lundi, novembre 25, 2024
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Rachat de Société Générale Maroc : feu vert de la Banque centrale

Rachat de Société Générale Maroc : feu vert de la Banque centrale

La Banque centrale du Maroc a donné son feu vert au groupe marocain Saham pour prendre le contrôle de la filiale marocaine de Société Générale. L’homme d’affaires et ex Ministre de l’Industrie et du Commerce du Maroc, Moulay Hafid Elalamy, fait son grand retour dans le secteur bancaire.

Société Générale Maroc sous le contrôle de Saham : un tournant stratégique pour le secteur bancaire marocain
La filiale marocaine de Société Générale est désormais intégrée au groupe Saham, dirigé par Moulay Hafid Elalamy, à l’issue d’un rachat historique estimé à 745 millions d’euros. Cette transaction, qualifiée de « deal de l’année », a reçu l’aval de Bank Al-Maghrib (la Banque centrale du Maroc), avec une publication officielle au Bulletin officiel du 22 novembre 2024. Ce transfert marque une nouvelle étape dans la stratégie de recentrage des multinationales françaises sur leurs marchés domestiques et dans l’africanisation des secteurs économiques clés au Maroc.

Un retour stratégique pour Moulay Hafid Elalamy
Moulay Hafid Elalamy, ancien Ministre de l’Industrie et du Commerce du Maroc de 2013 à 2021 et fondateur du groupe Saham, signe ici son retour dans les services financiers. Après avoir cédé ses activités d’assurance à Sanlam, acteur sud-africain, et ses participations dans Majorel à Teleperformance, il réoriente ses activités vers le secteur bancaire, un pilier de l’économie marocaine. Cette acquisition inclut, outre la banque elle-même :
– Eqdom, un leader du crédit à la consommation coté à la Bourse de Casablanca.
– La Marocaine Vie, un acteur significatif du secteur de l’assurance, figurant parmi les 10 plus grandes compagnies au Maroc.
Société Générale Maroc se classe cinquième banque du Royaume, avec une part de marché de 6 % à 7 % dans les prêts et dépôts. En 2023, elle affichait un résultat net consolidé de 1,3 milliard de dirhams (environ 123 millions d’euros), faisant d’elle la filiale africaine la plus rentable d du géant bancaire français Société Générale.

Un bouleversement du paysage bancaire marocain
L’arrivée du groupe Saham dans ce secteur s’inscrit dans une tendance de retrait progressif des banques françaises du Maroc, amorcée par le rachat de Crédit du Maroc par Holmarcom au groupe Crédit Agricole. Cette reconfiguration pourrait remodeler l’ensemble du secteur bancaire marocain. Des experts soulignent l’agilité accrue qu’apportent les acteurs locaux. Selon Adil Douiri, dirigeant de CFG Bank, les banques locales disposent d’une meilleure connaissance du marché et desservent une clientèle plus diversifiée, allant des particuliers aux PME. Contrairement aux filiales de multinationales, souvent concentrées sur les segments premium, les banques locales peuvent cibler des segments plus variés, renforçant ainsi leur compétitivité.

Des ambitions de croissance pour Société Générale Maroc
En intégrant le groupe Saham, Société Générale Maroc pourrait gagner des parts de marché face aux grands acteurs locaux que sont :
– Attijariwafa Bank, le leader du secteur
– Bank of Africa (BOA), un acteur majeur sur le continent
– La Banque Centrale Populaire (BCP), avec un vaste réseau coopératif
Cette évolution ouvre la voie à une diversification de l’offre de Société Générale Maroc, avec une probable expansion vers de nouveaux segments de clientèle et une modernisation de ses services.

Un repositionnement des banques françaises
Le rachat de Société Générale Maroc illustre également une tendance générale des banques françaises à se désengager des marchés africains. Ce retrait est motivé par des stratégies de recentrage sur les marchés européens, mais aussi par la montée en puissance des groupes financiers locaux, qui bénéficient d’une meilleure flexibilité pour s’adapter aux réalités économiques et sociales des pays africains.

Perspectives pour le marché bancaire marocain
L’acquisition de Société Générale Maroc par Saham constitue une étape majeure dans l’évolution du secteur bancaire marocain. En intégrant un acteur local, cette transaction renforce la dynamique d’autonomisation économique du Maroc et pourrait entraîner une intensification de la concurrence sur le marché. La présence accrue des banques locales pourrait également encourager des politiques plus inclusives pour répondre aux besoins d’un plus large éventail de clients. Cette opération témoigne d’une réorientation stratégique pour les multinationales et d’une opportunité pour le Maroc d’affirmer davantage son autonomie économique tout en renforçant son secteur financier.