russe répond parfaitement aux exigences spécifiques de l’industrie alimentaire de l’Afrique du Nord en termes de qualité et de variétés. De plus, la Russie est l’un des plus grands exportateurs mondiaux de céréales, avec une production annuelle de blé qui représente près d’un quart du commerce mondial.
LA CROISSANCE DES EXPORTATIONS RUSSES
En 2023, la Russie pourrait établir un nouveau record d’exportation de 49 millions de tonnes, contre 48,1 millions l’année précédente, ce qui montre sa capacité à répondre à la demande croissante de blé dans la région.
LES DÉFIS POUR LA FRANCE
Ces évolutions ont entraîné une nette diminution des exportations françaises de blé vers le Maroc et l’Algérie ces dernières années. Atteindre l’objectif français de 4,3 millions de tonnes pour l’exercice en cours est devenu incertain, en grande partie en raison de la compétitivité relative des opérateurs français pour regagner ces deux marchés traditionnels. Le blé français ne détient plus le monopole du marché dans cette région, avec seulement 45 % du potentiel d’exportation actuel, bien loin des 7 millions de tonnes régulièrement exportées par le passé.
L’EXPANSION DE L’INFLUENCE RUSSE EN AFRIQUE
De plus, la Russie cherche activement à étendre son influence en Afrique, une région fortement dépendante des importations de céréales. La Russie a fait la promesse de fournir gratuitement entre 25 000 et 50 000 tonnes de céréales à des pays africains tels que le Burkina Faso, le Zimbabwe, le Mali, la Somalie, la République centrafricaine et l’Érythrée, ce qui témoigne de son désir de renforcer sa présence sur le continent.
LA FRANCE FACE À LA CONCURRENCE RUSSE EN AFRIQUE
En ajoutant les partenariats existants entre la Russie et certains États du Golfe, qui financent les importations de blé russe par des pays en difficulté financière comme l’Égypte, on peut mieux comprendre les défis auxquels la France est confrontée. La France dispose de 17 millions de tonnes de blé à exporter pour la campagne 2023-2024, sur un total de 34,8 millions de tonnes de production prévue pour cette saison. Néanmoins, la France aura du mal à rester compétitive au Maroc et en Algérie face aux exportations massives de blé russe, car les importations moins coûteuses sont naturellement privilégiées.
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