Sahel / Sahara : coup de pression des États-Unis à l’Algérie
Sahel/Sahara : coup de pression des États-Unis à l’Algérie
Une rencontre importante a eu lieu entre un haut responsable de l’administration américaine et le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, à New York, en marge des travaux de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette réunion a offert à l’administration américaine une opportunité privilégiée pour adresser un message clair et ferme au régime militaire algérien. Le ton de cette rencontre a été marqué par une franchise inhabituelle, voire des menaces à peine voilées, incitant Alger à revoir en profondeur sa politique étrangère et à adopter une approche plus pragmatique et réaliste dans ses relations avec ses voisins et ses partenaires internationaux.
Washington n’en est pas à sa première prise de position ferme à l’encontre du régime algérien, dont les relations avec les États-Unis sont empreintes de méfiance et d’incompréhension depuis plusieurs années. En effet, des responsables de haut niveau, tels que le secrétaire d’État Antony Blinken, ainsi que les ambassadeurs américains successifs en Algérie, Elisabeth Moore Aubin et Joshua Harris, ont régulièrement tenu un discours direct envers les autorités algériennes. Ces derniers ont souligné la nécessité pour Alger de respecter certaines lignes rouges dans sa politique régionale et internationale, en particulier concernant ses liens avec des acteurs controversés.
Cette rencontre de New York se distingue cependant par son contexte particulier. Elle survient à un moment critique où le régime algérien est de plus en plus isolé sur la scène internationale, on connaît les « ennemis » de l’Algérie, mais qui sont ses « amis » ? L’Algérie est confrontée à des évolutions géopolitiques qui lui sont très défavorables. Le régime, comme à son habitude, pourrait être tenté de recourir à des manœuvres risquées et imprévisibles, menaçant ainsi la paix et la stabilité régionales, notamment au Maghreb et au Sahel.
Le réalisme exigé par l’administration américaine se décline en plusieurs aspects clés. En premier lieu, Washington exhorte Alger à abandonner sa politique de soutien inconditionnel au groupe séparatiste Polisario, une organisation que l’Algérie finance et équipe depuis des décennies. Cette politique vise à séparer le Maroc de son Sahara occidental. L’Algérie doit renoncer à son rêve d’avoir un accès à l’Atlantique en se servant du polisario comme proxy. La communauté internationale, à commencer par les États-Unis et l’Union européenne, a clairement validé l’option de l’autonomie sous souveraineté marocaine comme solution définitive et pacifique à ce conflit. Par conséquent, il est demandé à l’Algérie de s’adapter à cette nouvelle réalité internationale et d’arrêter ses provocations et actions de déstabilisation à l’égard du Maroc et de ses autres voisins du Maghreb.
Le réalisme réclamé par Washington ne se limite pas au dossier du Sahara occidental. Il inclut également la nécessité pour le régime algérien de reconsidérer ses alliances internationales, notamment ses relations de plus en plus étroites avec l’Iran. L’administration américaine, qui considère le régime iranien comme un acteur hostile et déstabilisateur dans plusieurs régions du monde, a envoyé un message clair à Alger : prendre ses distances avec Téhéran est non seulement dans l’intérêt de la stabilité régionale, mais aussi crucial pour éviter de se retrouver dans le camp des États qui s’opposent aux résolutions et aux efforts de la communauté internationale. L’Iran est actuellement sous le feu des critiques internationales en raison de ses ambitions nucléaires, et l’Algérie est encouragée à ne pas s’associer davantage à un régime en conflit avec les grandes puissances mondiales.
Le réalisme demandé par Washington porte également sur les relations ambiguës du régime algérien avec certaines organisations terroristes opérant dans la région du Sahel. Depuis quelques années, l’Algérie est accusée de jouer un rôle trouble dans cette région, en entretenant des liens avec certains groupes armés qui déstabilisent des pays voisins comme le Mali. Cette situation a conduit à une dégradation des relations entre Alger et Bamako, avec des échanges de plus en plus vifs. Récemment, le représentant du Mali aux Nations Unies a qualifié le ministre des Affaires étrangères algérien, Ahmed Attaf, et son ambassadeur à l’ONU, Amar Bendjama, d’énergumènes diplomatiques qui ont des problèmes avec l’Histoire et la géographie.
Un élément essentiel à souligner dans ce contexte est que la relation entre Washington et Alger a franchi un nouveau seuil. Les États-Unis ne se contentent plus de simples recommandations diplomatiques ; ils exercent désormais une pression concrète sur le régime algérien. Ce dernier se retrouve face à un dilemme : soit il ajuste sa politique étrangère et adopte une approche plus réaliste, soit il s’expose à des sanctions économiques et politiques sévères.
L’administration américaine avait déjà envisagé des mesures punitives contre le régime algérien il y a quelques années, notamment en raison de ses relations étroites avec la Russie. Les liens d’Alger avec Moscou ont provoqué la colère de certains législateurs américains, qui ont menacé d’imposer des sanctions si l’Algérie poursuivait ses contrats d’armement massifs avec la Russie, alimentant ainsi la machine de guerre de Vladimir Poutine.
Il sera crucial d’observer les prochaines actions du régime algérien. Cédera-t-il à la pression internationale et s’engagera-t-il sur la voie du réalisme préconisé par Washington ? Ou continuera-t-il à défier la communauté internationale, au risque de subir des conséquences diplomatiques et économiques potentiellement dévastatrices ? Le régime algérien, plus isolé que jamais, est à la croisée des chemins, et ses choix détermineront non seulement son avenir, mais aussi celui de la stabilité régionale.
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