vendredi, novembre 22, 2024
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Algérie : la politique du sport ou politiser le sport ?

Algérie : la politique du sport ou politiser le sport ?

Le régime algérien, semblable à n’importe quel autre gouvernement doté d’un fort autoritarisme, utilise le sport comme un mécanisme pour conserver sa légitimité et détourner l’attention du public des problèmes politiques et sociaux plus profonds. Dans ces dernières années, l’impact de ce régime sur le sport a atteint des proportions alarmantes, principalement utilisé pour attiser l’animosité dirigée contre le Maroc. Aujourd’hui, il est clair que les équipes sportives et les athlètes algériens, qui sont sous contrainte, sont utilisés comme proxy pour propager l’idéologie du régime et servir de relais à sa propagande.

Yassine El Yattioui, secrétaire général du Centre Marocain de Recherche pour la Globalisation, « NejMaroc », explique à Hespress que l’utilisation du sport en Algérie comme distraction politique et comme outil de renforcement de l’identité nationale a été une tendance persistante. Cependant, il met également en évidence les retombées potentiellement dommageables de cette instrumentalisation sur les plans social, économique et sportif.

Selon El Yattioui, ce comportement est particulièrement prononcé dans le contexte actuel de relations tendues entre l’Algérie et le Maroc. Il indique que le gouvernement algérien a souvent recours à l’utilisation du sport comme une manœuvre politique passionnée afin de détourner l’attention de la population des préoccupations internes urgentes comme le pouvoir d’achat diminuant, les taux élevés de chômage et les pénuries alimentaires.

On observe que l’Algérie est confrontée à une multitude de défis socio-économiques qui ont un impact négatif sur la vie quotidienne de ses citoyens. Les autorités algériennes ont tendance à exploiter des questions politiquement plus simples mais chargées d’émotion, comme le sport et la rivalité avec le Maroc, pour détourner l’attention du public de ces problèmes importants (Les victoires de l’Algérie contre des équipes marocaines sont fêtées comme des triomphes nationaux, tandis que les défaites sont souvent vues comme des affronts appelant à des représailles symboliques. Les dirigeants algériens utilisent cette rivalité pour renforcer leur légitimité et détourner l’attention des échecs politiques et économiques du pays).

Sur la scène internationale des compétitions, les défaites face à des équipes marocaines sont souvent minimisées ou attribuées à des complots. Cette manipulation des événements sportifs est conçue pour maintenir un vif sentiment de patriotisme tout en détournant l’attention des problèmes internes de l’Algérie. Ce type de pression peut avoir un impact dévastateur sur les athlètes algériens en les plaçant sous une pression politique énorme avant même leurs compétitions sportives.

Enfin, El Yattioui entre dans les détails de la rivalité entre l’Algérie et le Maroc qui ne se limite pas exclusivement au domaine sportif. Elle est enracinée dans des différends historiques et territoriaux, notamment la question du Sahara marocain. Par conséquent, les compétitions sportives, en particulier les matchs de football, sont presque devenues le prolongement de ces conflits diplomatiques.

L’Algérie est confrontée à de nombreux défis socio-économiques qui impactent sévèrement le quotidien de ses citoyens. Le pouvoir d’achat des Algériens diminue constamment en raison de l’inflation et de la dépréciation de la monnaie nationale. Le taux de chômage, particulièrement élevé chez les jeunes, atteint des proportions préoccupantes. L’économie algérienne, fortement dépendante des hydrocarbures, peine à se diversifier, ce qui rend le pays vulnérable aux fluctuations des prix du pétrole. De plus, une agriculture non compétitive et des pénuries alimentaires fréquentes aggravent la situation. Ces problèmes structurels exigent des réformes profondes et une gouvernance transparente, mais les autorités préfèrent souvent détourner l’attention publique en exploitant des sujets moins complexes mais émotionnellement chargés, tels que le sport et la rivalité avec le Maroc.

Ces dernières semaines, l’Union sportive de la médina d’Alger qui a perdu le match aller et qui a perdu le match retour contre la Renaissance sportive de Berkane en demi-finale de la Coupe de la Confédération africaine de football, la censure médiatique de l’équipe féminine marocaine de football des U17 (qui a gagné 4 à 0 au match aller et qui a gagné 4 à 0 au match retour), le retrait de la sélection algérienne du Championnat d’Afrique de gymnastique artistique et le retrait d’Algérie de la 6ème édition du championnat arabe de handball des jeunes de moins de 17 ans (remporté par le Maroc) en ont fourni quelques illustrations. La liste n’est pas exhaustive.  

Selon lui, l’utilisation politisée du sport dans cette rivalité Algérie-Maroc a des implications directes sur les relations diplomatiques entre les deux pays. Les événements sportifs qui ont lieu en Algérie sont souvent marqués par des manifestations d’un nationalisme exacerbé et des discours incendiaires. C’est une situation qui entrave toutes les tentatives de rapprochement ou de collaboration régionale par le biais du projet de l’Union du Maghreb, qui pourrait pourtant s’avérer bénéfique pour les deux pays.

En conclusion, il signale que les investissements en Algérie dans le secteur sportif se tournent souvent vers des projets prestigieux, tels que la construction de stades ou l’organisation d’événements internationaux, plutôt que de concentrer les ressources sur le développement de l’infrastructure sportive de base. Pour lui, il est clair que les clubs et les fédérations sportives manquent de financements adéquats pour la formation des jeunes et l’entretien des installations, ce qui limite les opportunités pour les jeunes talents et freine le développement du sport à la base.




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