samedi, janvier 4, 2025
International

L’Algérie accusée par le Mali de soutenir des terroristes

L’Algérie accusée par le Mali de soutenir des terroristes

Plus rien ne va entre l’Algérie et le Mali qui accuse le régime algérien d’ingérence inacceptable et de soutenir des terroristes

Les relations entre l’Algérie et le Mali, deux pays voisins du Sahel, sont devenues particulièrement tendues, marquées par des échanges diplomatiques acrimonieux. En ce début d’année 2025, un nouveau différend a éclaté entre les deux pays, amplifiant ainsi la fracture qui s’est creusée au cours des derniers mois. Au cœur de cette escalade, une déclaration controversée du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, le 30 décembre 2024, a provoqué la colère de Bamako.

Dans cette déclaration, Attaf a affirmé que « la solution militaire est impossible au Sahel et au Sahara, notamment au Mali, car elle a échoué à trois reprises par le passé ». Il a également pris la défense des groupes d’opposition malienne, en soulignant qu’ils ne pouvaient pas être considérés comme des « bandes terroristes », arguant qu’ils avaient signé les accords d’Alger en 2015, censés apporter une solution politique au conflit malien. Ces propos ont été interprétés par le gouvernement malien comme une remise en cause de ses efforts pour combattre le terrorisme sur son sol.

Le ministère malien des Affaires étrangères, furieux de ces remarques, a réagi avec une véhémence palpable. Dans un communiqué officiel, il a dénoncé ce qu’il considère comme une « ingérence » inacceptable de l’Algérie dans ses affaires internes. Le Mali a affirmé que « les succès indéniables des forces armées maliennes », qui ont réussi à repousser certains groupes terroristes opérant dans la région, avaient été « mal compris » par certains responsables algériens, qui, selon Bamako, restent nostalgiques d’un passé où l’Algérie jouait un rôle central dans la médiation de la crise malienne.

Le communiqué malien est allé plus loin en condamnant fermement cette déclaration d’Attaf, affirmant que « les options stratégiques pour la lutte contre les groupes armés terroristes, soutenus par des sponsors étatiques étrangers, relèvent exclusivement de la souveraineté du Mali ». Le gouvernement malien a aussi fait savoir qu’il n’avait aucune intention d’accepter des leçons de la part de l’Algérie en matière de lutte contre le terrorisme, rappelant que l’Algérie avait elle-même eu à gérer son propre conflit avec le terrorisme dans les années 1990 et que, dans ce contexte, elle avait agi de manière souveraine, sans ingérence extérieure.

Plus encore, Bamako a exhorté Alger à se concentrer sur ses propres défis internes, notamment la question kabyle, un sujet de longue date de tensions entre le gouvernement algérien et les communautés berbères, qui réclament plus de droits culturels et politiques. Le ministère malien a donc suggéré à l’Algérie de « recentrer son énergie sur la résolution de ses propres crises » et d’abandonner son rôle de médiateur dans la crise malienne, qu’il considérait comme un moyen pour l’Algérie de renforcer sa position sur la scène internationale.

Cette confrontation diplomatique s’inscrit dans un contexte plus large de tensions croissantes entre les deux pays depuis que le Mali a annoncé, le 25 janvier 2024, sa décision de se retirer des Accords d’Alger, qui avaient été signés en 2015 et qui visaient à instaurer un processus de paix pour résoudre la crise malienne. Depuis cette annonce, les échanges entre les deux pays ont été marqués par des déclarations hostiles et des accusations réciproques, contribuant à un climat de méfiance croissante.

Les tensions ont été particulièrement visibles en septembre 2024, lors de la 79e session de l’Assemblée générale de l’ONU, où le ministre d’État malien, le colonel Abdoulaye Maïga, avait accusé l’Algérie d’offrir « gîte et couvert » à des terroristes et des renégats en débandade. À cette occasion, le Maroc avait exprimé son soutien aux accusations maliennes, en solidarité avec la position du gouvernement malien sur la question de la lutte contre le terrorisme dans la région.

Ces déclarations, tant du côté malien que du côté algérien, témoignent d’une rupture de plus en plus nette entre les deux pays. Au-delà des simples divergences diplomatiques, cette situation s’inscrit également dans un contexte régional complexe, où la lutte contre le terrorisme dans le Sahel a entraîné des frictions entre plusieurs acteurs internationaux et régionaux, dont l’Algérie, le Mali, la France et d’autres puissances.

Le Sahel, région clé de cette confrontation, reste l’un des foyers les plus instables du monde, avec des groupes djihadistes très actifs et des conflits inter-ethniques exacerbés par l’implication de puissances extérieures. Dans ce contexte, le Mali, dirigé par un gouvernement de transition depuis le renversement du président Ibrahim Boubacar Keita en 2021, semble vouloir affirmer sa souveraineté et son autonomie dans la gestion de la crise sécuritaire, indépendamment des interférences étrangères, notamment algériennes.

Il est également à noter que ces tensions entre l’Algérie et le Mali interviennent dans un moment où les relations entre l’Algérie et d’autres pays du Sahel, comme le Niger et le Burkina Faso, sont également en plein changement, dans le cadre de nouvelles alliances qui cherchent à renforcer la souveraineté nationale face aux influences extérieures.

Les développements futurs entre Alger et Bamako seront cruciaux non seulement pour les relations bilatérales, mais aussi pour l’équilibre géopolitique du Sahel, un terrain de jeu complexe où les rivalités et les intérêts nationaux se croisent avec les enjeux de sécurité régionale et internationale. L’Algérie est diplomatiquement isolée, à cause de ses litiges avec le Mali, le Niger, la Libye, la Mauritanie, le Maroc, Les Émirats arabes unis, l’Espagne, la France, l’Équateur, le Panama, etc. ce qui pose beaucoup de questions sur la stratégie adoptée par le régime algérien.




Communiqué du Ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de la République du Mali dénonçant la persistance de certaines Autorités algériennes à poursuivre des actes d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali. (Bureau de l’Information et de la Presse/MAECI)