jeudi, janvier 2, 2025
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Maroc : un asile clandestin à El Kelaâ des Sraghnas

Maroc : un asile clandestin à El Kelaâ des Sraghnas

Un infirmier, le propriétaire d’une ferme, ainsi que son fils ont été placés en garde à vue après la découverte d’un asile clandestin dans lequel des personnes souffrant de troubles mentaux étaient séquestrées. Ce lieu illégal, aménagé dans une ferme située à El Kelaâ des Sraghnas, dans la région de Marrakech-Safi, a été mis au jour par les services de la gendarmerie, suscitant un véritable choc dans la région.

Le contexte de la découverte : un asile prétendant offrir des soins
L’affaire fait depuis plusieurs jours la une des médias locaux et provoque une grande émotion dans la région de Marrakech-Safi et plus largement au niveau national. Selon des sources locales, les autorités ont récemment découvert, dans cette ferme, plusieurs personnes retenues dans des conditions déplorables. Ces dernières étaient censées être prises en charge dans un établissement présenté comme un asile pour personnes souffrant de troubles mentaux. Il avait été présenté à leurs familles comme un lieu de soins, dans la lignée de l’asile de Bouya Omar, un établissement bien connu dans la région, où des malades mentaux sont censés recevoir des traitements appropriés.
En réalité, l’asile clandestin qui se trouvait dans cette ferme ne correspondait en rien à ce qu’il prétendait être. Selon le journal arabophone Al Akhbar, 19 personnes ont été retrouvées sur place, détenues contre leur volonté, sans recevoir de véritables soins médicaux. L’enquête a révélé que l’infirmier, censé être responsable des soins médicaux dans cet établissement, ainsi que le propriétaire de la ferme et son fils ont été interpellés pour leur implication dans cette séquestration. Ils ont été placés en garde à vue, tandis que l’enquête se poursuit pour identifier d’autres complices et déterminer l’étendue du réseau.

L’arrestation et les premiers éléments de l’enquête
D’après le journal Al Akhbar, parmi les trois individus interpellés, l’un d’eux est un infirmier, supposé exercer à Tétouan, mais qui aurait agi illégalement dans ce centre non agréé. Le propriétaire de la ferme et son fils, tous deux originaires de la région, étaient responsables de la gestion de cet asile clandestin, où des patients étaient retenus contre leur gré. La gendarmerie a indiqué que d’autres arrestations sont à prévoir, notamment des intermédiaires soupçonnés d’avoir joué un rôle dans le recrutement des patients pour ce centre illégal.
Les premiers résultats de l’enquête ont révélé que les personnes retrouvées dans cet asile clandestin venaient principalement de villes du nord du Royaume, telles que Tétouan, Nador, ou Oujda, ce qui laisse supposer qu’un réseau de recrutement opérait à l’échelle nationale. Les familles des patients ont été mises en contact avec le propriétaire de la ferme via des intermédiaires, probablement dans des villes comme Marrakech, Agadir, Casablanca et même Laâyoune, étant donné que certains des patients libérés étaient originaires de ces endroits. Il est donc fort probable que le réseau s’étendait au-delà de la région de Marrakech-Safi.

Les motivations des familles et les témoignages accablants
Lors de leur audition, les proches des personnes retrouvées dans cet asile ont expliqué qu’ils avaient été convaincus par les responsables de la ferme que leurs parents seraient soignés pour leurs troubles mentaux dans un cadre sécurisé. Beaucoup d’entre eux étaient dans l’espoir que leurs proches seraient soignés, mais ils n’auraient jamais imaginé que ces derniers seraient abusés et exploités de la sorte.
Les témoignages recueillis par les enquêteurs sont accablants. Les proches des patients ont en grande partie incriminé l’infirmier interpellé, qui, selon eux, était censé assurer les soins médicaux nécessaires. Au lieu de cela, il semble que les patients aient été laissés à eux-mêmes, sans aucune attention médicale réelle. Le propriétaire de la ferme, quant à lui, aurait exploité la situation, promettant aux familles qu’il guérirait leurs proches en échange de paiements mensuels. Mais en réalité, une fois sur place, les patients étaient contraints de consommer des drogues et des psychotropes pour entretenir leur dépendance, ce qui aggravait encore leurs troubles.

Exploitation et abus : un réseau lucratif ?
D’après les premières informations de l’enquête, le propriétaire de la ferme semblait avoir mis en place un véritable business autour de la souffrance des personnes malades. Il aurait profité de l’état de vulnérabilité de ses « patients » pour convaincre leurs familles de payer pour leur prétendu traitement. Selon les témoignages des personnes libérées, une fois arrivées à la ferme, celles-ci se retrouvaient dans un environnement de drogue et de violence, plutôt que de soin.
Le pire est survenu lorsqu’un des patients a eu de graves complications dues à une overdose de drogue. Le propriétaire de la ferme, inquiet, a alors demandé à la famille de ce patient de venir le chercher. Mais au lieu de récupérer leur parent comme demandé, la famille a alerté la gendarmerie, lançant ainsi l’enquête qui a permis la découverte de l’asile clandestin.

La perquisition et la découverte des conditions de séquestration
Suite à la plainte déposée par la famille du patient en question, les forces de l’ordre ont procédé à une perquisition de la ferme. Ce qu’elles ont découvert est horrible : un véritable nouveau Bouya Omar, où 19 personnes étaient séquestrées dans des conditions inhumaines. Les victimes étaient maintenues dans un environnement insalubre, sans soins appropriés, et étaient parfois droguées pour exacerber leur dépendance.
La découverte de cet asile clandestin a choqué les autorités et la population locale, mettant en lumière un réseau d’exploitation bien plus vaste qu’il n’y paraissait à première vue. L’enquête continue, avec l’espoir d’identifier l’ensemble des responsables et de démanteler ce réseau d’abus et de maltraitance.

Une affaire qui soulève des questions
Cette affaire soulève de nombreuses questions sur l’absence de régulation et de contrôle sur des établissements prétendant soigner des personnes vulnérables. L’implication d’un infirmier dans un tel réseau, ainsi que la complicité d’intermédiaires dans l’exploitation des patients, met en lumière les dérives de certains acteurs du secteur de la santé et du système de prise en charge des malades mentaux. L’enquête doit maintenant se concentrer sur la recherche de responsables et sur la mise en lumière de toute l’ampleur de cette escroquerie tragique.