vendredi, janvier 3, 2025
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La Russie a fait le bilan de ses relations avec le Maroc en 2024

La Russie a fait le bilan de ses relations avec le Maroc en 2024

En 2024, la Russie a dressé un bilan positif de ses relations avec le Maroc, mettant en avant la position équilibrée de Rabat vis-à-vis de la guerre en Ukraine et l’expansion des exportations russes vers le marché marocain. Cette évaluation a été faite par l’ambassadeur de Russie à Rabat, Vladimir Baybakov, dans une interview accordée à l’agence de presse russe TASS. Le diplomate a salué la décision du Maroc de ne pas se joindre aux sanctions imposées par les États-Unis et l’Union européenne contre la Russie après l’invasion de l’Ukraine en février 2022. De manière plus spécifique, Rabat s’est abstenu lors des votes à l’Assemblée générale de l’ONU concernant des résolutions condamnant l’« opération spéciale » en Ukraine, ce qui a été perçu comme une position pragmatique en faveur de l’équilibre diplomatique.

En outre, le Maroc a joué un rôle important dans le contournement des sanctions économiques occidentales, en devenant une plateforme de transit pour le diesel russe, qui est exporté vers l’Europe via le Royaume. Cette aide indirecte a renforcé les liens économiques entre les deux pays, même en dépit de la pression internationale contre la Russie. Le Royaume a également autorisé les avions russes, y compris ceux transportant des responsables politiques de haut niveau comme le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, à se ravitailler dans ses aéroports avant de poursuivre leur route vers l’Amérique ou l’Afrique.

Relations stratégiques et diplomatiques renforcées
Vladimir Baybakov a rappelé que le Maroc est considéré par la Russie comme un partenaire stratégique majeur, sur la base des accords signés en 2016 entre Vladimir Poutine et Mohammed VI, qui ont solidifié leur partenariat stratégique. Selon l’ambassadeur de Russie à Rabat, ces accords ont été résilients face aux tempêtes géopolitiques récentes et aux crises économiques mondiales. Les relations entre Moscou et Rabat, souligne Baybakov, ont résisté non seulement aux défis extérieurs, mais aussi aux difficultés internes liées aux sanctions économiques occidentales, notamment dans le domaine des services bancaires.
L’ambassadeur de Russie à Rabat a insisté sur le fait que, malgré l’impact des sanctions, les deux pays ont maintenu un dialogue politique constructif. Ce dialogue a été renforcé par des rencontres régulières, comme celle qui a eu lieu en novembre 2024 lors de la conférence ministérielle du Forum de partenariat Russie-Afrique à Sochi, à laquelle a participé une délégation marocaine dirigée par Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères du Maroc. Lors de cette conférence, la Russie a ignoré les demandes d’Alger et de Pretoria d’inviter le Polisario, réaffirmant ainsi son soutien à la position marocaine sur le Sahara.

Coopération sur la question du Sahara marocain
Sur le dossier du Sahara, la Russie a également pris une position favorable à Rabat, notamment au Conseil de sécurité de l’ONU, où elle n’a pas soutenu la proposition algérienne visant à élargir le mandat de la MINURSO pour inclure la surveillance des droits humains dans la région. Ce soutien diplomatique a été confirmé lors de la réunion de septembre 2024 entre Sergueï Lavrov et Nasser Bourita, à New York, en marge de la 79ᵉ session de l’Assemblée générale de l’ONU.
Par ailleurs, le Maroc et la Russie ont renforcé leurs liens diplomatiques grâce à la participation de l’ambassadeur marocain à Moscou, Lotfi Bouchaara, qui a eu plusieurs réunions avec des responsables russes de haut niveau, dont le représentant spécial pour le Moyen-Orient et l’Afrique, Michael Bogdanov, et le vice-ministre des Affaires étrangères, Sergueï Vershinin. Ces échanges ont permis de maintenir une communication constante et de renforcer la coopération bilatérale.

Le renouvellement de l’accord de pêche et la zone de libre-échange
Un autre point important de cette coopération est le renouvellement de l’accord de pêche entre les deux pays, qui permet aux navires russes d’opérer dans les eaux marocaines, notamment dans les eaux du Sahara marocain. Ce renouvellement est crucial pour les deux pays, car il garantit un partenariat durable dans le secteur des ressources maritimes, essentiel à l’économie du Maroc.
En 2023, Vladimir Poutine a également proposé la création d’une zone de libre-échange avec plusieurs pays d’Afrique du Nord, dont le Maroc, la Tunisie, l’Égypte et l’Algérie. Cette initiative vise à stimuler le commerce intra-régional et à renforcer les liens économiques entre la Russie et ces pays, avec des échanges renforcés dans des secteurs variés tels que l’agriculture, l’énergie et l’industrie. Le Maroc, en tant que pays stratégique dans cette région, est donc un acteur clé de ce projet.

Relations commerciales : une coopération florissante
Sur le plan économique, les échanges commerciaux entre le Maroc et la Russie ont progressé de manière significative. Selon Vladimir Baybakov, l’année 2024 a été marquée par une croissance substantielle, notamment dans le secteur agricole. Le Maroc est désormais le deuxième plus grand importateur de céréales et légumineuses russes, avec un volume d’environ 766 000 tonnes, contre seulement 209 000 tonnes l’année précédente. Cette évolution est un signe clair de l’approfondissement des relations commerciales entre les deux pays.
L’ambassadeur a également mentionné que plusieurs missions commerciales russes ont été organisées au Maroc, visant à explorer des opportunités d’investissement dans des secteurs stratégiques. Ces missions ont impliqué des entreprises russes provenant de diverses régions comme Moscou, Saint-Pétersbourg, le Tatarstan, l’Altaï et la région de Sverdlovsk. Cela témoigne de l’intérêt croissant des entreprises russes pour le marché marocain, en particulier dans des domaines comme l’agriculture, l’industrie et l’énergie.

La Russie propose le Maroc pour rejoindre le groupe des BRICS+
Un autre développement majeur est la décision de la Russie de proposer le Maroc pour rejoindre le groupe des BRICS+ (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Iran, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Éthiopie). Yuri Oushakov, conseiller du président russe pour les affaires internationales, a confirmé cette initiative stratégique, soulignant l’importance du Maroc dans la coopération internationale et le renforcement des relations économiques à l’échelle mondiale. La participation du Maroc aux BRICS permettrait au Royaume de bénéficier de nouvelles opportunités économiques et diplomatiques, renforçant ainsi sa position sur la scène internationale.

En bref : un partenariat stratégique en pleine expansion
Les relations entre la Russie et le Maroc se caractérisent par une coopération diplomatique et économique dynamique, fondée sur des bases solides et renforcées par des accords stratégiques. La position du Maroc sur des sujets géopolitiques clés, comme la guerre en Ukraine et la question du Sahara, a permis de solidifier cette alliance. En parallèle, les échanges commerciaux entre les deux pays continuent de croître, notamment dans des secteurs clés comme l’agriculture, la pêche et l’énergie. Ce partenariat, de plus en plus multidimensionnel, devrait se renforcer dans les années à venir, en particulier dans le cadre de la zone de libre-échange en Afrique du Nord et du projet de l’adhésion du Maroc aux BRICS+.