Maroc-Espagne : hausse des échanges commerciaux en 2024

Les échanges commerciaux entre le Maroc et l’Espagne ont atteint un niveau record en 2024, affichant une hausse notable malgré l’absence persistante de douanes opérationnelles à Ceuta et Melilla, ce qui illustre le renforcement continu des relations économiques entre les deux pays. Cette intensification des échanges se déroule dans un contexte diplomatique marqué par des ajustements stratégiques, notamment le soutien espagnol au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, qui a ouvert la voie à une coopération bilatérale renforcée.

D’après les données publiées par le Secrétariat d’État au commerce espagnol, relayées par The Objective, les exportations espagnoles vers le Maroc ont atteint 10,843 milliards d’euros entre janvier et octobre 2024, marquant une hausse de 6,8 % par rapport à la même période en 2023. De leur côté, les importations espagnoles depuis le Maroc ont progressé de 9,1 %, totalisant 8,220 milliards d’euros sur la même période. Cette croissance s’inscrit dans un contexte où les douanes commerciales de Melilla, fermées par le Maroc depuis août 2018, n’ont toujours pas rouvert, tandis que l’annonce faite par Rabat en 2022 de l’ouverture d’une nouvelle douane à Ceuta reste inachevée. Le Maroc a invoqué des difficultés techniques pour justifier ces retards, sans préciser de calendrier pour leur résolution.

Malgré ces obstacles logistiques, la dynamique des échanges bilatéraux reste particulièrement forte, illustrant la solidité des liens économiques entre les deux pays. La part des exportations espagnoles à destination du Maroc a connu une progression continue, passant de 3 % du total des exportations espagnoles en 2022 à 3,2 % en 2023, puis à 3,4 % en 2024. De même, la part des importations espagnoles en provenance du Maroc a suivi une évolution similaire, passant de 1,9 % en 2022 à 2,1 % en 2023, atteignant 2,3 % au cours des dix premiers mois de 2024. Ces chiffres confirment la place stratégique du Maroc dans le commerce extérieur espagnol, le royaume se positionnant comme la deuxième destination des exportations espagnoles hors Union européenne, derrière les États-Unis, et le troisième fournisseur hors UE, après les États-Unis et la Chine.

La composition des échanges commerciaux entre les deux pays met en lumière une diversification croissante des secteurs d’importation et d’exportation. Entre 2023 et octobre 2024, les principales importations espagnoles depuis le Maroc concernaient essentiellement les fruits et légumes, confirmant le rôle clé du secteur agricole marocain dans les échanges. Toutefois, au cours du mois d’octobre 2024, la structure des importations s’est élargie à des catégories de produits industriels et manufacturés. L’Espagne a ainsi importé des câbles isolés, des mollusques, des véhicules, des pièces et accessoires automobiles, des vêtements féminins non tissés ainsi qu’une variété de fruits.

Parallèlement, les exportations espagnoles vers le Maroc témoignent également d’une diversification sectorielle. En octobre 2024, les principales marchandises exportées vers le marché marocain comprenaient le pétrole raffiné, les moteurs, les véhicules et leurs composants, l’huile de soja et des couvercles en plastique. Cette diversification illustre l’élargissement progressif des échanges au-delà des secteurs traditionnels, marquant une évolution vers un partenariat commercial plus équilibré.

Cette dynamique commerciale croissante reflète non seulement l’approfondissement des liens économiques entre Rabat et Madrid, mais également la capacité des deux pays à maintenir des échanges intenses malgré des différends logistiques et des retards dans la mise en œuvre des engagements douaniers. Le volume soutenu des échanges, combiné à la progression de la part du Maroc dans les flux commerciaux espagnols, témoigne d’une coopération économique de plus en plus intégrée, favorisée par des intérêts économiques mutuels et des efforts de rapprochement diplomatique.

Toutefois, la question des douanes à Ceuta et Melilla reste un point de tension non négligeable. La non-réouverture des douanes commerciales de Melilla et l’absence de mise en place d’une nouvelle douane à Ceuta, malgré les promesses formulées dans le cadre du rapprochement diplomatique de 2022, suscitent des interrogations sur la pleine mise en œuvre des accords bilatéraux. Ces entraves logistiques pourraient, à terme, freiner l’élan commercial observé, bien que les résultats actuels démontrent la capacité des acteurs économiques à s’adapter à ces contraintes.

En somme, les échanges maroco-espagnols ont connu en 2024 une expansion significative, marquée par des volumes croissants d’importations et d’exportations et une diversification des produits échangés. Cette évolution, malgré les défis douaniers, confirme la solidité du partenariat économique entre les deux pays et la volonté partagée de renforcer leur coopération dans un cadre diplomatique apaisé et mutuellement bénéfique.