(Vidéo) Cheb Khaled : polémique en Algérie et soutien au Maroc
Cheb Khaled entre polémique en Algérie et soutien au Maroc
Alors que Cheb Khaled, l’illustre roi du raï, se retrouve au centre d’une polémique en Algérie pour sa participation à la première édition du Fun Festival, qui s’est tenue du 3 au 5 octobre 2024, au parc du vélodrome de Casablanca, il est largement soutenu par ses admirateurs marocains, mettant en lumière une fois de plus les tensions culturelles et politiques entre les deux pays.
Le concert, qui s’est tenu jeudi dernier à Casablanca, a été un événement marquant pour le chanteur. Cependant, ce qui aurait dû être un moment de célébration musicale a pris une tournure plus délicate en raison des réactions enflammées de nombreux Algériens sur les réseaux sociaux. Certains de ses compatriotes n’ont pas hésité à le critiquer violemment pour avoir accepté de se produire au Maroc, pays avec lequel l’Algérie entretient des relations diplomatiques tendues. Sur Internet, des insultes et des attaques personnelles à l’encontre du chanteur ont fusé. Pourtant, ces critiques n’ont pas suffi à ébranler le moral de Cheb Khaled, qui a choisi de partager, via ses comptes sur les réseaux sociaux, des vidéos de ses préparatifs pour le concert ainsi que des extraits de la soirée.
Les Marocains présents au concert ont accueilli Cheb Khaled à bras ouverts, exprimant leur joie de le voir sur scène et leur soutien indéfectible. Beaucoup d’entre eux lui ont témoigné leur affection, affirmant que le Maroc était son « second pays ». Pour eux, il était essentiel de dissocier l’art de la politique, une position qui contraste fortement avec la perception qu’ont certains Algériens de l’artiste.
Cheb Khaled est depuis longtemps une figure controversée en Algérie, en particulier en raison de ses liens étroits avec le Maroc. Né à Oran, il a toujours conservé un lien particulier avec son pays d’origine, mais son mariage avec une Marocaine et ses relations amicales avec le roi Mohammed VI ont alimenté les soupçons et les critiques de ses compatriotes. De plus, il possède aujourd’hui la nationalité marocaine, un fait qui suscite régulièrement des réactions mitigées en Algérie.
En 2019, lors de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en Égypte, Cheb Khaled avait déjà provoqué l’indignation de certains Algériens en composant une chanson en hommage à l’équipe nationale marocaine, exacerbant davantage la controverse autour de sa loyauté. À cette occasion, la colère avait été amplifiée par l’apparition du drapeau marocain dans le clip vidéo de son single « Ismouha Beyrouth », une chanson hommage aux victimes de la tragédie survenue à Beyrouth après les explosions dévastatrices du 4 août 2020. Le drapeau marocain, perçu comme un symbole politique dans le contexte des tensions régionales, avait été un élément déclencheur de nouvelles critiques.
En février 2023, face à la recrudescence des accusations portées contre lui, Cheb Khaled avait pris la parole via une vidéo partagée sur les réseaux sociaux pour clarifier sa position. Il avait été accusé par une partie de l’opinion publique algérienne de « trahir » son pays d’origine en faveur du Maroc. Dans sa réponse, il s’était exprimé avec émotion, réaffirmant son attachement à l’Algérie et présentant des excuses sincères à ceux qui auraient pu se sentir offensés par ses actions. « Je suis Algérien, et je le resterai. Si j’ai blessé quelqu’un, ce n’était pas intentionnel… Je m’excuse auprès de tous », avait déclaré l’icône du raï. Il avait également insisté sur le fait que personne ne pourrait « déraciner » ses origines, soulignant qu’il voyait les peuples du Maghreb comme des « frères », indépendamment des divisions politiques.
Le festival « Fun » à Casablanca n’est donc que le dernier épisode d’un long feuilleton où se mêlent musique, identité et politique. Pour de nombreux Algériens, la proximité de Cheb Khaled avec le Maroc, ainsi que ses collaborations musicales, sont perçues comme des gestes de « trahison ». Cependant, pour ses supporters marocains, il est simplement un artiste qui traverse les frontières et unit les peuples par la musique. Le débat, qui dépasse largement le cadre de la simple performance artistique, met en lumière la difficulté de séparer l’art des tensions géopolitiques et montre comment les identités culturelles peuvent être instrumentalisées à des fins politiques.
Malgré les critiques récurrentes et l’opprobre de certains, Cheb Khaled continue de rester fidèle à sa vision de la fraternité maghrébine et à son amour pour la musique, en naviguant dans cet espace complexe où l’art et la politique s’entremêlent souvent de manière inextricable.
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