Maroc : des présidents de communes déchus de leurs fonctions
Maroc : des présidents de communes déchus de leurs fonctions
L’Agence judiciaire du Royaume (AJR) a récemment obtenu le feu vert du ministère de l’Intérieur pour transmettre une première liste de présidents de communes révoqués de leurs fonctions aux parquets généraux des Cours d’appel. Ces élus avaient déjà été destitués par divers tribunaux administratifs après des accusations graves de prévarication. Cette démarche marque le début d’une phase judiciaire visant à engager des enquêtes approfondies pour des faits présumés liés à des «crimes économiques et financiers». La situation reflète une volonté renforcée de s’attaquer à la corruption et à la mauvaise gestion des ressources publiques au niveau local.
Les investigations menées jusqu’ici ont mis en lumière de nombreuses irrégularités. Il est reproché à ces responsables de graves manquements, notamment dans la gestion des marchés publics, où des malversations ont été détectées. Ces pratiques incluent l’attribution douteuse de contrats à des entreprises spécifiques, l’absence de transparence dans les appels d’offres et des dysfonctionnements dans l’exécution des projets. En outre, certaines infractions relèvent de l’ouverture illégale de chantiers ou de constructions sans autorisations administratives. Les rapports de l’Inspection générale de l’administration territoriale, à l’origine de plusieurs de ces révélations, ont été déterminants dans l’ouverture des enquêtes.
La région de Fès figure parmi les zones où le nombre de dossiers est le plus important. Plusieurs présidents de communes y sont accusés de multiples infractions, ce qui témoigne de l’ampleur des problèmes de gestion locale. Ces poursuites mettent également en lumière l’implication de complices et des réseaux organisés au sein des collectivités.
Par ailleurs, la campagne nationale de lutte contre la corruption s’est intensifiée en novembre dernier. Plusieurs élus, notamment dans la région de Marrakech-Safi, ont été destitués par la justice administrative. Parmi les cas les plus notables figure celui du président du Conseil de la commune d’Ighoud, dans la province de Youssoufia, un élu affilié au Parti authenticité et modernité (PAM). Ce dernier a été révoqué après une demande expresse du gouverneur de la province. À ses côtés, d’autres responsables, dont le premier vice-président de la commune et la sixième vice-présidente, ont également été démis de leurs fonctions. À Safi, le président de la commune urbaine, Nourddine Kemmouch, membre du Parti de l’Istiqlal (PI), a subi le même sort.
Ces mesures témoignent de la détermination des autorités marocaines à instaurer une gouvernance plus transparente et à renforcer l’intégrité dans la gestion des affaires publiques. En engageant des procédures judiciaires contre des élus impliqués dans des actes de corruption et d’abus de pouvoir, le Royaume s’inscrit dans une dynamique de réforme qui vise à restaurer la confiance des citoyens dans les institutions locales.