Maroc : grève nationale de 3 jours des médecins du secteur public
Maroc : grève nationale de 3 jours des médecins du secteur public
Après une brève période de calme, les tensions dans le secteur de la santé au Maroc ont repris de plus belle. Le Syndicat indépendant des médecins du secteur public a annoncé une nouvelle série de grèves nationales qui se dérouleront les 24, 25 et 26 décembre 2024. Cette grève exclura cependant les services d’urgence et de réanimation, qui resteront opérationnels pour assurer la continuité des soins d’urgence. L’action s’inscrit dans un cadre plus large de contestation contre ce que le syndicat appelle l’“ignorance systématique” de ses revendications de la part des autorités compétentes.
Dans un communiqué particulièrement virulent publié à cette occasion, le syndicat exprime son ras-le-bol face à la politique de la « sourde oreille » adoptée par les responsables du secteur de la santé, qu’ils jugent incapables de répondre aux préoccupations légitimes des médecins. Le communiqué dénonce l’absence de toute initiative officielle pour organiser des discussions visant à apaiser les tensions actuelles dans le secteur. Malgré la gravité de la situation, le syndicat affirme que les raisons de la contestation restent intactes, notamment en ce qui concerne la gestion des ressources humaines et des conditions de travail des professionnels de santé. Le syndicat met en garde contre les risques d’aggravation de la crise si celle-ci n’est pas abordée avec une véritable volonté de changement.
En plus de la grève prévue fin décembre, le syndicat a annoncé l’organisation d’une « semaine de colère » du 30 décembre 2024 au 5 janvier 2025. Cette semaine de protestation sera marquée par plusieurs actions, dont l’arrêt de tous les examens médicaux dans les centres de diagnostic, la grève des cachets médicaux (ce qui affecterait directement les consultations privées), ainsi que la participation à une grande marche nationale à Rabat le 29 décembre pour exprimer leur mécontentement contre certaines législations, telles que celles relatives à la grève et à la réforme des retraites.
Le syndicat a également décidé de suspendre la délivrance de certains certificats médicaux, notamment ceux nécessaires pour l’obtention de permis de conduire ou d’autres documents administratifs. Seuls les certificats de maladie accompagnant un traitement continueront d’être délivrés. En outre, les médecins ont décidé de boycotter la campagne de santé scolaire ainsi que tous les programmes éducatifs, jugés insuffisants ou inadaptés. Cette décision inclut également un rejet des campagnes chirurgicales qui ne respectent pas les normes médicales strictes, des caravanes médicales ainsi que toutes les tâches administratives non directement liées à la pratique médicale, telles que la rédaction de rapports périodiques, les statistiques et les réunions administratives ou formatives.
Un autre point de tension majeur est la gestion de l’accord signé en juillet 2024, que le syndicat a refusé de ratifier. Ils expliquent que leur décision découle de la persistance des problèmes qui ont conduit à cette situation de crise. En particulier, ils déplorent la persistance des atteintes aux droits des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes, et soulignent l’absence de garanties concrètes pour préserver le statut de « fonctionnaire public », notamment en ce qui concerne la centralité des salaires. Les médecins estiment que les réformes proposées ne répondent pas aux attentes urgentes du secteur, notamment en matière de rémunération et de reconnaissance des qualifications.
En outre, le syndicat a vivement critiqué les amendements apportés au projet de loi de finances pour 2025. Selon eux, les modifications apportées sont insuffisantes et ne traitent pas de manière adéquate les préoccupations des professionnels de la santé. Ils pointent du doigt l’absence de mesures concrètes et soulignent que les décisions sont renvoyées à des textes réglementaires futurs, créant ainsi une incertitude qui accroît le mécontentement parmi les médecins.
Enfin, le syndicat a réaffirmé ses principales revendications, qui se concentrent autour de plusieurs axes essentiels. Tout d’abord, ils exigent une augmentation substantielle des salaires, qu’ils jugent non seulement nécessaires mais urgentes face à l’inflation et aux pressions économiques. Ils demandent également l’introduction de deux nouveaux grades au-delà de l’échelle actuelle des fonctionnaires de santé, pour mieux reconnaître les efforts et les qualifications des praticiens. Enfin, ils appellent à un respect strict des engagements pris par le gouvernement, en particulier ceux relatifs à la valorisation du statut de fonctionnaire public et à la gestion transparente des ressources humaines dans le secteur de la santé.
Les médecins du secteur public sont déterminés à poursuivre leur lutte et ont averti qu’ils poursuivront leurs actions tant que leurs revendications fondamentales ne seront pas prises en compte. Pour le syndicat, cette nouvelle série de protestations est un moyen de rappeler aux autorités que les conditions de travail dans le secteur de la santé doivent être urgemment améliorées, sous peine de provoquer une crise qui pourrait affecter tout le système de santé marocain.