Le Maroc envisage la réouverture de son ambassade en Syrie
Le Maroc envisage la réouverture de son ambassade en Syrie
Le Maroc semble sur le point de normaliser ses relations diplomatiques avec la Syrie, en envisageant la réouverture de son ambassade à Damas, fermée depuis 2012, après une rupture des liens bilatéraux due à la crise syrienne.
En 2012, en pleine intensification du conflit syrien, le Maroc avait pris la décision radicale de rappeler son personnel diplomatique de l’ambassade de Damas et d’expulser l’ambassadeur syrien, Nabi Ismail, le déclarant «personne indésirable». Cette démarche avait été justifiée par la position du Royaume sur la brutalité du régime de Bachar al-Assad à l’égard du peuple syrien, et par son soutien à l’opposition syrienne. Le Maroc, un des acteurs clés dans les efforts de médiation arabe et internationale, avait dénoncé les violences sanglantes qui faisaient des milliers de victimes et provoquaient des destructions massives en Syrie.
Dans une déclaration récente, le porte-parole des nouvelles autorités syriennes a révélé que le Maroc et la Syrie étaient en pourparlers pour rétablir des relations diplomatiques. Il a précisé que le Maroc œuvrait pour la réouverture de son ambassade à Damas, et que d’autres pays arabes pourraient également suivre cette démarche dans un proche avenir. Cette annonce pourrait marquer un tournant dans la politique étrangère marocaine, longtemps caractérisée par un soutien sans faille à l’opposition syrienne, mais également par un engagement pour des solutions diplomatiques visant à résoudre la crise.
Le Maroc, tout en affirmant son soutien aux aspirations du peuple syrien, avait, en 2012, justifié sa rupture des relations en soulignant l’ampleur des souffrances humaines et des violations des droits humains subies par la population syrienne. Le communiqué du ministère des Affaires étrangères marocain de l’époque évoquait un bilan tragique : près de 20.000 morts, des milliers de blessés, des mutilés, et des centaines de milliers de réfugiés. Le Royaume avait également exprimé sa solidarité avec le peuple syrien en insistant sur la nécessité d’une intervention internationale pour mettre fin aux atrocités.
Cependant, depuis cette rupture diplomatique, la situation en Syrie a évolué, avec le régime syrien parvenant à reprendre le contrôle de la majorité du territoire, grâce au soutien militaire de la Russie et de l’Iran. Ces développements ont conduit certains pays arabes à reconsidérer leur position envers le régime de Damas, notamment en ce qui concerne la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe. Lors du sommet de la Ligue arabe de 2023 à Riyad, le Maroc a exprimé ses réserves vis-à-vis de cette réintégration, mais cette réouverture des relations avec Damas semble indiquer un changement de position, ou du moins une volonté d’engager des discussions pour normaliser les relations bilatérales.
Le processus de normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays est encore en développement. La réouverture de l’ambassade marocaine à Damas serait un geste symbolique fort, témoignant de la volonté du Maroc de tourner la page d’une période marquée par des tensions diplomatiques et de participer à un rééquilibrage des relations au sein du monde arabe. D’autres pays de la région, comme les Émirats arabes unis ou l’Arabie saoudite, ont également entrepris des démarches similaires, cherchant à rétablir des liens avec la Syrie pour des raisons politiques et stratégiques.
Ainsi, si cette initiative se concrétise, elle pourrait marquer la fin de plus de dix ans d’isolement diplomatique pour le régime syrien et offrir à la Syrie de nouvelles opportunités économiques et politiques. Pour le Maroc, cette réouverture d’ambassade ne signifie pas seulement un changement de politique vis-à-vis de la Syrie, mais aussi un repositionnement dans le cadre plus large de la diplomatie arabe, et peut-être un rapprochement avec d’autres acteurs régionaux, au moment où les dynamiques politiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord connaissent une évolution notable.
Toutefois, les discussions entre les autorités marocaines et syriennes devront probablement tenir compte de nombreux aspects sensibles, notamment les questions relatives aux droits humains et à la réconciliation nationale en Syrie, ainsi qu’à la place de la Syrie au sein de la Ligue arabe. Ce rapprochement pourrait également avoir des répercussions sur les relations du Maroc avec d’autres partenaires internationaux, notamment les pays occidentaux, qui restent vigilants face aux évolutions en Syrie.