jeudi, janvier 9, 2025
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Découverte au Maroc d’un ancien reptile marin unique

Découverte au Maroc d’un ancien reptile marin unique 

Une équipe de chercheurs a récemment réalisé une découverte importante au Maroc en mettant au jour une espèce ancienne de mosasaure. Cette espèce, Carinodens, se distingue par des dents particulières, spécialement adaptées pour broyer des proies à carapace dure. Cette trouvaille met en lumière la riche diversité des mosasaures dans la région à la fin du Crétacé, juste avant leur extinction.

Le Carinodens fait partie d’un genre ancien de mosasaures, ces grands reptiles marins qui ont vécu au Crétacé. Mesurant entre 2 et 3 mètres de long, ce lézard marin est caractérisé par des dents uniques : basses, rectangulaires et comprimées, bien différentes des dents typiques des autres espèces de mosasaures. Selon une étude scientifique récente, cette créature aurait évolué dans la région du Maroc à la fin du Maastrichtien, il y a environ 67 millions d’années. Les fossiles ont été retrouvés dans la mine de phosphate de Sidi Chennane, située dans la province de Khouribga, au cœur de la région de Béni Mellal-Khénifra.

Le Carinodens appartient à un groupe de mosasauridés primitifs, dits basaux, qui possédaient « de petites dents coniques et recourbées », une caractéristique qui leur permettait de chasser des proies relativement petites telles que des poissons et des céphalopodes à corps mou. Toutefois, cette nouvelle espèce présente des dents à couronnes hautes, des apex triangulaires et des bases larges, des caractéristiques qui la distinguent des premiers mosasauridés basaux. Cette particularité suggère une évolution marquée et un modèle d’hyperdiversité des mosasauridés vers la fin du Maastrichtien au Maroc, comme l’indiquent les chercheurs, dont le paléontologue Nicholas Longrich de l’Université de Bath.

Dans leur article publié dans la revue Diversity, les chercheurs notent qu’une analyse révisée de la faune marocaine du Crétacé, qui inclut des extensions des gisements de Khinjaria et Stelladens, montre qu’au moins 16 espèces de mosasauroïdes ont coexisté dans cette région durant le Maastrichtien supérieur. Cette diversité est particulièrement notable dans les formes dentaires des mosasaures, qui étaient adaptées à divers modes de prédation.

À la fin du Crétacé, les mosasaures ont développé une grande variété de morphologies dentaires. Les formes observées incluent des dents massives et coniques pour saisir et déchirer des proies, des dents émoussées pour broyer les os, des dents en forme de couteau ou de lame pour couper de grosses proies, des dents en forme de scie pour trancher, et des dents basses et bulbeuses pour écraser des invertébrés à carapace dure. L’une des formes les plus inhabituelles se retrouve dans les fossiles du Carinodens, qui présente une dentition unique, adaptée à un régime alimentaire particulier.

Le Carinodens se distingue par sa taille relativement petite, ses mâchoires longues et fines, et sa morphologie dentaire spécifique, qui le rend exceptionnel parmi les mosasauridés et autres vertébrés marins. Cette découverte souligne la diversité extraordinaire des mosasaures au Maroc, suggérant qu’ils étaient particulièrement spécialisés et diversifiés juste avant leur extinction massive à la fin du Crétacé.

Les recherches menées par Longrich et ses collaborateurs ne s’arrêtent pas là. En 2021, la même équipe a découvert une autre espèce de mosasaure, le Xenodens calminechari, fossilisée dans les mêmes gisements de phosphate. Comme le Carinodens, cette espèce possède une dentition unique : des dents courtes, comprimées latéralement et crochues, formant une lame en forme de scie, qui témoignent de l’éventail diversifié des adaptations alimentaires chez ces reptiles marins.

Ces découvertes révèlent que les mosasaures, notamment ceux du Maroc, étaient non seulement très diversifiés, mais aussi particulièrement spécialisés dans leurs modes de vie, ce qui en fait un groupe fascinant de reptiles marins à la fin du Crétacé.