France : Emmanuel Macron salue le partenariat avec le Maroc
France : Emmanuel Macron salue le partenariat avec le Maroc et réprimande l’Algérie
Lors de sa rencontre avec les ambassadeurs français, le Président de la République française Emmanuel Macron a présenté le partenariat stratégique signé avec le roi Mohammed VI à la fin du mois d’octobre comme un modèle de ce que doit être la nouvelle politique de la France envers l’Afrique. Il a mis en avant la relation avec le Maroc comme un exemple concret de cette révision de la politique extérieure française. Ce partenariat, selon Emmanuel Macron, est non seulement un tournant pour la diplomatie française en Afrique, mais aussi un levier pour l’avenir des relations franco-africaines. En revanche, le président a vivement critiqué l’Algérie, en particulier en raison de la détention de l’écrivain Boualem Sansal, qu’il a qualifiée de « totalement arbitraire ».
Le partenariat avec le Maroc : un modèle pour la politique africaine de la France
Le 6 janvier 2024, Emmanuel Macron a invité ses ambassadeurs à adopter un « nouveau logiciel » dans leurs relations avec l’Afrique. Le Maroc, selon le président français, est au cœur de cette nouvelle approche. Lors de son discours, Macron a souligné qu’au terme de la visite d’État du roi Mohammed VI en octobre, la France et le Maroc avaient noué un partenariat stratégique de long terme qui couvre un large éventail de domaines, de l’économie à la sécurité, en passant par les échanges culturels et l’innovation. Ce partenariat, dit-il, se distingue par son ambition inédite et sa vision sur plusieurs décennies.
Emmanuel Macron a précisé que cette relation ne se limitait pas seulement aux liens bilatéraux entre les deux pays, mais qu’elle constituerait également une base pour les projets franco-marocains sur le continent africain. Selon lui, ce partenariat avec le Maroc devait devenir un modèle pour réinventer l’approche de la France envers l’Afrique. « Ce partenariat doit être l’un de nos relais dans notre politique africaine réinventée. Ce n’est pas seulement une relation bilatérale, c’est aussi une façon de réorienter nos projets en Afrique », a-t-il expliqué. Il a insisté sur le fait que ce modèle permettrait de mieux répondre aux défis contemporains et de renforcer l’influence française sur le continent, tout en répondant aux aspirations des peuples africains.
Cette approche s’inscrit dans une volonté plus large de renouveau dans les relations de la France avec le continent africain. Lors de son discours prononcé le 29 octobre 2023 devant le Parlement marocain, le Président de la République française avait reconnu que les « lunettes d’hier » pour regarder l’Afrique étaient désormais obsolètes. Il avait évoqué la nécessité de repenser la coopération avec les pays africains, en insistant sur la priorité donnée à une approche plus respectueuse et plus équitable. Le Maroc, avec ses avancées politiques et économiques, et son rôle clé dans des régions stratégiques comme le Sahara et le Sahel, est donc perçu comme un modèle pour cette nouvelle page dans les relations franco-africaines.
Le cas de l’Algérie : tensions et critiques
Cependant, si le partenariat avec le Maroc a été largement salué, Emmanuel Macron a également profité de cette allocution pour critiquer l’Algérie, notamment à la suite de la détention de l’écrivain Boualem Sansal. En effet, l’écrivain algérien, connu pour ses prises de position critiques à l’égard du régime d’Alger, a été arrêté et emprisonné par les autorités algériennes. Macron a qualifié cette détention d’« totalement arbitraire », soulignant que la France continuerait de se battre aux côtés des « combattants de la liberté » partout dans le monde, y compris ceux emprisonnés pour leurs idées. Il a ajouté que la France n’hésiterait pas à défendre la liberté d’expression, même lorsque cela va à l’encontre des intérêts d’un régime particulier.
En disant cela, j’ai une pensée singulière pour un combattant de la liberté, l’écrivain franco-algérien, Boualem Sansal. Il est détenu de manière totalement arbitraire par les responsables algériens. L’Algérie, que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires, entre dans une histoire qui la déshonore à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’elle est. Et nous qui aimons le peuple algérien et son histoire, je demande instamment à son gouvernement de libérer Boualem Sansal. Emmanuel Macron
L’Algérie a été placée par le Président de la République française sur la même liste que des régimes comme le Venezuela et la Géorgie, des pays souvent critiqués par la communauté internationale pour leurs violations des droits de l’homme, en particulier de la liberté d’expression. Cette décision d’Emmanuel Macron s’inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre les deux pays, exacerbées par des questions liées à la liberté d’expression et à l’indépendance de la presse en Algérie.
Une relation bilatérale (très) compliquée
La France et l’Algérie sont liées par une relation complexe, marquée par l’héritage de la colonisation et des divergences sur plusieurs questions régionales, notamment la situation en Libye, en Syrie, et dans le Sahel. Ces dernières années, les relations entre les deux pays se sont tendues, notamment en raison des désaccords sur la politique étrangère et des accusations réciproques d’ingérence. Le retrait de l’ambassadeur algérien de Paris en réponse à la reconnaissance par Emmanuel Macron de la marocanité du Sahara occidental, en juillet 2024, a été un nouvel épisode de cette détérioration des relations diplomatiques.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a également exprimé des « doutes » sur la volonté de l’Algérie de respecter les engagements pris dans le cadre de la feuille de route bilatérale adoptée en août 2022. Barrot a déploré que l’Algérie prenne des décisions qui vont à l’encontre de la coopération prévue par cette feuille de route. « Pour que la feuille de route fonctionne, il faut être deux », a-t-il indiqué, faisant référence aux multiples obstacles rencontrés par la France dans ses tentatives de stabiliser la relation avec son partenaire maghrébin.
Les perspectives pour l’avenir
Dans ce contexte tendu, la position de la France est claire : elle cherche à renforcer ses liens avec le Maroc. Emmanuel Macron a d’ailleurs souligné qu’il était prêt à s’inspirer des actions du Maroc au Sahara et dans la région du Sahel pour redéfinir la coopération franco-africaine. Cette position pourrait représenter un tournant majeur dans la politique étrangère de la France, qui souhaite désormais faire du Maroc un acteur clé de sa stratégie en Afrique.
Néanmoins, les tensions avec l’Algérie demeurent un défi de taille. Les divergences sur la question du Sahara occidental et les accusations mutuelles d’ingérence rendent difficile la normalisation des relations entre Paris et Alger. Les récents développements, notamment le retrait de l’ambassadeur algérien, montrent que la situation reste fragile, et qu’un compromis entre les deux pays semble encore loin.
Ainsi, tandis que la France met en avant un partenariat renforcé avec le Maroc, l’Algérie reste une épine dans le pied de la diplomatie française, et la résolution des tensions pourrait prendre plusieurs années.