mardi, décembre 17, 2024
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(Vidéo) Kamel Daoud sur le régime d’Alger et le Maroc

(Vidéo) Kamel Daoud sur le régime d’Alger et le Maroc

Le jeudi 12 décembre, l’écrivain algérien Kamel Daoud a été l’invité de l’émission «Le Grand entretien» diffusée sur «France Inter», animée par Léa Salamé et Nicolas Demorand. Au cours de cet entretien, il a exprimé ses réflexions sur le régime d’Alger et ses sentiments vis-à-vis du Maroc.

Exilé en France depuis 18 mois, Kamel Daoud a longuement évoqué la polémique entourant la sortie de son nouveau livre Houris (éditions Gallimard), qui a remporté le prix Goncourt 2024, ainsi que l’arrestation en Algérie de son ami, le romancier et essayiste Boualem Sansal.

«Je ressens, comme beaucoup d’Algériens, de la colère, un sentiment d’humiliation, d’avilissement aussi de l’image qu’on donne de l’Algérie, parce qu’il y a quand même eu des sacrifices pour ce pays-là. Je ressens de la tristesse, l’envie de ne plus parler de l’Algérie parfois, de m’ouvrir au reste du monde. Mais je ressens aussi le besoin d’être solidaire, de continuer d’expliquer aussi ce qui se passe en Algérie par rapport à l’opinion occidentale, parce que l’une des choses les plus difficiles à expliquer au monde, c’est qu’est-ce qu’une dictature», a confié Kamel Daoud.

L’écrivain n’a pas hésité à s’attaquer de front au régime d’Alger, rappelant que son dernier livre, qui aborde la décennie noire, a été interdit en Algérie. Il a dénoncé les méthodes répressives du régime, qui, selon lui, «s’attaque à vos proches, à vos amis, à vos familles, à vos enfants». Une situation particulièrement douloureuse, mais que l’écrivain a jugée surmontable, soulignant que cette répression soulève la question du prix de la liberté.

Concernant la situation de Boualem Sansal, Kamel Daoud s’est montré pessimiste, estimant que le régime algérien n’était pas sensible à la pression internationale. Selon lui, ce régime a construit son discours de survie autour de l’idée que «le monde entier nous en veut» et qu’«il y a un complot international contre nous». «Plus on se mobilise, plus on renforce l’équation du complot international», a expliqué Kamel Daoud, soulignant que, à ses yeux, le régime d’Alger est «faible, rancunier et violent», et que l’Algérie «bâtit son hyper-nationalisme sur le refus du monde».

Interrogé sur les propos de Boualem Sansal, tenus dans le cadre du média «Frontières» le 2 octobre dernier, concernant les frontières entre le Maroc et l’Algérie, Kamel Daoud a estimé qu’ils relevaient de la liberté d’opinion. Boualem Sansal y rappelait que lors de la colonisation française, «toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc: Tlemcen, Oran et même jusqu’à Mascara». Kamel Daoud ne se dit pas choqué par cette déclaration, mais il dénonce plutôt l’hypocrisie des élites de gauche algériennes qui lui contestent sa liberté de penser. Il lance : «Oseront-ils dire la même chose face aux prêcheurs islamistes qui, chaque vendredi, répètent la même chose: qu’ils ne reconnaissent pas les frontières algériennes ni l’histoire algérienne?»

Lorsqu’un auditeur l’a questionné sur sa vision des relations entre le régime algérien et le Maroc, Kamel Daoud n’a pas caché son attachement au Royaume. «Je ne ferai jamais la guerre au Maroc. Je ne laisserai jamais mes enfants faire la guerre au Maroc. Je ne serai jamais l’ennemi du Maroc», a-t-il affirmé. Il a également rappelé que «le Maroc est un pays qui a accueilli les indépendantistes algériens. Le Maroc, c’est aussi l’Algérie, avec un autre drapeau».

Refusant d’adhérer à la version officielle des frontières entre les deux pays, Kamel Daoud a conclu son interview en faisant une promesse émouvante : «Je visiterai l’Algérie un jour, librement, et je visiterai le Maroc parce que c’est aussi mon pays».