jeudi, décembre 12, 2024
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Syrie : le régime algérien retourne sa veste

Syrie : le régime algérien retourne sa veste

Suite à la chute du régime de Bachar Al-Assad, les projecteurs se braquent désormais sur le système politico-militaire algérien, considéré par de nombreux observateurs comme une dernière dictature à affronter dans la région. Parmi les Syriens, qu’ils soient rebelles ou membres de la diaspora, un message émerge : l’Algérie est désormais perçue comme un régime complice à surmonter. Cette perception se renforce par le rôle qu’Alger a joué dans le soutien de longue date au régime syrien, même dans les moments les plus critiques.

Cependant, face à l’effondrement de Bachar Al-Assad et à la prise de Damas par les forces rebelles, le régime algérien a opéré un revirement spectaculaire dans sa diplomatie. Jusqu’à quelques jours avant la chute de Damas, les autorités algériennes qualifiaient encore les rebelles syriens de « terroristes » et réaffirmaient leur appui total au gouvernement syrien. Pourtant, dès la fuite de Bachar Al-Assad, un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères exprimait une solidarité soudaine avec le « peuple syrien frère ». Ce retournement de veste pragmatique (voire hypocrite) a suscité des interrogations sur la cohérence et la rationalité de la diplomatie algérienne.

Le communiqué appelait au dialogue entre toutes les composantes du peuple syrien, plaidant pour une réconciliation nationale et un futur axé sur les intérêts supérieurs de la Syrie, tout en condamnant toute ingérence étrangère. Ce ton conciliant contrastait fortement avec les déclarations antérieures d’Alger, qui avait fermement défendu le régime syrien contre les initiatives internationales visant à isoler Bachar Al-Assad.

Un contexte de préoccupations internes
Ce changement d’attitude ne peut être dissocié des craintes (voire la panique) qui animent le régime algérien, lequel perçoit dans la chute du régime syrien un possible prélude à sa propre future chute. Depuis le début du soulèvement syrien, les autorités algériennes avaient maintenu des contacts étroits avec leurs homologues à Damas, sous prétexte de veiller sur leurs ressortissants présents en Syrie. En réalité, ces échanges portaient sur un soutien actif au gouvernement syrien face à la montée des opposants, perçue comme une menace indirecte pour la stabilité d’Alger.

La mémoire d’un avertissement lancé en 2011 par Cheikh Hamad Ben Jassim Al-Thani, alors ministre des Affaires étrangères du Qatar, plane toujours sur Alger. Lors de la suspension de la Syrie de la Ligue arabe, l’Algérie avait défendu le régime syrien, provoquant une mise en garde claire du diplomate qatari : « Arrêtez de défendre la Syrie, car votre tour viendra. » Ce spectre semble hanter le régime algérien, particulièrement à la lumière des récentes manifestations de la diaspora syrienne en Europe, dénonçant son soutien inconditionnel à Bachar Al-Assad.

Répercussions internationales et critiques
Dans plusieurs capitales européennes, des rassemblements organisés par des Syriens ont pointé du doigt l’Algérie comme l’un des derniers régimes ayant soutenu Bachar Al-Assad jusqu’à sa chute. À Paris, des banderoles appelaient à la chute des dictatures, mentionnant explicitement le régime algérien. Les réseaux sociaux syriens, quant à eux, ont été inondés de critiques acerbes à l’encontre du régime algérien, accusée d’avoir joué un rôle complice dans la répression du peuple syrien.

Cette situation place l’Algérie dans une posture délicate sur la scène internationale. Le parallèle entre le régime d’Assad et celui d’Alger est devenu un sujet de débat, alimenté par les dynamiques internes algériennes et les tensions régionales. Ces événements soulignent la fragilité croissante d’un système politico-militaire confronté à des pressions internes et externes, tout en cherchant à maintenir une fausse façade de stabilité.





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