mercredi, octobre 30, 2024
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Maroc : une polémique sur le keffieh palestinien d’une étudiante

Maroc : une polémique sur le keffieh d’une étudiante

Réaction d’Abdellatif Miraoui à la controverse d’un keffieh lors d’une cérémonie de remise des diplômes
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Abdellatif Miraoui, a réagi à la récente polémique survenue lors d’une cérémonie de remise des diplômes à la Faculté des Sciences de Ben M’sik à Casablanca. Le doyen de cette faculté a refusé de décerner un prix à une lauréate en raison du keffieh qu’elle portait sur sa toge, ce qui a déclenché une vague de critiques et de protestations.

Contexte de l’incident
Lors de la cérémonie de remise des diplômes, une étudiante lauréate s’est présentée sur scène pour recevoir son prix, arborant un keffieh par-dessus sa toge. Le doyen de la Faculté des Sciences de Ben M’sik, prenant une décision controversée, a refusé de lui remettre son prix. Cet acte a immédiatement provoqué une réaction indignée parmi les participants, conduisant à un désordre notable.

Réactions et prises de position
La décision du doyen a entraîné une protestation unanime de la part des professeurs, des cadres administratifs et des étudiants présents à la cérémonie. Indignés par cette décision jugée discriminatoire, ils ont manifesté leur mécontentement, forçant le doyen à quitter, sous la pression, la cérémonie de remise des diplômes. En d’autres termes : il a été expulsé. Le directeur de l’Ecole supérieure de technologie s’est alors présenté sur l’estrade pour remettre le prix à la jeune diplômée qui a refusé d’enlever son keffieh.

Prise de position du ministre de l’Enseignement supérieur
En réponse à cette controverse, Abdellatif Miraoui, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, s’est exprimé au Parlement. Il a décrit l’incident comme une « opinion personnelle » du doyen, admettant que celui-ci « était peut-être dans l’erreur ; et tout humain commet des erreurs ». Le ministre a ainsi tenté de minimiser l’incident tout en reconnaissant implicitement la faute du doyen.

Prise de position du Bureau des étudiants
Le Bureau des étudiants a également condamné fermement l’attitude du doyen, qualifiant son action d’« inacceptable » et allant à l’encontre des valeurs académiques et de respect des libertés individuelles. Le Bureau des étudiants a considéré «ce comportement comme une insulte aux valeurs académiques et humaines sur lesquelles reposent les établissements d’enseignement». «Le port du keffieh est une expression de solidarité avec le peuple palestinien et sa juste cause. C’est un droit garanti par la Constitution marocaine et les conventions internationales des droits humains. Nous soulignons la nécessité de respecter les droits des étudiants à exprimer leurs opinions et leurs convictions de manière pacifique et civilisée», a ajouté le communiqué. Par la même occasion, le Bureau des étudiants a appelé «tous les responsables des établissements d’enseignement à adhérer aux principes d’intégrité, de justice et de respect des droits des étudiants». Il a aussi appelé à «une enquête urgente sur cet incident, afin de prendre les mesures appropriées pour garantir qu’un tel comportement ne se reproduise pas à l’avenir». Dans ce sens, l’association estudiantine a affirmé sa «pleine solidarité avec la diplômée et son droit d’honorer et de reconnaître ses efforts et ses réalisations académiques». Le Bureau des étudiants a enfin renouvelé leur engagement à «défendre les droits des étudiants, la liberté d’expression et leur participation effective au débat sur les questions nationales et humanitaires».

Prise de position du Syndicat national de l’enseignement supérieur
Précédemment, le Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche avait déjà condamné l’attitude du doyen en la qualifiant d’«incident grave» et d’«acte odieux», soulignant l’importance de respecter la diversité et les choix individuels des étudiants. Le Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche a ajouté que «ce comportement irresponsable au sein de l’espace universitaire» avait suscité «une profonde déception parmi tous les présents», d’autant qu’il survient «quelques heures après un nouveau et terrible massacre perpétré par la brutale entité sioniste dans le camp de Khan Younès à Gaza». Le Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche, qui représente les cadres enseignants et administratifs de l’Ecole supérieure de technologie, a exprimé sa «ferme condamnation du comportement imprudent du doyen de la Faculté des sciences, Ben M’sik», tout en exprimant sa «solidarité inconditionnelle avec l’étudiante diplômée». «Son port du keffieh est source de fierté pour elle et sa famille, en plus de sa réussite à l’université».

En bref…
Cet incident a suscité une vive indignation de la part des professeurs, des cadres administratifs, des étudiants, et même du ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Abdellatif Miraoui. Le ministre a qualifié l’acte du doyen d’«opinion personnelle» et a suggéré qu’il «était peut-être dans l’erreur». Le Syndicat national de l’enseignement supérieur et de la recherche a qualifié le comportement du doyen de « grave » et « inacceptable ». Le Bureau des étudiants a également condamné fermement l’attitude du doyen. La protestation collective lors de la cérémonie a conduit le doyen à quitter précipitamment, voire fuir les lieux, illustrant le rejet généralisé de son acte au sein de la communauté.




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